Déconfinement : l'exécutif en quête d'unité, les oppositions s'insurgent contre la méthode

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Par Jérémy MAROT - Paris (AFP)
Publié le 26 avril 2020 - 18:33
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Le Premier ministre Edouard Philippe (G) quitte le CHU de Strasbourg après une visite, le 23 avril 2020
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© PATRICK HERTZOG / AFP
Le Premier ministre Edouard Philippe (G) quitte le CHU de Strasbourg après une visite, le 23 avril 2020
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Emmanuel Macron espère en faire "le plan de toute la Nation" mais le chef de l'Etat affronte déjà une levée de boucliers avant la présentation mardi de la stratégie de déconfinement, les oppositions réclamant davantage de temps pour la juger.

Depuis plusieurs jours et jusqu'au dévoilement de sa stratégie mardi à 15H00 à l'Assemblée, l'exécutif consulte largement, espérant susciter l'adhésion à son plan pour l'après 11 mai.

Les maires ont ainsi été reçus par Emmanuel Macron jeudi, les régions et départements par Edouard Philippe jeudi et vendredi, avant un nouveau rendez-vous de toutes ces strates d'élus lundi autour de la ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault et d'une dizaine de membres du gouvernement. Et ce sont les députés qui auront mardi la primeur du plan global.

"Le président de la République veut que le plan de déconfinement soit le plan de toute la Nation", afin d'"embarquer" tout le monde, élus locaux et acteurs de terrain, explique son entourage.

Attendu sur six thèmes prioritaires, "la santé (masques, tests, isolement...), l'école, le travail, les commerces, les transports et les rassemblements", Edouard Philippe a promis dimanche d'engager ensuite "une période de co-construction du plan national et de ses déclinaisons territoriales".

Car l'exécutif l'assure : le couple "maire-préfet" sera à la manoeuvre du déploiement sur le terrain. Les préfets se feront d'ailleurs détailler les mesures dès mercredi matin, tout comme les associations d'élus, réunies en visio-conférence par Edouard Philippe.

Une manière aussi de rappeler qu'après la présentation mardi de "l'architecture générale", dixit l'Elysée, il restera une marge de manoeuvre pour l'adapter.

"Le sujet reviendra devant le Parlement à l'occasion d'un projet de loi, présenté dans un très proche avenir, autorisant la prolongation de l'état d'urgence sanitaire, qui contiendra aussi les dispositions d'ordre législatif indispensables à la mise en oeuvre du Plan de déconfinement", a ainsi précisé à ses troupes le patron des députés LREM Gilles Le Gendre.

Dans une autre missive adressée à tous les députés, le président de l'Assemblée Richard Ferrand s'est en effet étonné "d'un certain nombre d'inquiétudes" jusque dans les rangs de la majorité, après l'annonce samedi soir d'une présentation du plan seulement trois jours après.

Un euphémisme au regard des réactions des oppositions, qui ont deux principaux griefs.

Le premier est l'enchaînement dans une même séquence mardi après-midi de l'exposé du plan, du débat et du vote qui, même s'il n'engage pas la responsabilité du gouvernement, aura une forte portée symbolique.

"Ça a l'air d'être de la démocratie, c'est seulement de la brutalité", s'est ainsi insurgé l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, annonçant son intention de voter contre.

Les Républicains déplorent l'impossibilité d'avoir un "temps de réflexion" et appellent à un report du vote à mercredi ou jeudi.

"Les conditions du vote de mardi, à la suite immédiate d’un discours dont on ne sait rien, sans une loi nous permettant d’amender, sont un artifice du gouvernement pour tenter de nous faire partager sa responsabilité dans le fiasco de la gestion de cette crise sanitaire", a asséné pour sa part Marine Le Pen.

La contestation gagne même La République en marche. "Comment le législateur peut-il se prononcer en sérénité sur un +plan de déconfinement+ alors qu’il ne le découvrira que quelques minutes avant le vote?", interroge ainsi la députée Martine Wonner dans une lettre à M. Ferrand, en réclamant également que le scrutin soit repoussé.

Le deuxième point de tension est l'avancement de ce débat, qui devait avoir lieu initialement le 5 mai, alors qu'était programmé à la place un vote sur l'application de traçage "Stop Covid" qui doit permettre de retrouver les contacts des porteurs du coronavirus. Le sujet avait provoqué des remous au sein même de la majorité et sa dilution dans la question du déconfinement est perçue comme une manoeuvre politique.

"Un vote unique sur le plan déconfinement (et donc sans possibilité de se prononcer sur le traçage numérique en tant que tel) et avec un nombre aussi réduit de députés, ne correspond pas, au regard des enjeux, à un niveau de démocratie parlementaire suffisant", a ainsi estimé dans un tweet le député LREM Aurélien Taché.

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