Disparition d'Estelle Mouzin en 2003 : Michel Fourniret a "reconnu les faits"

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Par Benjamin LEGENDRE - Paris (AFP)
Publié le 07 mars 2020 - 20:29
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Après des années de dénégations, le tueur en série Michel Fourniret a reconnu lors de son dernier interrogatoire à Paris l'enlèvement et le meurtre d'Estelle Mouzin, fillette de neuf ans disparue en 2003 en Seine-et-Marne, une affaire aux nombreux rebondissements.

Michel Fourniret "a reconnu sa participation aux faits", a indiqué samedi le parquet de Paris, sans plus de précisions, confirmant une information du Point et d'Europe 1.

Le parquet n'a pas indiqué si Michel Fourniret a livré des indications sur la localisation du corps et le déroulé des faits, lors des trois jours d'interrogatoires conclus vendredi dans le bureau de la juge d'instruction parisienne Sabine Kheris.

C'est la première fois que "l'ogre des Ardennes", qui souffrirait d'un début d'Alzheimer et dont les déclarations énigmatiques ont souvent dérouté la justice, exprime des aveux après une série de sous-entendus.

"Nous disions depuis des années avec Me Corinne Herrmann qu'il est la piste n°1", a réagi auprès de l'AFP Me Didier Seban, l'un des deux avocats d'Eric Mouzin, le père de la fillette. "Pour nous les aveux ne changent pas le fond du dossier. Il faut maintenant connaître les circonstances et retrouver Estelle", dix-sept ans après sa disparition, a-t-il ajouté.

Joint par l'AFP, les avocats de Michel Fourniret n'ont pas souhaité réagir.

Le tueur en série de 77 ans a été mis en examen le 27 novembre dernier, pour "enlèvement et séquestration suivis de mort", après un spectaculaire revirement de son ex-épouse et complice, Monique Olivier, qui avait fini par contredire son alibi.

- "joueur d'échec" -

Mais le tueur en série, qui a souvent joué au chat et à la souris avec les enquêteurs, n'était toutefois pas passé formellement aux aveux, selon son audition consultée par l'AFP.

"Il est fort possible, même très probable, que j'aie été l'auteur de cette disparition mais je ne sais pas quoi vous dire", avait-il déclaré, assurant que rien ne faisait "tilt" dans sa tête lorsqu'on le confrontait à une photo de la fillette.

"Dans l'impossibilité où je suis de vous dire +oui, je suis responsable de sa disparition+ (...) je vous exhorte à me considérer comme coupable", avait-il ajouté tout en assurant être "un joueur d'échecs", prenant plaisir à la confrontation avec sa juge.

Le soir du 9 janvier 2003, Estelle Mouzin avait disparu alors qu'elle rentrait de l'école à Guermantes (Seine-et-Marne). Son corps n'a jamais été retrouvé. Michel Fourniret a plusieurs fois été soupçonné, la première fois en 2006, mais il avait été mis hors de cause l'année suivante.

Six ans plus tard, l'expertise de milliers de poils et cheveux prélevés dans sa voiture n'avait pas permis pas de trouver des traces d'Estelle.

Mais les spéculations sur son implication avaient été relancées en mars 2018 après son audition par la juge Kheris dans l'enquêtes sur les meurtres non-résolus de Joanna Parrish et Marie-Angèle Domece, tuées en 1988 et 1990 dans l'Yonne.

Il avait déclaré que la disparition d'Estelle Mouzin était "un sujet à creuser", estimant avoir le "cul merdeux" dans cette affaire, qui avait donc été jointe l'année suivante aux investigations de Sabine Kheris.

Réinterrogée fin janvier cette année, Monique Olivier avait assuré à la juge que son ex-mari avait tué la fillette, selon son avocat Richard Delgenes. "On a plus avancé aujourd'hui en six heures qu'en dix ans" d'instruction, avait déclaré l'avocat.

Monique Olivier, en conflit ouvert avec son ex-mari, a invoqué trois raisons pour l'incriminer: Estelle Mouzin avait le "profil type" de ses victimes, il aurait effectué des repérages et son alibi était faux.

Le tueur en série avait en effet toujours assuré qu'il se trouvait à son domicile de Sart-Custinne, en Belgique, le jour de la disparition d'Estelle Mouzin à 250 km de là. En guise de preuve, il affirmait avoir passé un coup de fil à son fils ce soir-là, pour son anniversaire, attesté par des relevés téléphoniques.

Or Monique Olivier affirme désormais avoir passé, à la place de son ex-mari et à sa demande, cet appel censé le dédouaner.

Décrit par l'expert psychiatre Daniel Zagury comme "le tueur en série français le plus abouti", Michel Fourniret a déjà été condamné pour les meurtres de huit jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001.

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