Disparition totale ou partielle de Remade : la justice tranche jeudi

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Par Chloé COUPEAU - Caen (AFP)
Publié le 15 janvier 2020 - 10:55
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Siège de Remade à Poilley, dans la Manche, après une manifestation de salariés inquiets sur le sort de leur entreprise, en décembre 2019
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© Damien MEYER / AFP/Archives
Siège de Remade à Poilley, dans la Manche, après une manifestation de salariés inquiets sur le sort de leur entreprise, en décembre 2019
© Damien MEYER / AFP/Archives

La justice doit trancher jeudi le sort de la jeune société Remade (reconditionnement de smartphones) en passe de voir disparaître une grande majorité, voire la totalité, de ses 320 emplois.

Après quatre audiences devant le tribunal de commerce de Rouen en moins de quatre mois, les salariés de Remade "sont à bout force", a indiqué mardi à l'AFP Sophia Garcia secrétaire CFDT du Comité social et économique (CSE). Le groupe lancé en 2014 avait atteint un effectif de 680 personnes en 2019 avant d'être placé en redressement judiciaire fin septembre.

Redoutant que les futurs licenciés ne perçoivent que le minimum légal, les salariés ont "placé les stocks de produits à vendre dans des cages sous scellés" pour faire pression sur les actionnaires, Idinvest, LGT et l'ancien pdg Matthieu Millet, a ajouté mercredi Mme Garcia. Mi-décembre, des salariés avaient détruit près de 7.000 téléphones pour les mêmes raisons. Selon la direction, Remade dispose d'un stock d'au moins 25.000 IPhones reconditionnés commercialisables.

Lors de la dernière audience le 9 janvier deux offres de reprise ont été présentées au tribunal qui a mis sa décision en délibéré à jeudi. Le jugement sera disponible au greffe à 9H00 et annoncé par la direction aux salariés jeudi à 14H00 sur le site de Remade, à Poilley, près du Mont-Saint-Michel (Manche), selon la CFDT.

Lors de l'audience, le CSE a donné un avis favorable, malgré quelques réserves, à l'une des offres, que le tribunal a examinée beaucoup plus longuement que l'autre: le britannique Suresh Radhakrishnan, qui a réaffirmé mardi à l'AFP "être déterminé à faire de Remade un succès", propose de reprendre 118 emplois, sur les quelque 320 restants après des liquidations ou reprises partielles des filiales. Pour cela, il met 3,3 millions sur la table via Forth Wave Technology, une des sociétés qu'il a créées en 2019.

La "personnalité et l'engagement personnel" du Britannique qui finance son offre sur ses propres deniers et ceux de sa famille, ont plutôt mis en "confiance" le CSE, a précisé Thomas Hollande, l'avocat du comité.

Son "business plan a convaincu" le comité en raison des 25 ans d'expérience affichés par Suresh Radhakrishnan dans le secteur et de "ses relations dans les marchés porteurs, la Russie, le Moyen-Orient et la Grande-Bretagne", a poursuivi l'avocat.

- Remade, "un joyau" -

"Je pense que Remade est une très bonne société, une des rares à faire du reconditionnement de haute qualité. A plus d'un titre c'est un joyau de la France", a déclaré après l'audience à huis clos du 9 janvier M. Radhakrishnan.

Reste que "3 millions, c'est bien mais ça risque d'être insuffisant", souligne Me Hollande.

Selon l'avocat du Britannique Vincent Pellier, "le candidat repreneur est très confiant sur l'obtention, si besoin, de financements complémentaires" auprès de partenaires "notamment en Russie et au Moyen-Orient".

Par ailleurs M. Radhakrishnan promet d'être présent "au minimum trois jours par semaine" dans l'entreprise, selon Me Pellier.

"C'est un élément très rassurant mais en même temps les cadres qui l'assistent sont des personnes qui étaient déjà là hier et qui d'après nous n'ont pas forcément tiré toutes les leçons de l'échec de Remade", estime Me Hollande.

L'ancienne direction, le CSE ne veut plus en entendre parler. Sa secrétaire n'a ainsi "même pas regardé" l'autre offre présentée au tribunal, portée par le fondateur et ex-PDG de Remade Matthieu Millet. Selon Me Hollande "il est très hautement improbable" qu'elle soit retenue.

M. Millet promet de reprendre 142 emplois avec 1,3 million d'euros sur la table. "Je veux sauver mon bébé", a-t-il déclaré le 9 janvier.

Le quarantenaire a été par le passé interdit de gérer plusieurs autres entreprises. A la suite d'un "signalement d’un administrateur judiciaire", Remade fait par ailleurs l'objet d'une enquête préliminaire menée par le parquet de Rennes pour faux bilan et fausses factures. Un groupe d'investisseurs en capitaux dans Remade a porté plainte.

"Pour masquer l'effondrement du groupe", Remade a "gonflé artificiellement son chiffre d'affaires", a affirmé le cabinet Syndex dans un rapport pour le CSE, daté de novembre, ce que dément M. Millet.

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