Election du PDG de l'AFP : trois administrateurs dénoncent l'attitude de l'Etat

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Par AFP - Paris
Publié le 16 avril 2018 - 12:09
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Des salariés de l'Agence France-Presse (AFP) rassemblés devant le siège de l'AFP à Paris le 12 avril 2018 avant l'élection de leur nouveau PDG
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© ALAIN JOCARD / AFP/Archives
Des salariés de l'Agence France-Presse (AFP) rassemblés devant le siège de l'AFP à Paris le 12 avril 2018
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Trois membres du Conseil d'administration de l'Agence France-Presse ont dénoncé lundi l'attitude de l'Etat qui a, selon eux, lors de l'élection du nouveau PDG de l'AFP Fabrice Fries, "bafoué toutes les prérogatives du Conseil".

"Ce processus s'est déroulé de façon contraire à toutes les bonnes pratiques de gouvernance", estiment Julia Cagé, Ingrid Deltenre et François Morinière, administrateurs de l'AFP au titre des "personnalités qualifiées", dans une lettre à la ministre de la Culture Françoise Nyssen.

"Le jour-même de la réunion du Conseil d'administration ayant pour objet l'élection du président de l'Agence, M. Emmanuel Hoog a reçu un appel de votre directrice de cabinet pour lui signifier que l’Etat lui retirait son soutien", écrivent ces administrateurs à Mme Nyssen, estimant que "cette façon de procéder est très choquante".

Fabrice Fries a été élu jeudi et succède à Emmanuel Hoog, qui avait annoncé son retrait mercredi, à quelques heures de l'élection. M. Fries a obtenu lors d'un troisième tour de scrutin la majorité qualifiée (13 voix sur 18).

Réagissant à cette lettre, Mme Nyssen assure que "la procédure de nomination proposée par le CA de fin janvier a été scrupuleusement respectée". "L'Etat n'a d'ailleurs pris sa décision qu'à l'issue du processus de sélection, après réception par tous les membres du CA des courriers de chacun des candidats le 5 avril 2018", a affirmé le ministère à l'AFP.

"Après étude des courriers, et alors qu'aucun consensus ne se dégageait autour de la reconduction de M. Hoog, l'Etat a souhaité lui faire part de sa position dans une démarche de transparence", a précisé le ministère.

Or, pour les administrateurs auteurs de la lettre, qui précisent avoir "décidé tous les trois" de s'abstenir lors du vote final, "cette démarche très humiliante" a "bafoué toutes les prérogatives du Conseil" d'administration de l'Agence. Elle a selon eux "créé un biais définitif sur les débats", "l'Etat prenant ainsi un poids bien supérieur à celui de ses trois voix sur les dix-huit que compte le Conseil".

"Notre vote n'est en aucun cas un signe de défiance envers M. Fabrice Fries", soulignent les administrateurs, "mais cette victoire à la Pyrrhus, et sur ordre, n’est pas la bonne solution pour fonder une réelle légitimité".

Rappelant que le prochain vote aura lieu dans cinq ans, ils estiment "nécessaire qu'une réforme de fond des statuts soit menée dans l'intervalle".

L'AFP "mérite plus et mieux de la part de l’Etat, et nous souhaitons que les faits très regrettables et inquiétants que nous avons vécus ces derniers jours servent au moins à créer une réelle prise de conscience de la gravité et de l’urgence de décisions fortes", ajoutent-ils.

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