Dix ans après le "casse du siècle" de Musulin, toujours des mystères

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Par Myriam CHAPLAIN RIOU - Lyon (AFP)
Publié le 01 novembre 2019 - 09:28
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Photo distribuée par la police judiciaire le 6 novembre 2009 du convoyeur de fonds Toni Musulin, jugé et écroué pour le vol rocambolesque, sans arme ni violence, de plus de 11 millions d'euros dans so
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© / POLICE JUDICIAIRE/AFP/Archives
Photo distribuée par la police judiciaire le 6 novembre 2009 du convoyeur de fonds Toni Musulin, jugé et écroué pour le vol rocambolesque, sans arme ni violence, de plus de 11 mil
© / POLICE JUDICIAIRE/AFP/Archives

Lyon, 5 novembre 2009: le convoyeur de fonds Toni Musulin fait sa tournée habituelle. Soudain, il fausse compagnie à ses collègues au volant du fourgon blindé et s'enfuit avec 11,6 millions d'euros. Un vol audacieux, vite baptisé le "casse du siècle".

Le camion blanc de la société Loomis est retrouvé trois heures après sa disparition dans la banlieue lyonnaise. Vide. Les sacs de billets chargés à la succursale lyonnaise de la Banque de France envolés...

Suspect numéro un de ce vol sans violence, Toni Musulin, salarié de Loomis depuis dix ans, est aussitôt recherché dans toute l'Europe.

Deux jours plus tard, dans un box du 8e arrondissement de Lyon, la police judiciaire retrouve la plus grosse partie du butin, 9,1 millions d'euros. Le parking a été loué sous une fausse identité mais le propriétaire a reconnu Musulin grâce à sa photo largement diffusée par les autorités.

Où se cache celui que les médias surnomment "Robin des Bois" ou "l'Arsène Lupin du XXIe siècle"?.

Où est passé le reste du magot? Une question qui se pose toujours dix années plus tard...

Le fugitif, alors âgé de 39 ans, demeure introuvable. Avant de se rendre à la police monégasque le 16 novembre, au terme d'une mystérieuse cavale de 11 jours, notamment en Italie.

- Ferrari -

Remis le même jour à la police française et placé en garde à vue, il se mure dans le silence puis avoue le vol, tout en niant avoir conservé les 2,5 millions d'euros manquants.

Le 18 novembre 2009, l'ex-convoyeur, né en juin 1970 dans la banlieue grenobloise, est mis en examen pour "vol" et "tentative d'escroquerie". Ce dernier chef se rapporte à une fausse déclaration à l'assurance pour le vol de sa Ferrari six mois plus tôt.

Car, en dépit de son salaire de 1.500 euros, l'énigmatique convoyeur mène grand train, roule en voiture de luxe et possède une société civile immobilière.

Dans l'attente de son procès, il est écroué à la prison de Corbas à l'isolement pour éviter les pressions. Il encourt cinq ans de prison.

Toni Musulin avait préparé son coup de longue date. Il loue le box dès avril 2009, plus de six mois avant le casse. En octobre, il se procure le véhicule dans lequel il transportera son butin jusqu'au garage. A la même époque, il vide aussi ses comptes bancaires.

Son procès s'ouvre le 11 mai 2010 à Lyon. A la barre, Musulin prend la parole: "On dit que je suis +Robin des Bois+ mais non, je suis normal. J'ai eu un souci avec mon patron".

Se disant victime de brimades, d'humiliations, il assure que la rancœur envers son employeur a motivé son geste et jure ne pas avoir dissimulé les 2,5 millions disparus.

Des tiers les auraient subtilisés... "J'en ai laissé dans le camion (le fourgon Loomis). Le reste, je l'ai mis dans le garage", raconte-t-il à la barre.

Musulin est condamné à trois ans de prison ferme. Le parquet avait requis cinq années. Il fait appel. Et, le 2 novembre 2010, voit sa peine alourdie à cinq ans de prison ferme.

En janvier 2011, l'histoire rebondit avec le livre de la journaliste Alice Géraud-Arfi qui l'a rencontré en prison. Selon elle, il aurait construit un faux mur dans le box où l'essentiel du butin a été retrouvé. Mais l'arrivée de la police l'a empêché d'entreposer les billets dans cette cache.

- Arrêté à Londres -

Musulin sort de prison en octobre 2013, après quatre années derrière les barreaux.

Mais le feuilleton ne s'arrête pas là.

Fin juin 2019, la police britannique annonce mener une enquête sur l'ex-convoyeur, arrêté à Londres, soupçonné d'avoir tenté de convertir des fonds de nature "criminelle". Avant d'être relâché 48 heures plus tard.

Le Français a changé 4.000 livres sterling (4.500 euros à l'époque), puis proposé de revenir le lendemain changer 75.000 livres (84.000 euros), éveillant les soupçons du personnel.

Aux enquêteurs anglais, il affirme que cet argent liquide provient de la vente... d'une Ferrari. Mais son arrestation relance les interrogations sur la disparition des millions lyonnais.

Depuis cet épisode, "rien de neuf en France et pas de nouvelles de Scotland Yard", dit à l'AFP l'avocat de Musulin, Christophe Cottet-Bretonnier.

"L'argent du casse, estime l'avocat, ne semble pas intéresser les autorités françaises".

Le parquet de Lyon précise que "les investigations sont toujours en cours en Angleterre. La police a pris contact avec les enquêteurs français". Mais, pour l'instant, "il n'y a pas de procédure ouverte en France".

"Nous en sommes au stade de la coopération entre les polices" de chaque côté de la Manche, mais "pas au niveau de la justice".

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