Des enfants migrants "livrés à leur sort" à Paris, dénonce Human Rights Watch

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Par AFP - Paris
Publié le 04 juillet 2018 - 11:30
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Camp de migrants installé le long du canal Saint-Martin à Paris, le 4 juin 2018
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© LUCAS BARIOULET / AFP/Archives
Camp de migrants installé le long du canal Saint-Martin à Paris, le 4 juin 2018
© LUCAS BARIOULET / AFP/Archives

"Des centaines de jeunes migrants", arrivés sans famille en France, se retrouvent "livrés à leur sort à Paris" en raison d'évaluations "défectueuses" de leur âge, a assuré mercredi Human Rights Watch (HRW), dans un rapport vigoureusement contesté par la Ville et la Croix-Rouge.

"A Paris, les autorités de la protection de l'enfance recourent à des procédures défaillantes d'évaluation de l'âge des enfants migrants non accompagnés, excluant un grand nombre d'entre eux de la prise en charge" à laquelle ils ont droit, affirme l'ONG dans un rapport de 82 pages intitulé "C'est la loterie".

Pour être pris en charge, les mineurs qui arrivent à Paris doivent passer par un dispositif géré par la Croix-Rouge, qui déterminera leur âge. S'ils contestent la décision, ils peuvent saisir le juge.

Or en raison de "pratiques arbitraires", certains peuvent être "à tort considérés comme des adultes" à leur arrivée, affirme l'ONG, en assurant que "de nombreux jeunes" sont "refusés de façon sommaire et erronée, sur le seul critère de leur apparence physique". Le rapport s'inquiète aussi d'entretiens "flash" et "mal menés".

En février 2018, "environ 400 enfants non accompagnés dormaient dehors à Paris, selon les estimations d'avocats et d'ONG" citées dans cette enquête qui n'a "pas de valeur statistique", a précisé la directrice France de HRW, Bénédicte Jeannerod, lors d'une conférence de presse. L'ONG a interrogé 49 enfants non accompagnés et examiné 35 autres évaluations.

Pour certains mineurs, ce sont les papiers qui posent problème, soit parce que les jeunes "ne peuvent présenter leurs documents d'identité", soit parce que les autorités en "contestent l'authenticité".

"Le fait d'avoir travaillé" est "un motif de refus fréquemment utilisé", et les autorités "invoquent aussi souvent la décision des jeunes de voyager sans leurs parents", ajoute l'ONG, selon qui certains ressortissants de pays francophones se sont vu opposer "qu'ils maîtrisaient trop bien le français".

Face à cette situation, des citoyens "ont décidé d'agir pour répondre à certains des besoins", mais ces efforts "ne peuvent répondre à tous", ajoute l'ONG, qui appelle l'Etat à "allouer des ressources suffisantes" pour prendre en charge des mineurs.

La Croix-Rouge a vigoureusement démenti ces accusations en assurant n'avoir "jamais refusé l'entrée à un jeune" et utiliser un référentiel pour son évaluation. "Nous ne parlons jamais d'entretiens flash", ajoute-t-elle dans une lettre jointe en annexe au rapport, en s'interrogeant sur la "démarche scientifique" de HRW et en rappelant que "plus de 6.600 personnes ont été accueillies" par son dispositif l'an dernier.

Près de 15.000 "mineurs non accompagnés" ont été confiés à l'aide sociale à l'enfance (dépendante des départements) en 2017, soit une augmentation de 85% en un an. Faire reconnaître qu'ils sont mineurs est crucial car cela détermine l'accès à l'éducation, l'hébergement... outre qu'ils ne seront pas expulsés. La moitié environ des mineurs font leur demande à Paris.

Mise en cause en tant que département, la Ville de Paris a regretté la méthode déclarative de l'enquête et la faible taille de l'échantillon, en s'agaçant qu'"aucun autre exemple que le cas parisien" n'ait été retenu.

Soulignant qu'une notification systématique des décisions a été instaurée en mai dernier, la Ville rappelle avoir lancé un "plan d'actions" en 2015 avec doublement des équipes d'évaluation et un quadruplement du dispositif de mise à l'abri des jeunes en attente d'évaluation, et qu'elle travaille à un "lieu d'accueil de jour dédié aux jeunes évalués majeurs", en dépassement de ses compétences.

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