Derrière le Tour cycliste féminin de l'Ardèche, une bande de retraités inépuisables

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Par Sandra LAFFONT - Saint-Alban-Auriolles (France) (AFP)
Publié le 13 septembre 2019 - 14:43
Mis à jour le 15 septembre 2019 - 11:56
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Un volontaire des organisateurs du Tour cycliste féminin international de l'Ardèche, le 13 septembre 2019 près de Saint-Paul-le-Jeune
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© PHILIPPE DESMAZES / AFP
Un volontaire des organisateurs du Tour cycliste féminin international de l'Ardèche, le 13 septembre 2019 près de Saint-Paul-le-Jeune
© PHILIPPE DESMAZES / AFP

Une bande de retraités inépuisables porte à bout de bras la plus réputée des courses françaises de cyclisme féminin. Après l'engouement pour le Mondial de foot féminin, ils espèrent bien qu'on s’intéressera enfin à leur Tour et à leur sport.

Le Tour cycliste féminin international de l'Ardèche (TCFIA) repart vendredi après-midi jusqu'au 19 septembre pour sa 17e édition. Une course difficile, rustique avec sept étapes, 15.000 m de dénivelé et un détour par le Mont Lozère qui s'annonce ardu.

"Pour le cyclisme, c’est le mois du championnat du monde (dans 10 jours dans le Yorkshire) donc c’est chouette d’avoir une grande course, pas seulement pour se préparer mais pour la course elle-même parce que ça va être dur", lance à l'AFP la Néerlandaise Marianne Vos, championne la plus titrée de la discipline.

"Plus dur qu'ici, il n'y a pas, à part peut-être le Tour d'Italie", embrayent à côté les coureuses de l'équipe Crédit Mutuel.

A l'origine de ce tracé impitoyable, il y a Michel Valot 71 ans, un retraité d'EDF. "Les tracés, c'est un ensemble de compromis : sportif, sécuritaire, pratique et politique. A partir de ça, je gratte les cartes et j'écume les routes : 6.500 km depuis janvier !", sourit-il.

Derrière cette course, pas de grosse machine mais des centaines de bénévoles : 110 toute l'année et 650 sur le Tour, tous licenciés du Vélo Club Vallée du Rhône Ardéchoise. La plupart sont retraités, d'anciens cyclistes comme le fondateur Alain Couréon, ex-chefs d'entreprise ou ex-cadres de l'énergie nucléaire des centrales de Cruas ou du Tricastin.

Il y a Dominique au fléchage. Lever 6H00 pour poser les panneaux à tous les carrefours. Il n'a clairement pas le droit à l'erreur. Il y a l'équipe du protocole, le responsable des véhicules, des motos, le caméraman, le photographe ou encore Jean-Pierre et Marie-Elise qui font les "petits travaux qui n'intéressent pas grand monde" comme les demandes de subvention ou l'impression de milliers de badges.

Chacun sa tâche, son caractère, son implication. "Il y a une ambiance qu'on ne retrouve nulle part. Ici tout le monde est sur un pied d’égalité, du bénévole sur le rond-point au directeur sportif", estime Ludo Alliger, cameraman-présentateur et conducteur de train à la ville.

Beaucoup y consacrent plusieurs heures par jour toute l'année, un don difficilement quantifiable et qui ferait à coup sûr exploser le budget de 400.000 euros de la course. "C'est l'amour du sport qui nous motive parce que le sport, c'est l'école de la vie", explique Louis-Jeannin, directeur-adjoint.

- Le QG au camping -

Avec les participantes, ils sont aux petits oignons. Jeudi, ils les attendaient au camping du Ranc Davaine, leur QG. Là où les quelque 150 coureuses et tous les bénévoles reviennent dormir chaque soir, rincés par les étapes.

Distribution de paniers petit-déjeuner, de produits de beauté bio Melvita -- un des principaux sponsors -- ils chouchoutent leurs athlètes. Certes elles vont moins vite que les hommes mais ils admirent leur pugnacité.

"Notre grand bonheur, c'est quand on voit des gens sur les routes pour défendre les filles", glisse Gilbert Buisson. Mais l'intérêt du public ou des médias reste timide pour l'instant.

Ils sentent bien un petit engouement pour le sport féminin depuis le Mondial de foot en France cette année ou grâce aux performances de l'équipe de France féminine de rugby.

"Mais ce qui me peine, c'est le peu d'intérêt que certaines organisations portent dès lors qu'il s'agit du sport féminin et nous, les bénévoles, on peut pas faire plus, il faut le soutien des institutions", insiste Dany Spiers, directeur technique de l'épreuve, 72 ans.

La Fédération française de cyclisme a lancé en 2017 un plan de féminisation alors qu'elle ne compte que 10% de femmes parmi ses licenciés (12.000). Et cet été ASO, organisateur du Tour de France, s'est dit en pleine réflexion sur le développement du cyclisme féminin.

Mais ASO a exclu une course parallèle au Tour, quelques heures avant et sur les mêmes routes, comme cela avait été brièvement le cas du Tour féminin dans les années 1980.

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