Devant les assises des Bouches-du-Rhône, le clan Pastor pleure une "mère aimante"

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Par Julie Pacorel - Aix-en-Provence (AFP)
Publié le 21 septembre 2018 - 18:58
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Une femme au caractère difficile, travailleuse, mais "une mère aimante": c'est le portrait que le clan Pastor a dressé vendredi devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône d'Hélène, sa doyenne, milliardaire monégasque assassinée en mai 2014 avec son chauffeur.

Sa fille Sylvia Ratkowski, dont l'ex-compagnon est accusé d'être le commanditaire de ce double assassinat, a témoigné en larmes de sa détresse à Aix-en-Provence: "J'ai plus ma mère, j'ai plus rien", a-t-elle soufflé d'une voix douce, presque éteinte.

Le 6 mai 2014, alors qu'ils sortaient d'un hôpital de Nice où la femme d'affaires rendait visite à son fils Gildo, Hélène Pastor et son chauffeur, Mohamed Darwich, étaient abattus par deux tirs de fusil à canon scié dans son monospace.

Visiblement éprouvée, Sylvia Ratkowski, 58 ans, a évoqué sa mère comme une femme "qui a dû, de maman, devenir chef d'entreprise avec énormément de responsabilités", à l'âge de 50 ans. Une mère "qui n'avait pas vraiment d'amis, qui n'avait que nous, ses enfants", a-t-elle raconté, rappelant que cette héritière d'un vaste empire immobilier monégasque cultivait "une discrétion totale".

Hélène Pastor travaillait avec ses deux enfants, Sylvia et Gildo. Des relations de travail avec "des points de vue différents", reconnait Sylvia, qualifiant pudiquement d'"un peu chaotique" sa relation avec sa mère.

En garde à vue, alors qu'il venait d'avouer avoir commandité le meurtre d'Hélène Pastor, Wojciech Janowski, le compagnon de Sylvia, avait parlé aux enquêteurs de la "maltraitance psychique" que l'héritière faisait subir à sa fille, à qui elle préférait son demi-frère Gildo selon lui. Il avait ensuite totalement renié ces aveux et clame depuis son innocence.

"Hélène avait un caractère difficile mais elle adorait ses enfants, autant l'un que l'autre", a témoigné l'ex-mari d'Hélène Pastor, Claude Pallanca. Le père de Gildo Pallanca-Pastor a toutefois raconté avoir été témoin de "violentes disputes" entre "Sissi" et sa mère, entre lesquelles "Gildo devait intervenir".

- "Fous-le dehors!" -

Unie dans l'émotion lorsqu'ils ont évoqué Hélène, la famille Pastor est en revanche apparue divisée vendredi au sujet de Wojciech Janowski. Sylvia Ratowski, qui a vécu 28 ans avec celui qui était consul honoraire de Pologne à Monaco, le père de sa seconde fille, a mentionné par petites touches "un papa très attentif", "un homme forgé par son passé".

"J'ai perdu ma mère et j'ai perdu l'homme de ma vie", a-t-elle simplement déclaré en arrivant à la barre. Interrogée par Thomas Giaccardi, avocat des parties civiles, sur sa conviction quant à la culpabilité de son ex-compagnon, elle s'est indignée: "Vous vous rendez compte de ce que vous me demandez? C'est tellement hallucinant que je ne sais même plus quoi penser, j'attends la vérité".

"Elle s’interroge sur les 28 ans de vie commune, est-ce que finalement, elle n'est pas passée à côté de son existence, c’est ça la vraie question", a déclaré à l'AFP en marge de l'audience son avocat Dominique Mattei.

Claude Pallanca, lui, a décrit un Wojciech Janowski, "capable d'une très grande violence": "J'ai été témoin de disputes avec Sissi qui m'ont sidéré, je lui ai dit +Fous-le dehors, ce minable!". Selon lui, son ex-femme, Hélène Pastor, "avait très peur de Janowski, elle le voyait comme un escroc, elle avait pris un gros chien pour se protéger".

Gildo Pallanca avait lui aussi assuré aux enquêteurs que sa mère se méfiait beaucoup de Janowski. Le soir même de la fusillade, c'est son épouse Clémentine qui avait appelé Wojciech Janowski, qui se trouvait alors en Pologne. Au bout du fil, dit-elle à la barre, elle l'a trouvé "euphorique". "Il m'a dit +alors il paraît que c'est la catastrophe?+ sur un ton franchement déplacé", se souvient-elle.

Dix personnes comparaissent depuis lundi à Aix-en-Provence pour le double meurtre, le 6 mai 2014, d'Hélène Pastor et de son chauffeur. Selon l'accusation, ce double meurtre devait permettre à Wojciech Janowski de détourner à son profit la part d'héritage qu'aurait touchée Sylvia Ratkowski.

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