Déconfinement : le gouvernement cherche le discours de sa méthode

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Par Paul AUBRIAT - Paris (AFP)
Publié le 17 avril 2020 - 20:22
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Le président Emmanuel Macron tient une réunion à l'Elysée le 16 avril 2020, en video conférence avec le comité Care réunissant médecins et chercheurs dans la lutte contre le coronavirus
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© Yoan VALAT / POOL/AFP
Le président Emmanuel Macron tient une réunion à l'Elysée le 16 avril 2020, en video conférence avec le comité Care réunissant médecins et chercheurs dans la lutte contre le corona
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Pressé par Emmanuel Macron d'établir un "plan de déconfinement" d'ici une dizaine de jours, le gouvernement doit faire face à une multitude de questions et joue sa partie la plus serrée depuis le début du quinquennat.

En annonçant l'entame du déconfinement à partir du 11 mai, notamment avec une réouverture "progressive" des établissements scolaires, le chef de l'État a renvoyé l'ensemble des modalités d'exécution au gouvernement.

Quitte à donner l'impression que celui-ci a été pris de court: mardi, au lendemain de l'allocution présidentielle, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, s'est empressé d'expliquer que la date du 11 mai était "un objectif" et non "une certitude", quand le Premier ministre, Édouard Philippe, a prudemment évoqué "peut-être une forme adaptée de réouverture des écoles".

Le patron de La République en marche, Stanislas Guerini, résume: "Maintenant, les difficultés politiques commencent, avec tous les chausse-trappe qui vont avec".

Depuis, tous les ministres ont été priés d'établir "la liste des questions qui doivent être tranchées pour réussir le déconfinement", chacun dans leur domaine, explique un proche du Premier ministre.

Mais chaque interrogation en entraîne une autre, dans un jeu de poupées russes: "Aborder la question du travail, c'est aborder celle des conditions de transports publics, donc la question sanitaire, et cætera", résume le même.

Le "Monsieur déconfinement" du gouvernement, le haut-fonctionnaire Jean Castex - avec qui le Premier ministre, qui l'a nommé, est en lien quotidien - doit synthétiser les contributions, avant un dévoilement du plan prévu fin avril, en tout cas "largement avant le 11 mai", a promis Edouard Philippe.

D'ici là, le chef du gouvernement poursuit l'élaboration de sa méthode, d'abord en consultant: jeudi, il a réuni les associations représentant les communes et les intercommunalités et, lundi, il doit à nouveau tenir une visioconférence avec l'ensemble des patrons de partis.

Car, outre les ténors de l'opposition, plusieurs maires ont vertement reproché à l'exécutif ce qu'ils considèrent être de "la confusion" (Éric Piolle, EELV, Grenoble), voire "le bordel général" (Gaël Perdriau, LR, Saint-Étienne), quand le premier adjoint PS de Paris, Emmanuel Grégoire, réclame "des consignes urgentissimes" à propos de la réouverture des écoles.

- Défi critique -

Dimanche, le Premier ministre renouvellera l'exercice de l'exposé pédagogique suivi d'une conférence de presse, avec Olivier Véran "ainsi que des scientifiques qui donneront des faits et des chiffres", selon Matignon.

La formule, testée il y a trois semaines, avait été jugée convaincante, notamment en ce qu'elle permettait de prendre le temps de l'explication - l'exercice avait duré près une heure trois quarts, questions-réponses comprises.

"Ce sera une conférence sur ce que l'on sait à la date de dimanche, pas sur le plan de déconfinement en tant que tel: on sera davantage dans la méthode", prévient l'entourage du Premier ministre, qui récuse tout flottement après les annonces présidentielles.

"Le plan de déconfinement n'est pas encore fait, ça n'est pas pour autant que c'est flou", poursuit un proche, selon qui "il faut accepter dans cette crise d'avoir un gouvernement qui dise +Pour l'instant, je ne sais pas+".

Reste que, un mois après le début du confinement, la gouvernement est "plus que jamais sous pression", note un habitué de l'Élysée.

Outre le plan en lui-même, il s'agira aussi de l'expliquer pendant les deux semaines qui précèderont le 11 mai. "Cela nécessite une pédagogie de l'action", exhorte un ponte de la majorité, qui espère "une allocution forte du Premier ministre, des clips télévisés..." pour présenter le plan.

Le défi - "qui génère énormément d'attention, pour ne pas dire de tensions", selon le même - est d'ailleurs perçu comme le plus important et le plus critique depuis le début du quinquennat pour l'ensemble de l'équipe gouvernementale, à commencer par Edouard Philippe.

"Le gouvernement sera jugé sur l'exécution du déconfinement et sa capacité à limiter toutes les polémiques, il joue sa crédibilité", commente un proche du chef de l'État, qui n'exclut pas que le Premier ministre joue son avenir sur l'exercice.

Car en ligne de mire, chacun redoute le scénario du pire: "Il ne faudrait pas que, dans les semaines qui suivent le déconfinement, on nous oblige à nous confiner à nouveau".

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