Deux ex-agents secrets français soupçonnés de trahison au profit de la Chine

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Par Valérie LEROUX et Mehdi CHERIFIA - Paris (AFP)
Publié le 25 mai 2018 - 02:43
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Deux ex-agents des services secrets français ont été mis en examen pour intelligence avec une puissance étrangère
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© MARTIN BUREAU / AFP/Archives
Deux ex-agents des services secrets français ont été mis en examen pour intelligence avec une puissance étrangère
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Deux ex-agents secrets français soupçonnés d'avoir été retournés par les services secrets chinois ont été arrêtés et placés en détention, une affaire d'une "extrême gravité" pour les autorités françaises qui restent évasives sur l'ampleur et la nature de leur éventuelle trahison.

Depuis Saint-Pétersbourg en Russie, où il était en visite officielle, le président français Emmanuel Macron a réagi en notant que ces faits n'étaient "pas récents" et que c'était "à la justice de se prononcer".

Révélée par des informations de presse jeudi soir, l'information a été confirmée partiellement par le ministère des Armées et des sources judiciaires françaises.

Les deux ex-agents sont "soupçonnés d'avoir commis des actes susceptibles d'être qualifiés d'actes de trahison par divulgation d'informations à une puissance étrangère et susceptibles de mettre en cause les secrets de la défense nationale", a déclaré la ministre des Armées Florence Parly lors d'un déplacement au 12ème régiment de Cuirassiers à Olivet (centre).

La ministre n'a pas précisé quel pays était concerné, mais une source proche du dossier a confirmé à l'AFP qu'il s'agissait bien de la Chine.

Ces deux agents, aujourd'hui à la retraite, ont travaillé pour la Direction générale de la sécurité extérieure, la DGSE, le service d'espionnage français, qui dépend du ministère des Armées. Ils étaient "très probablement" en service au moment des faits reprochés, a précisé la ministre.

Ils ont été mis en examen (inculpés) le 22 décembre 2017 et deux d'entre eux sont depuis en détention provisoire, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

Selon l'émission Quotidien de la chaîne TMC et le quotidien Le Monde, ils sont soupçonnées d'avoir été recrutés par les autorités chinoises afin d'espionner le renseignement extérieur français pour le compte de Pékin. Les deux médias évoquent quatre suspects au total, un chiffre non confirmé à l'AFP.

- Sûreté de l'Etat -

Aucune information n'a transpiré sur la nature des éléments que les suspects ont pu transmettre. Mais ils sont "susceptibles de mettre en cause la sécurité de l'État", a noté la ministre.

Selon une source proche du dossier, la justice a demandé la déclassification de documents émanant de la DGSE du 6 juillet 2016 au 19 avril 2017, laissant entendre que les soupçons porteraient au moins sur cette période.

Interrogé sur l'éventuel impact diplomatique de cette affaire, le ministère français des Affaires étrangères s'est refusé à tout commentaire, illustrant la sensibilité de tels dossiers, généralement réglés dans la discrétion, alors que Pékin est un partenaire économique et diplomatique important pour Paris.

"Avec la Chine, nous sommes deux grandes puissances qui nous connaissons bien", a relevé l'entourage du président, tout en se refusant à confirmer s'il s'agissait bien du pays incriminé.

Interrogé à Pékin, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Lu Kang, a répondu : "nous ne sommes pas au courant".

L'un des agents soupçonnés était en poste à Pékin, affirme Quotidien, sans donner d'éléments sur les fonctions des autres mis en cause. La ministre n'a pas confirmé cette information.

- "Vigilance" -

Deux des trois suspects sont poursuivis pour "livraison à une puissance étrangère d'informations portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation" et "compromission du secret de la Défense nationale", a précisé la source judiciaire.

"L'un d'eux a également été mis en examen du chef de provocation directe au crime de trahison", a-t-elle ajouté. L'épouse a été mise en examen pour "recel des crimes et délits de trahison" et placée sous contrôle judiciaire.

Selon le ministère de la Défense, c'est la DGSE elle-même qui a détecté la fuite et a "porté à sa propre initiative ces faits à la connaissance du procureur de Paris".

"Cette affaire avérée est un signe d'efficacité de notre système de veille et de vigilance plutôt qu'un signe d'échec", a estimé l'entourage du président, ajoutant que "le risque de corruption existe partout".

"Nous vivons dans une époque où le contre-espionnage est le fait de très nombreux pays (...) Ceci nous invite bien entendu à redoubler de vigilance", a renchéri Florence Parly.

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