Depuis le 18e siècle, Plougastel-Daoulas a destin lié avec la fraise

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Par Sandra FERRER - Plougastel-Daoulas (France) (AFP)
Publié le 14 juillet 2019 - 09:32
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Fraise de Plougastel-Daoulas, photo du 5 juillet 2019.
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© Fred TANNEAU / AFP
Fraise de Plougastel-Daoulas, photo du 5 juillet 2019.
© Fred TANNEAU / AFP

Aux portes de Brest, Plougastel-Daoulas a lié son destin à la fraise depuis le 18e siècle et le retour du Chili de l'officier Amédée-François Frézier. Ses plants firent la richesse de la commune, aujourd'hui en quête d'une meilleure reconnaissance.

"La fraise a fait la richesse et la notoriété de Plougastel puisque à la grande époque on produisait ici 25% des fraises consommées en France", explique à l'AFP Dominique Cap, maire de la commune située sur la presqu'île du même nom au coeur de la rade de Brest.

"A la belle époque, les gens payaient leur maison avec une saison de fraises", assure Jean-Jacques André, l'un des adjoints de l'édile et ancien producteur de fraises de la commune aux 37 km de littoral.

La fraise des bois est connue depuis l'Antiquité, mais elle est petite et très fragile. Au 16e siècle, l'explorateur Jacques Cartier rapporte les premiers fraisiers de ses voyages aux Amériques. C'est cependant à l'officier de Marine Amédée-François Frézier que l'on doit les variétés que l'on connait aujourd'hui.

Parti en 1712 de Saint Malo, cet officier piqué de botanique, ramènera à Brest, où il sera nommé quelques années plus tard, les plants d'un fruit bien plus gros que la fraise des bois, appelé "Blanche du Chili". Prélevés dans la baie de Conception, ils s'acclimateront parfaitement au climat de Plougastel, dont les similarités avec la ville chilienne seraient nombreuses: situation identique en fond de rade avec une terre et un climat maritime similaires.

"Ce qui a fait la force de la fraise de Plougastel, c'est son terroir, on n'a pas de grands froids ici, le climat est très doux", soutien Dominique Cap, évoquant également une terre de schiste propice à cette culture.

Les plants issus de cette fraise blanche, pollinisée par un fraisier sauvage local, vont progressivement remplacer sur la presqu'île, aux nombreuses chapelles et calvaires, les champs de lin.

Dans les années 1930, 1.000 hectares sont consacrés à la fraise, contre 50 en 1875, selon le Musée de la fraise et du patrimoine de Plougastel-Daoulas, qui devient alors la capitale du fruit en France avec 5.000 à 6.000 tonnes récoltées chaque année, soit un quart de la production française.

Mais à partir des années 1970 la production chute à moins de 500 tonnes. "C'était trop dur comme travail, on disait aux enfants de faire autre chose", raconte Dominique Cap.

- "Une belle reconnaissance" -

Les agriculteurs s'organisent alors et investissent dans des moyens de production plus modernes. "Savéol a permis à la fraise de se développer à nouveau", estime Louis Le Bot, producteur indépendant, à propos de la coopérative à l'origine désormais de plus de la moitié des récoltes de fraises sur la commune.

Et puis, l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) crée en 1976 la gariguette, fraise la plus vendue aujourd'hui en France, pour répondre notamment à la concurrence espagnole.

Aujourd'hui la production de l'Espagne dépasse les 350.000 tonnes par an, contre 50.000 tonnes pour la France, dont 2.000 viennent de Plougastel et ses environs.

"On ne fait plus de variétés historiques, c'est dépassé", souligne Jean-Jacques Le Gall, administrateur de la coopérative.

"La gariguette c'est le fleuron de la commune aujourd'hui", précise Louis Le Bot, en regrettant cependant la "concurrence étrangère". "La fraise de Plougastel est aujourd'hui un peu dans la tourmente", estime ce passionné, fils et petit-fils de producteurs, qui récolte une quarantaine de tonnes par an.

Pour conforter la production, une demande d'IGP (Indication géographique protégée) auprès de l'Institut national des appellations d'origine (Inao) va être déposée par la commune. "C'est important de faire savoir que les fraises de Plougastel viennent d'un terroir bien identifié", juge Dominique Cap, regrettant des cas d'usurpation de nom.

"Ce serait une belle reconnaissance !" fait valoir Jean-Jacques André. A voir cependant, car l'Inao n'a encore jamais accordé d'IGP pour des cultures hors sol, le cas de plus de 95% de celles dédiées aux fraises à Plougastel-Daoulas.

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