En cavale depuis 16 ans, l'ancien leader de l'ETA Josu Ternera arrêté en France

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Par Odile DUPERRY, avec le bureau de MADRID - Sallanches (France) (AFP)
Publié le 16 mai 2019 - 18:25
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La longue cavale de Josu Ternera, l'un des plus influents chefs de l'organisation séparatiste basque ETA recherché par l'Espagne et la France depuis 16 ans, a pris fin jeudi en Haute-Savoie, où il a été incarcéré en attendant d'être présenté vendredi au tribunal de Paris.

De son vrai nom Jose Antonio Urrutikoetxea Bengoetxea, cet ancien numéro un de l'organisation dissoute l'an dernier a été tour à tour l'inspirateur d'une stratégie d'attentats meurtriers puis le promoteur de négociations de paix avec l'État espagnol, avant d'être écarté de la direction du groupe.

Aujourd'hui âgé de 68 ans, Josu Ternera a été arrêté sans violence, vers 07H00, sur un parking de l'hôpital général de Sallanches par des enquêteurs qui l'attendaient, a indiqué à l'AFP la chef d'escadron des gendarmes de Chamonix, Sarah Chelpi. L'annonce avait été faite auparavant par le ministère espagnol de l'Intérieur.

Il s'y rendait pour un rendez-vous médical, accompagné d'un ami, également interpellé. Selon Madrid, l'ancien "etarra" vivait dans les environs et il souffrirait d'un cancer selon les médias espagnols. Il a d'ailleurs été examiné par un médecin, à sa demande, après son arrestation.

Celle-ci est intervenue en exécution d'un mandat d'arrêt français, émis après sa condamnation par défaut, en 2017 par le tribunal correctionnel de Paris, à huit ans de prison pour "participation à une association de malfaiteurs terroriste".

Après avoir passé une partie de la journée à la gendarmerie de Sallanches, Josu Ternera a été écroué à la maison d'arrêt de Bonneville, sur une décision du juge des libertés et de la détention du tribunal de cette même commune.

Il doit ensuite être transféré vendredi au tribunal de Paris où un magistrat du parquet devra lui notifier le mandat d'arrêt décerné à son encontre, a annoncé dans la soirée le parquet de Paris.

Il a dix jours pour faire opposition du jugement de 2017, prononcé en son absence, et obtenir un nouveau procès. S'il ne le fait pas, la peine sera exécutée.

Rien n'empêche la justice espagnole de demander parallèlement son transfert, a souligné le procureur de la République à Bonneville, Patrice Guigon. Il n'a pu dire depuis combien de temps Josu Ternera résidait en France, à défaut d'interrogatoire à ce stade.

- Voitures piégées -

Pour le gouvernement espagnol, Ternera était le militant de l'ETA le plus recherché par les polices espagnole et française et faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international. Il avait échappé de justesse à plusieurs tentatives d'arrestation.

Il était recherché depuis 2002 quand, député régional d'Euskal Herritarrok, coalition nationaliste radicale, il était passé dans la clandestinité après avoir été cité à comparaître en justice pour son rôle présumé dans un attentat contre une caserne de la Garde civile à Saragosse, dans le nord de l'Espagne, qui avait fait 11 morts, dont cinq enfants, en 1987.

Selon l'Audience nationale, haut tribunal basé à Madrid, il est également recherché pour son implication présumée dans l'assassinat, en 1980, d'un cadre de Michelin en Espagne.

Josu Ternera est considéré comme l'instigateur de la stratégie d'attentats à la voiture piégée adoptée par l'ETA dans les années 80. Il avait rejoint l'organisation vers la fin des années 1960, pendant la dictature de Franco, et s'était réfugié en France dans les années 1970.

Chef de l'ETA de la fin des années 1970 jusqu'au moins son arrestation en France en 1989, il avait fini par être écarté de l'état-major en 2006 par les plus radicaux de l'organisation.

- Négociations -

Après avoir établi des contacts avec le gouvernement espagnol en vue de négociations de paix dès les années 1980, il avait joué un rôle de premier plan dans les discussions tenues avec le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero à partir de 2005.

En 1990, Ternera avait été condamné par la justice française à dix ans de prison et cinq ans d'interdiction de séjour pour "association de malfaiteurs". "J'ai été, je suis et je serai toujours membre de l'ETA, je suis fier de l'être", avait-il déclaré lors de son procès.

En pleine campagne pour les élections municipales, régionales et européennes du 26 mai, le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a commenté dans un tweet : "la démocratie a vaincu l'ETA grâce à l'union de tous les partis".

Fondée en 1959 sous la dictature de Francisco Franco, l'ETA a tué au moins 853 personnes durant quatre décennies de violence pour l'indépendance du Pays Basque.

Elle a décrété un cessez-le-feu en 2011, avant sa dissolution, annoncée en mai 2018 par la voix de Josu Ternera lui-même.

Son "arrestation est inacceptable et une insulte dans le contexte actuel", a dénoncé jeudi le collectif basque Bake Bidea ("le chemin de la paix"), pour qui "les États français et espagnol n'assument pas de façon responsable les avancées décisives réalisées ces huit dernières années".

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