En Bretagne, les amis de Vincenzo Vecchi refusent "de le livrer à Salvini"

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Par Hélène DUVIGNEAU - Rochefort-en-Terre (France) (AFP)
Publié le 12 août 2019 - 21:19
Mis à jour le 13 août 2019 - 09:50
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Le comité de soutien de Vincenzo Vecchi le 12 août 2019 à Rochefort-en-Terre
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© Fred TANNEAU / AFP
Le comité de soutien de Vincenzo Vecchi le 12 août 2019 à Rochefort-en-Terre
© Fred TANNEAU / AFP

"Libérez Vincenzo"... Depuis qu'ils ont appris l'arrestation jeudi de Vincenzo Vecchi, ex-militant anti-capitaliste italien, ses amis regroupés en collectif distribuent des affiches et s'organisent dans le Morbihan pour tenter d'empêcher son extradition vers l'Italie.

Laurence, Malou, Jean-Baptiste, Jean-Pierre, Gaëlle, Mireille et les autres... Ils sont 50, 80, voire plus, les membres du collectif, constitué dans l'urgence samedi soir pour tenter d'empêcher "de livrer Vincenzo à Salvini", ministre de l'Intérieur italien et chef de la Ligue (extrême-droite).

Condamné à 12 ans et six mois de prison en Italie en 2012 pour "dévastation et saccage" contre des biens lors du sommet du G8 à Gênes en 2001, et pour avoir participé à une manifestation anti-fasciste émaillée de violences et non autorisée à Milan en 2006, l'homme de 46 ans devenu peintre en bâtiment a été arrêté en vertu de deux mandats d'arrêt européens. Il a été incarcéré dans l'attente de sa comparution mercredi devant la justice à Rennes en vue de son extradition.

D'abord stupéfaits, ses amis, qui le connaissaient uniquement par son prénom et ignoraient tout de son passé, se disent révoltés par ce qui lui arrive.

"Depuis que je sais qu'il a été arrêté parce qu'il luttait contre le fascisme, je l'aime encore plus", confie Mireille, larmes aux yeux.

Décrit comme "un très joli garçon, plein d'humour", Vincenzo s'est installé il y a huit ans près de Rochefort-en-terre, élu village "préféré des Français" en 2016. "Discret, extrêmement sympathique, très loyal, un peu intello" il adore lire, jouer de la basse, pêcher, marcher et rend volontiers service à qui le sollicite. Il est surtout un bénévole très actif au sein du café associatif et culturel du village, "La Pente", créé en 2004 pour retisser du lien social en milieu rural.

"Ce n'est pas un militant politique mais un militant associatif qui porte des valeurs de solidarité et d'humanisme", assure Jean-Pierre, son compagnon musicien.

Malou, crêpière et actuelle compagne de Vincenzo, voit en lui un "super héros, un homme courageux, qui a quitté son lieu de vie, sa fille, pour ses idées".

- "Condamnation disproportionnée" -

Pour Malou comme pour les autres, la condamnation de Vincenzo est jugée "disproportionnée" par rapport aux faits reprochés.

"Quand on a su les chefs d'inculpation, on s'est identifiés à lui et on s'est dit que ça aurait pu être nous", assure Jean-Pierre, qui réfute les stéréotypes péjoratifs vis-à-vis de son ami, "notamment le terme péjoratif d'activiste".

"On ne veut pas qu'il devienne le trophée de chasse du ministre de Salvini", abonde Jean-Baptiste.

"Vincenzo a été condamné sur la base d'une loi adoptée en 1930 sous Mussolini qui autorisait des condamnations disproportionnées en reconnaissant la possibilité d'une complicité morale", souligne-t-il, ajoutant que la justice n'avait pas retenu l'usage d'armes par destination.

"On ne reproche pas de fait spécifique à Vincenzo, mais simplement le fait d'avoir été présent", poursuit le céramiste italien. Et de rappeler que le G8 de Gênes, qui a valu une lourde condamnation de l'Italie par la Cour européenne des droits de l'homme du fait des violences policières commises contre les manifestants, certaines ayant été assimilées à des "actes de torture", restait "une blessure ouverte en Italie".

"Je m'honore d'avoir participé en homme libre à une journée de contestation contre une économie capitaliste", avait déclaré Vincenzo Vecchi lors de son premier procès, selon La Republicca.

Selon les médias italiens, Vincenzo Vecchi appartenait à la mouvance anarchiste de Milan et est considéré comme l'organisateur des violences commises à Gênes, celui qui "poussait les autres à agir", avec des militants qui "sillonnaient la ville cagoulés en détruisant et incendiant des banques, des voitures, un supermarché et la prison de Marassi". Son groupuscule avait été baptisé le "Bloc Noir".

Pour tenter de l'aider, ses amis ont constitué des groupes de travail et se disent "en réunion permanente". "Je n'arrive plus à faire que ça. On ne sait pas si on va y arriver mais on le fait pour sa fierté et la nôtre", confie Laurence.

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