Emoi après l'attaque d'un commissariat à Champigny-sur-Marne

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Par Céline AGNIEL - Champigny-sur-Marne (AFP)
Publié le 12 octobre 2020 - 01:40
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Des policiers devant l'entrée endommagée du commissariat de police de Champigny-sur-Marne, le 11 octobre 2020
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Des policiers devant l'entrée endommagée du commissariat de police de Champigny-sur-Marne, le 11 octobre 2020
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

L'attaque d'un commissariat de Champigny-sur-Marne samedi soir par une quarantaine de personnes aux tirs de mortiers d'artifice, visait à "casser les symboles de la République" et à "casser du flic", pour le ministre de l'Intérieur qui a annoncé que les syndicats policiers seraient reçus par le chef de l'Etat jeudi.

Cette attaque qui n'a pas fait de blessés a déclenché un vif émoi chez les policiers et les foudres de l'opposition de droite, qui appelle à la fermeté.

Le commissariat a été "attaqué parce qu'il y a une guerre de territoire sur le sol de la République et parce que nous sommes en reconquête: nous imposons la présence de la police partout (...), qui doit notamment lutter contre les trafics de stupéfiants", a déclaré le ministre de l'Intérieur.

Il a dénoncé "des actes d'une grande sauvagerie" de la part de "caïds", de "voyous" venus pour "casser les symboles de la République" et "casser du flic".

Le président Emmanuel Macron recevra jeudi les syndicats de policiers, a annoncé Gérald Darmanin, qui doit lui-même rencontrer ces organisations mardi.

L'attaque survient alors que le pays est sous le choc de l'attaque très violente, mercredi soir, dont ont été victimes deux policiers passés à tabac et blessés par balle dans le Val-d'Oise. D'après une source proche de l'enquête, le policier le plus gravement blessé est dans un état stable mais toujours en coma artificiel.

Le ministre de l'Intérieur veut par ailleurs interdire la vente au public, sur internet, des mortiers d'artifice qui seront considérés comme "des armes par destination".

Les incidents ont débuté samedi peu avant minuit à Champigny et duré environ une heure.

Deux agents étaient devant le commissariat en train de fumer lorsque les assaillants, visage dissimulé et armés de barres de fer, sont arrivés, cassant notamment des vitres de véhicules de police et la porte vitrée de l'entrée.

Les deux fonctionnaires ont juste eu le temps de se mettre à l'abri dans le sas de sécurité de l'entrée du commissariat, situé au cœur de la cité de Bois-L'Abbé, l'un des trois quartiers en Zone de sécurité prioritaire de cette ville proche du bois de Vincennes.

Une enquête de flagrance, désormais confiée à la Sûreté territoriale du Val-de-Marne, a été ouverte pour "violences en réunion avec arme sur personnes dépositaire de l'autorité publique" et "dégradations de biens publics et de biens privés", a précisé le parquet de Créteil à l'AFP, indiquant que parmi les véhicules endommagés figuraient deux voitures de police.

- "Sidération" -

Selon le maire DVD de la ville Laurent Jeanne, joint par l'AFP, l'origine de ces tensions, dans un quartier de 10.000 habitants en proie au trafic de drogue, n'était pas claire: "On est sur un quartier de reconquête républicaine, est-ce que ça dérange? Possible".

La tension a également pu naître, selon lui, après un récent accident de scooter dans le quartier dont "la responsabilité a été imputée à la police nationale alors que ce n'est pas avéré".

En avril, ce commissariat, le seul de cette commune de plus de 77.000 habitants, avait déjà été la cible, à une moindre échelle, de tirs de mortiers d'artifice mais "c'était des jeunes qui avaient du mal à vivre le confinement", a rappelé l'élu.

"Là, on est sur quelque chose de complètement différent: on a voulu attenter à l'intégrité physique de deux policiers", a estimé l'édile, disant sa "sidération" face à ses actes. Ce quartier enclavé doit subir à compter de l'an prochain une complète rénovation dans le cadre de l'Anru 2.

Un éducateur a cependant qualifié le quartier de "calme" estimant que ce n'était "pas dangereux" mais évoquant "une minorité de petits branleurs", a affirmé à l'AFP David Donadeï.

Les syndicats policiers ont vivement dénoncé l'attaque. "Plus personne ne respecte les forces de l'ordre", a déploré le délégué général d'Alliance, Frédéric Lagache. Le syndicat Unité SGP police appelle à la mobilisation lundi à 12H00 devant les services de police.

Sur la même ligne, l'opposition de droite a demandé une réaction forte du gouvernement.

"Ces scènes de guerre sont intolérables", pour Valérie Pécresse, présidente LR de la région Ile-de-France. La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen a appelé à "un tour de vis absolument considérable sur la criminalité" et à "réarmer moralement" les policiers.

Lors d'une soirée de réveillon en 2018, deux policiers avaient eux aussi été violemment agressés à Champigny.

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