Deux tentatives d'attentats en Corse à trois jours de la visite de Macron

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Par Maureen COFFLARD - Bastia (AFP)
Publié le 01 avril 2019 - 20:51
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Emmanuel Macron lors d'un hommage aux résistants du plateau des Glières, le 31 mars 2019
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© ludovic MARIN / POOL/AFP
Emmanuel Macron lors d'un hommage aux résistants du plateau des Glières, le 31 mars 2019
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Trois jours avant une visite d'Emmanuel Macron en Corse, des charges, qui n'ont pas explosé, ont été découvertes lundi à quelques heures d'intervalle devant deux bâtiments des finances publiques à Bastia, entraînant la saisine de la section antiterroriste du parquet de Paris.

Lundi matin, c'est devant le centre des finances publiques du Cap Corse, à Ville-di-Pietrabugno, en périphérie de Bastia, qu'un agent du Trésor public a découvert une charge composée d'une centaine de grammes de tolite, un explosif à usage militaire fabriqué à partir de TNT.

Alors que l'enquête débutait à peine, une autre charge était trouvée en début d'après-midi devant la direction départementale des finances publiques, dans le centre-ville de Bastia. Une cinquantaine de personnes ont été évacuées du bâtiment pendant que les démineurs intervenaient.

"Attaquer un centre des impôts, c'est attaquer la République", a réagi lundi matin sur Twitter le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, condamnant une "attaque lâche".

"Ca n'a pas explosé, c'est un avertissement, c'est une charge pour impressionner et avertir", a déploré lundi après-midi auprès de l'AFP Jean-Pierre Battestini, secrétaire général local de la CGT Finances Publiques, présent sur place. Il a fustigé, dans un communiqué, des attentats et tentatives d'attentats qui "mettent en péril la vie des personnels et fragilisent (...) nos missions de services publics au moment où justement le président Macron veut les supprimer. Macron et poseurs de bombe poursuivent les mêmes objectifs au détriment de l'intérêt général de la Corse".

Dans la foulée de cette deuxième tentative d'attentat, le parquet de Paris a ouvert une enquête en flagrance pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme, tentative de destruction par engins explosifs, acquisition d'engins explosifs, transport et détention d'engins explosifs, des infractions commises en relation avec une entreprise terroriste. La sous-direction anti-terroriste (SDAT) et la direction régional de la police judiciaire (DRPJ) d'Ajaccio ont été saisies conjointement des investigations.

- "Climat tendu" -

Ces événements, qui n'ont pas été revendiqués, interviennent alors que le président de la République Emmanuel Macron est attendu en Corse jeudi pour la dernière étape du grand débat national, une visite qui s'annonçait délicate avant même la découverte de ces charges explosives.

Dès lundi matin, le président autonomiste du conseil exécutif corse Gilles Simeoni avait annoncé qu'il ne "participera(it) pas en l'état" à cette rencontre entre les maires et Emmanuel Macron, jugeant le "climat tendu" et dénonçant "un blocage politique" avec Paris. Vendredi déjà, le président de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni avait lui aussi annoncé qu'il ne prendrait pas part à la rencontre avec M. Macron.

La coalition nationaliste Pe a Corsica, formée des partis de Gilles Simeoni (Femu a Corsica), Jean-Guy Talamoni (Corsica Libera) et Jean-Christophe Angelini (PNC), a appelé à une demi-journée "Isula Morta" (Ile morte) jeudi entre 12H00 et 18H00.

Gilles Simeoni dit craindre "la résurgence de la logique de conflit": "Il est de notre devoir commun, en Corse comme à Paris, de rompre cette spirale funeste, d'ouvrir enfin un réel dialogue".

A Paris, sa toute nouvelle porte-parole Sibeth Ndiaye a assuré que le gouvernement était "très attaché au dialogue avec les élus corses" et espérait "qu'il pourra se poursuivre de manière sereine dans les jours et dans les semaines à venir".

Les finances publiques ont souvent été une cible privilégiée des mouvements clandestins corses avec notamment un attentat contre l'hôtel des impôts de Bastia le 28 février 1987 qui avait fait quatre blessés. D'autres attentats avaient eu lieu en avril 1993 à Nice, en décembre 1995 à Ajaccio et Bastia, en 2003 à Nice, ou encore en mai 2005 et novembre 2007 à Ajaccio.

Mais les villas des "continentaux" sont également une cible de choix. Ce week-end, la résidence secondaire de l'un d'eux à Sagone (Corse-du-Sud) et une maison en construction à Venzolasca (Haute-Corse) ont été en partie détruites à l'explosif, sans qu'il y ait, pour l'heure, de revendication.

Dans la nuit du 9 au 10 mars, et alors qu'une visite d'Emmanuel Macron avait été annoncée pour le 19 mars par des médias locaux, six résidences secondaires avaient déjà été visées par des explosions, sans faire de blessé mais en provoquant de sérieux dégâts.

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