École à la maison : des millions de parents tâtonnent encore

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Par Isabelle TOURNÉ - Paris (AFP)
Publié le 20 mars 2020 - 09:47
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Xavier aide ses enfants Jeanne et Marceau alors qu'ils font école à la maison, à Mulhouse le 17 mars 2020
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© SEBASTIEN BOZON / AFP
Xavier aide ses enfants Jeanne et Marceau alors qu'ils font école à la maison, à Mulhouse le 17 mars 2020
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"Il faut être super discipliné et organisé", "on fait ce qu'on peut": les parents des 12 millions d'élèves français qui ont dû s'improviser professeurs depuis une semaine sont encore nombreux à tâtonner et à chercher le bon rythme pour "tenir dans la durée".

Depuis lundi, tous les établissements scolaires sont fermés à cause de l'épidémie de coronavirus. C'est donc aux familles, grâce aux ressources éducatives en ligne et aux documents que leur transmettent les enseignants de faire la classe à la maison.

"Au début de la semaine, les enfants sont restés en pyjama toute la journée, on a pris les choses un peu +à la cool+", raconte Virginie, cadre dans une banque et mère de deux garçons de 6 et 11 ans, "confinés" à Argenteuil (Val-d'Oise). Mais très vite, elle s'est rendu compte qu'il était "important de garder une routine, un semblant de vie normale".

"Alors, maintenant, on met le réveil le matin et on essaye de faire le gros des devoirs entre 9H et midi", raconte-t-elle. "On a édicté quelques règles, mais on tâtonne encore".

Problème: elle n'arrive pas à se connecter en journée aux plateformes qui permettent d'assurer la continuité des cours, souvent saturées. "Désormais, j'y vais le soir à 23H30 et je fais des captures d'écran de tous les documents nécessaires pour le lendemain", explique-t-elle.

Zoé, cadre dans une grosse entreprise en région parisienne, culpabilise vis-à-vis de ses deux ados de 13 et 16 ans. "Je vais de temps en temps dans leur chambre pour voir comment ça se passe mais je dois en même temps jongler avec mon propre travail", explique-t-elle. Si le plus grand est "assez autonome", elle regrette de ne pas pouvoir davantage accompagner son frère. "En tant que parent, c'est compliqué d'imposer des consignes", constate-t-elle aussi.

"C'est sport! c'est galère!": Katrin Janus, chef de groupe marketing près de Grenoble, tire le bilan d'une semaine de cours à la maison. Les maîtresses de ses deux filles, en CP et CE2, ont envoyé dès lundi matin un mail avec des devoirs et précisé qu'elles voulaient maintenir le rythme scolaire: "ça nous a à la fois rassurés et stressés. Comment nous, on va faire pour garder le rythme ?", plaisante-elle.

- "Le problème, c'est la récré" -

"Je pense qu'il faut être super discipliné et organisé. Et patient... ce qui n'est pas forcément mon fort", ajoute-t-elle.

Jeudi matin, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a livré ses conseils sur Radio Classique pour faire la classe à la maison: "ne jamais s'énerver et essayer de faire gagner à l'enfant de l'autonomie".

Mais après seulement quatre jours de classe, Charlotte Lucet, orthophoniste au chômage technique à Paris, a l'impression de s'énerver plus vite qu'en début de semaine avec ses jumeaux en CM1. Pour faire souffler tout le monde, elle improvise des petites séances de sport dans l'appartement, devant internet. "Si les enfants se lassent, il faudra trouver autre chose, peut-être des cours de cuisine", imagine-t-elle.

Les familles confinées sans espace extérieur doivent être particulièrement inventives pour permettre à leurs enfants de libérer leur énergie. "Nous sommes 4 dans un trois pièces, on fait l'école dans le salon", témoigne Olivia, mère deux enfants de 3 et 5 ans à Paris dans le XIe. "Le problème, c'est la récré. Pour le moment, on met de la musique et on improvise des petits parcours de motricité dans l'appartement", raconte-t-elle.

Mais, comme tous les parents, elle sent qu'elle va devoir "tenir dans la durée", car la période de confinement général en vigueur depuis mardi pourrait être prolongée.

Clément, réfugié dans la Sarthe avec sa femme et ses 4 enfants de 5 à 12 ans, a lui décidé de "ne pas se mettre la pression". "On fait ce qu'on peut, c'est d'ailleurs le message qu'ont fait passer les enseignants". "Pour le moment, c'est encore un peu le bazar, mais ça va se rôder", espère-t-il.

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