Disparition d'Estelle Mouzin : Michel Fourniret au cœur des soupçons

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Par Mehdi CHERIFIA - Paris (AFP)
Publié le 28 novembre 2019 - 17:04
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Estelle Mouzin, disparue à 9 ans en Seine-et-Marne le 9 janvier 2003
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© Handout / FRENCH POLICE/AFP/Archives
Estelle Mouzin, disparue à 9 ans en Seine-et-Marne le 9 janvier 2003
© Handout / FRENCH POLICE/AFP/Archives

La mise en examen de Michel Fourniret pour la disparition d'Estelle Mouzin replace le tueur en série au cœur des soupçons dans cette affaire vieille de presque 17 ans, quelques jours après que son alibi a été mis à mal par son ex-femme.

* Mis en examen après avoir été longtemps soupçonné

L'"ogre des Ardennes" a été mis en examen mercredi par la juge d'instruction Sabine Khéris, pour "enlèvement et séquestration suivis de mort", après un interrogatoire de près de trois heures. C'est la première fois que la justice considère qu'il existe des éléments suffisants contre lui pour l'impliquer dans la disparition d'Estelle Mouzin.

La fillette de neuf ans a disparu alors qu'elle rentrait de l'école à Guermantes (Seine-et-Marne) le soir du 9 janvier 2003 et son corps n'a jamais été retrouvé. Michel Fourniret, 77 ans, a plusieurs fois été soupçonné, la première fois en 2006, mais il avait été mis hors de cause l'année suivante.

Les spéculations sur sa possible implication ont été relancées après une audition en mars 2018, portant sur les meurtres de Joanna Parrish et Marie-Angèle Domece, tuées en 1988 et 1990 dans l'Yonne.

Face à la juge Khéris, Michel Fourniret, qui avait toujours nié toute implication dans ce dossier, avait déclaré que la disparition d'Estelle Mouzin était "un sujet à creuser", estimant avoir le "cul merdeux" dans cette affaire.

Interrogés mercredi à l'issue de la mise en examen de leur client, les avocats de Michel Fourniret n'ont pas souhaité réagir à ce développement de l'affaire.

* Pas d'aveux formels

Selon l'avocat du père d'Estelle Mouzin, qui précise se fonder sur les premiers éléments de l'interrogatoire portés à sa connaissance, le tueur en série, déjà condamné à la perpétuité pour les meurtres de huit jeunes femmes ou adolescentes, n'est pas passé formellement aux aveux mercredi.

Il "n'a pas donné d'éléments précis" sur son implication dans la disparition de la fillette et "est resté évasif, comme souvent", a détaillé Me Didier Seban.

"Eric Mouzin (le père) est averti. Ce qu'il souhaite, c'est ne pas être sous le chantage de Michel Fourniret ou des aveux ou des non-aveux de Michel Fourniret. Que la justice et les enquêteurs fassent leur travail et vérifient les choses pour qu'on puisse lui dire si c'est effectivement cette piste qui est la bonne", avait souligné Me Seban dès l'annonce de la mise en examen du tueur en série.

Ce dernier est-il en mesure de répondre aux questions de la justice, alors que plusieurs médias affirment qu'il souffre de troubles de la mémoire liés à un début de maladie d'Alzheimer ?

"Il peut avoir des moments d'absence mais il est parfaitement conscient, capable de débattre, de répondre", selon Me Seban.

* Un faisceau d'éléments à charge et un alibi fragilisé

Au fil des années, divers indices ont conduit la justice à s'interroger sur la possible implication de Michel Fourniret dans la disparition d'Estelle Mouzin: une photo de la fillette avait été retrouvée sur son ordinateur, une camionnette blanche semblable à la sienne avait été repérée en Seine-et-Marne...

Sa défense a reposé sur son alibi: un appel à son fils le soir des faits pour son anniversaire. Ce dernier n'avait alors pas décroché mais cet appel avait été attesté par des relevés téléphoniques.

Cette version a néanmoins été récemment fragilisée par son ex-épouse, Monique Olivier. Entendue la semaine passée par la juge, elle a raconté avoir elle-même passé ce coup de téléphone, à la demande de son mari.

"Cela signifie que Michel Fourniret n'était pas à Sart-Custinne (son domicile, NDLR) le jour de la disparition d'Estelle Mouzin. Il était ailleurs", avait indiqué Me Richard Delgenes, l'avocat de Monique Olivier, sans qu'il soit possible de dire où il était à ce moment-là.

Selon Le Parisien, les gendarmes de la Section de recherches de Dijon ont par ailleurs recueilli depuis cet été des témoignages accréditant l'hypothèse de repérages de Michel Fourniret à Guermantes peu avant la disparition de la fillette.

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