Du patrimoine au street-art : Vannina Schirinsky-Schikhmatoff ou l'art dans tous ses états

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Par Maureen COFFLARD - Ajaccio (AFP)
Publié le 05 juillet 2019 - 09:47
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Vannina Schirinsky-Schikhmatoff devant une de ses oeuvres de street-art à Ajaccio le 24 mai 2019
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© PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
Vannina Schirinsky-Schikhmatoff devant une de ses oeuvres de street-art à Ajaccio le 24 mai 2019
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De la découverte du premier livre d'égyptologie à ses créations de street-art, de ses cours de peinture en prison à ses démarches pour sauver la bibliothèque patrimoniale d'Ajaccio, Vannina Schirinsky-Schikhmatoff s'investit sans compter pour dynamiser le monde artistique corse.

"Volcanique", c'est ainsi que la décrit Francesco Tiradritti, égyptologue italien qui a confirmé la rareté du "Thesaurus Hyeroglyphicorum, premier livre d'égyptologie" découvert par Vannina Schirinsky, "entre le bottin corse et un Marc Levy" dans la réserve de la bibliothèque patrimoniale où elle est chargée de mission conservation et restauration.

"Sa +volcanicité+ l’a amenée à fouiller dans tous les coins de la bibliothèque Fesch". Elle "pense continuellement à de nouvelles initiatives", déclare-t-il à l'AFP: "C'est parfois difficile à suivre mais on rit beaucoup!"

Vannina Schirinsky, surnommée "Indiana Jones" par plusieurs élus municipaux, a aussi exhumé, parmi 1.000 raretés, des lettres inédites signées de Napoléon ou "un double volume" des plans de la Tour Eiffel signé de Gustave Eiffel.

Des trouvailles réjouissantes pour Simone Guerrini, adjointe à la Culture de la ville, qui salue en Mme Schirinsky "une personne extrêmement impliquée et compétente". "Ingérable" selon ses détracteurs, Vannina a plutôt, selon Mme Guerrini, "des convictions fortes qu'elle défend contre vents et marées".

Grâce à elle, la bibliothèque municipale Fesch est l'un des 18 monuments français à préserver retenus par Stéphane Bern pour le Loto du Patrimoine 2019. "J'ai été convaincu de l'urgence de la situation suite aux nombreux échanges entre Vannina et ma collaboratrice", a expliqué à l'AFP l'animateur télé.

Née le 8 mai 1973 à Paris, fille du journaliste Philippe Alfonsi et de la princesse russe Xenia Schirinsky-Schikhmatoff, Vannina décrit une éducation "d'aristo russe" et une enfance marquée par une période "sous protection policière" à cause de "menaces de mort" liées aux investigations paternelles.

"Ça a duré un mois mais à 7 ans, ça marque", confirme Philippe Alfonsi, dont la fille retient aussi une jeunesse néanmoins riche de bons moments quand "Anne Sinclair, Yvan Levaï ou Roger Gicquel déboulaient à la maison".

- "Passion de la beauté" -

"Baignée dans l'art dès l'enfance avec des parents terriblement épris d'esthétique" et formée notamment au Palazzo Spinelli à Florence, elle a commencé à peindre sur "les murs de la maison familiale" avant une première fresque de 15 mètres de "street-art" sur une usine dans l'Allier à 20 ans. Mais c'est en Corse, il y a 10 ans, qu'elle a vraiment "accroché avec le street-art".

"Van Shirin", de son nom de street-artist, peint dans les rues d'Ajaccio et côtoie des grands noms du milieu comme Seth Globepainter ou Lek & Sowat qui lui donnent confiance.

Il y a 6 ans, cette célibataire sans enfant fait d'un passage obscur face à la préfecture son "spot" où elle "peint au milieu des rats, de la saleté, des poubelles, des gens qui venaient pisser dans mon dos".

Là, elle initie avec son ami street-artist Mako Deuza au printemps 2019 le "MAP ou Musée des arts populaires", un nom un peu pompeux pour un lieu où chacun peut s'exprimer artistiquement. Depuis, les fresques y fleurissent.

"L'art doit améliorer la vie des gens", confie la graffeuse en terminant au sol une carpe Koï rouge sur fond bleu électrique, assurant vouloir "amener de l'émerveillement" surtout aux enfants tout en assumant un "regard sans illusion sur ce monde".

"Elle a des choses à dire, du style, street-artist c'est réducteur, c'est une artiste globale", estime Mako Deuza, lui-même titulaire d'un doctorat en énergie solaire, qui trouve "marrant de voir la conservatrice mettre le masque et bomber".

Pour elle, pas de grand écart entre le patrimoine et l'art de rue, "c'est la même histoire, la passion de la beauté".

Férue de transmission, elle a donné pendant sept ans des cours de peinture à la prison d'Ajaccio notamment à Charles Pieri, ancien patron du Front de libération nationale corse (FLNC). "Un élève très doué", commente-t-elle sobrement, ajoutant: "je leur amenais deux heures de liberté intellectuelle par semaine".

Aujourd'hui, elle cherche à sauver un château familial spolié à Tchervone en Ukraine, convaincue que "le patrimoine est la racine de l'humanité".

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