En Lituanie, Macron s'implique dans la crise au Bélarus

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Par AFP - Vilnius
Publié le 28 septembre 2020 - 23:36
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Le président français Emmanuel Macron et son homologue lituanien Gitanas Nauseda à Vilnius le 28 septembre 2020
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© Ludovic MARIN / AFP
Le président français Emmanuel Macron et son homologue lituanien Gitanas Nauseda à Vilnius le 28 septembre 2020
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Le président français Emmanuel Macron, arrivé lundi après-midi à Vilnius, a réaffirmé sa détermination à oeuvrer, avec les autres Européens, pour un changement de régime au Bélarus voisin et annoncé qu'il rencontrerait mardi la cheffe de file de l'opposition Svetlana Tikhanovskaïa.

M. Macron, qui appelle le président bélarusse Alexandre Loukachenko, soutenu par Vladimir Poutine, à quitter le pouvoir, sera le premier dirigeant occidental de haut rang à rencontrer l'opposante exilée à Vilnius, s'adressant à travers elle à "toute la société civile" bélarusse, a-t-il dit.

Le président français a souligné lundi soir, après un entretien avec son homologue lituanien Gitanas Nauseda, qu'à la demande de l'Europe l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) allait tenter une médiation, en accord avec la Russie.

"Nous ne reconnaissons pas l'élection du président Loukachenko. Notre volonté en tant qu'Européens est d'enclencher cette médiation qui permette de tirer toutes les conséquences des résultats des urnes et une transition pacifique", a-t-il déclaré. "Je verrai donc Svetlana Tikhanovskaïa en tant que figure importante" de la société civile, a-t-il dit, saluant "son courage personnel".

"L'OSCE conduira cette médiation le plus fermement possible. Vladimir Poutine a manifesté son accord et son soutien à cette initiative, il faut qu'il nous aide à convaincre M. Loukachenko de cette direction", a précisé le président français.

- "Voisinage" -

Il a aussi répété sa conviction d'un nécessaire dialogue avec la Russie. "Nous ne pouvons pas faire comme si l'Europe était une île, loin de la Russie", a-t-il dit, "donc ce voisinage appelle un travail stratégique pour bâtir une architecture de sécurité" qui "évite les escalades", mais qui permette aussi une "lutte contre les cyberactivités et contre les désinformations ou les déstabilisations".

La France, avec la Lituanie et la Lettonie, ont d'ailleurs proposé à l'UE un plan pour protéger les élections en Europe contre les cyberattaques et la désinformation, a-t-il annoncé. Les pays occidentaux accusent régulièrement la Russie d'être à l'origine de ces manoeuvres.

Les trois pays réclament un mécanisme conjoint de protection des élections, une transparence totale sur la publicité politique et les moyens de ciblage, ainsi qu'une interdiction plus stricte du financement de partis européens par des intérêts étrangers.

Lundi, dans un entretien à l'AFP, Svetlana Tikhanovskaïa a demandé au président français d'être un médiateur pour résoudre la crise au Bélarus. "Nous avons terriblement besoin d'une médiation pour éviter que davantage de sang soit versé. M. Macron pourrait être ce médiateur, avec les leaders d'autres pays. Il pourrait être capable d'influencer M. Poutine, avec lequel il a de bonnes relations", a déclaré Mme Tikhanovskaïa.

La Lituanie, qui avec les deux autres Etats baltes a lancé une procédure de sanctions contre des personnalités bélarusses, s'est félicitée de l'engagement du président français.

- "Gilets jaunes" -

Le président bélarusse, cité par l'agence officielle Belta, a lui rétorqué au Français qu'"en suivant cette logique, il aurait dû démissionner il y a deux ans à cause des Gilets jaunes". "Les Gilets jaunes sont encore dans les rues mais M. Macron est étonnamment encore au pouvoir", a-t-il ironisé, citant également le mouvement Black Lives Matter et "les manifestations de musulmans à Marseille".

Minsk "est prêt à faire office de médiateur pour remettre pacifiquement le pouvoir" à ces groupes, a-t-il ajouté avec sarcasme, conseillant à M. Macron de "s'occuper plutôt des affaires domestiques de la France". Il a même accusé Emmanuel Macron d'accorder trop d'importance à Mme Tikhanovskaïa "parce qu'elle est une femme" et lui a prédit "des ennuis dans sa vie personnelle".

Au delà de la crise au Bélarus, les Etats baltes attendent du président français un appui ferme contre les pressions de Vladimir Poutine. Et ce au moment où l'empoisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny accroît encore les tensions entre Moscou et l'Occident. Emmanuel Macron a répété lundi soir qu'il attendait de Moscou sur cette affaire des explications claires.

Avant de s'envoler mardi pour la Lettonie, seconde étape de sa tournée balte, M. Macron ira également rencontrer mardi les troupes de l'Otan stationnées sur la base lituanienne de Rukla, où 300 soldats français sont intégrés à un bataillon international. Une présence symbolique face aux forces russes.

L'Alliance atlantique a déployé des rotations permanentes de troupes en Pologne et dans les États baltes face à la politique jugée agressive de Moscou depuis l'annexion en 2014 de la péninsule ukrainienne de Crimée.

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