La France à la veille du retour à une vie "presque normale"

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Par Rana MOUSSAOUI avec les bureaux de l'AFP - Paris (AFP)
Publié le 01 juin 2020 - 14:50
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Un café dans le centre de Paris, le 1er juin 2020, à la veille de la réouverture des cafés, bars et restaurants
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© BERTRAND GUAY / AFP
Un café dans le centre de Paris, le 1er juin 2020, à la veille de la réouverture des cafés, bars et restaurants
© BERTRAND GUAY / AFP

Les Français vivent lundi leur dernière journée à déplacements limités avant la réouverture des cafés, restaurants, collèges et lycées dans la majeure partie du pays, marquant le retour à "une vie presque normale", selon les mots d’Édouard Philippe.

Mardi, après plus deux mois de fermeture forcée pour cause de coronavirus, bars, cafés et restaurants des zones vertes sont autorisés à rouvrir leurs portes pour la phase 2 du déconfinement, avec des règles sanitaires strictes: dix personnes maximum par table, un mètre au moins entre chaque groupe, consommation debout interdite dans les bars.

Un décret paru lundi au Journal officiel détaille cette nouvelle étape, rappelant notamment que les départements d'Ile-de-France, Mayotte et la Guyane sont en orange du fait de leur situation sanitaire.

Un peu partout dans le pays, les restaurateurs se préparent pour ce moment tant attendu, comme à Strasbourg, au célèbre restaurant la Maison Kammerzell.

"On a passé plusieurs heures à tout nettoyer", déclare à l'AFP Théo Stutzmann, maître d'hôtel. Le masque est obligatoire pour les serveurs, et pour les clients qui voudront aller aux toilettes. "On a tous demandé une fois la salière à un voisin de table. Là, ce ne sera plus possible", ajoute-t-il.

- "Optimisme" mesuré des restaurateurs -

A Lille, Kévin Bonnel, manager de La Place, l'un d'un restaurants de la Grand-Place, a prévu "30 à 35 tables, contre 40 à 45" d'habitude.

"Ça fait du bien de reprendre, dit-il. On ne sait pas trop si les clients seront au rendez-vous, mais nous sommes prêts."

"C'est l'optimisme qui règne aujourd'hui", assure Hervé Becam, vice-président confédéral de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih). "Les standards ont commencé a clignoter, les réservations sont en train de se faire".

"On peut rouvrir mais économiquement ce ne sera pas rentable", tempère Didier Chenet, président du Groupement national des indépendants hôtellerie, restauration et traiteurs (GNI). Selon une enquête menée par cet organisme, environ 17% des restaurateurs ont affirmé ne pas être en mesure de rouvrir. Certains établissements vont attendre septembre.

A Paris, où seule la réouverture des terrasses est autorisée (comme dans toutes les zones oranges), la mairie a annoncé que bars, cafés et restaurants pourraient s'étendre gratuitement sur une partie de l'espace public, trottoirs, places de stationnement voire quelques rues fermées à la circulation.

Outre les cafés, la réouverture de l'ensemble des plages mardi est également attendue avec impatience, de la Manche à la Méditerranée.

La limite de déplacements à plus de 100 km du domicile va être levée. Tout comme va bientôt l'être la restriction d'un siège sur deux dans les trains de la SNCF.

"Aller à Deauville qui n'est pas très loin, ce serait sympa. Pouvoir aller en Bretagne ou aller dans le Sud même, c'est un peu plus loin, ce serait super parce qu'on a tous besoin de soleil là, et surtout je pense, besoin de changer d'air", témoigne Maya, une Francilienne interrogée lundi par l'AFP dans les rues de Paris.

Tous les collèges et écoles de France métropolitaine vont rouvrir, ainsi que les lycées des départements classés verts, mais de manière progressive, ce qui fait que tous les élèves ne reprendront pas dès mardi.

Lundi, le ministère de la Santé a par ailleurs annoncé un assouplissement supplémentaire des conditions de visites dans les Ehpad à partir de vendredi : elles pourront se faire à plus de deux personnes à la fois en extérieur et deux personnes à la fois en chambre. Et désormais les mineurs pourront participer à ces visites, à condition qu'ils portent un masque.

- Cinq clusters par jour -

Si l'économie reprend un peu de souffle depuis le début du déconfinement le 11 mai, elle ne retrouvera pas avant longtemps son niveau d'avant-crise en raison notamment d'une récession historique.

Le chômage avait bondi de 22% en avril avec 843.000 demandeurs d'emploi supplémentaires.

Et le marché automobile français a encore plongé en mai, de 50,34%, les constructeurs discernant toutefois de premiers signes de reprise, selon des données publiées lundi.

"Il y a tout lieu de craindre" des baisses des salaires dans les entreprises avec la crise sanitaire, qui risque de servir de "prétexte" à des employeurs, s'est inquiété pour sa part le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier.

Sur le plan sanitaire, le Covid-19 a tué 28.833 personnes en France (+31), selon le dernier bilan publié lundi soir. Le nombre de patients en réanimation continue lui à diminuer (1.302, soit 17 en moins). C'est ce ralentissement de l'épidémie qui a permis au gouvernement de donner son feu vert à la levée de nouvelles restrictions.

Mais pour les experts, la seconde phase de déconfinement ne signifie pas qu'on doit baisser la garde.

"Revivre comme avant l'épidémie? Non, pas encore", a affirmé sur RMC/BFMTV Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique consulté par l'exécutif sur les questions relatives au Covid.

"Je ne parlerai pas d'extinction car le virus va rester, mais une baisse significative (de sa propagation) est en cours", a-t-il dit.

"Il y a chaque jour néanmoins, cinq nouveaux clusters (...) on a plus de 100 clusters qui ont été déclarés depuis le 11 mai, donc on voit quand même que le virus est toujours présent", a prévenu l'expert.

L'application controversée de traçage StopCovid, destinée à repérer la propagation du coronavirus, sera disponible à partir de mardi midi.

burs-ram/rh/it

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