Après le remaniement, Macron consent l'autocritique mais reste ferme sur son cap

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Par Jérôme RIVET, Laurence BENHAMOU - Paris (AFP)
Publié le 16 octobre 2018 - 13:08
Mis à jour le 17 octobre 2018 - 08:52
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Edouard Philippe et Christophe Castaner (G) le 16 octobre 2018 Place Beauvau
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© Philippe LOPEZ / AFP
Edouard Philippe et Christophe Castaner (G) le 16 octobre 2018 Place Beauvau
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Aucun changement de cap mais la promesse d'améliorer le quotidien des Français, de rassembler plus largement et de moins "choquer" : Emmanuel Macron a solennellement assuré mardi soir qu'il poursuivrait ses réformes, dans un effort visible de pédagogie peu après le remaniement du gouvernement.

Dans une déclaration face caméra, au style traditionnel rarement vue depuis son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron a expliqué vouloir redonner le "sens profond" de son action, appelant à résister au repli, en France comme en Europe, en vue des prochaines élections européennes de mai.

"J'entends les critiques", a-t-il assuré, en réponse aux polémiques sur son style, reconnaissant que "son parler vrai avait pu choquer". Une autocritique après les critiques visant ses phrases à l'emporte-pièce, comme le "pognon de dingue" des aides sociales ou l'ironie sur les "Gaulois réfractaires au changement" ou encore l'appel à un chômeur à "traverser la rue" pour trouver du travail ou aux retraités à ne plus "se plaindre".

Mais il souligne "une volonté d'action plus forte encore". Son ambition est de "ne pas se soumettre", une périphrase dont il a ponctué son discours. "Ne pas se soumettre aux inégalités de destin et aux injustices" et que la France "conserve la maîtrise de son destin".

"Progressivement, votre quotidien va s'améliorer", a-t-il aussi promis aux Français, dont il dit avoir entendu "l'impatience", mais "le temps que nous prenons et celui de nos institutions", a-t-il plaidé, alors que la croissance et la baisse du chômage ne sont toujours pas au rendez-vous.

Il a mis en garde contre un monde qui "se fracture. De nouveaux désordres apparaissent, et l'Europe bascule presque partout vers les extrêmes et, à nouveau, cède au nationalisme".

Le président de la République a aussi souhaité un "rassemblement le plus large" en promettant de "s'appuyer sur toutes les forces du progrès et de la réforme, les associations, les élus locaux", autant de corps intermédiaires qui se sont sentis négligés.

- "Mecano" -

Le chef de l'Etat a voulu faire comprendre le "sens profond" de son action, après avoir procédé mardi au premier remaniement d'ampleur du quinquennat, en nommant au gouvernement huit nouveaux membres et un proche, Christophe Castaner, à l'Intérieur, sans véritable coup d'éclat.

L'opposition a immédiatement fustigé sur Twitter un discours coupé de la réalité. "Intervention complètement surréaliste ! Un discours pompeux totalement coupé des réalités que vivent les Français. À quand le prochain #remaniement !?", a tweeté l'ancien allié de Marine Le Pen à la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan.

"Allocution du Président de la République totalement creuse et étrangement crépusculaire...", a jugé la cheffe d'extrême droite Marine Le Pen.

Emmanuel Macron "bavarde sur un mode paroissial et parle de tout sauf du nouveau gouvernement qu'il a mis 15 jours à constituer. La fin s'avance", a relevé pour sa part le chef de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon (gauche radicale).

- "A bout de souffle" -

Et pour le chef du PS Olivier Faure, "un pseudo mea culpa, des grands principes sans aucun contenu opérationnel... un clivage artificiel pour les Européennes... Un replâtrage ministériel. C'est +à bout de souffle+ sans la nouvelle vague!".

Après 15 jours d'attente depuis la démission fracassante du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, cette équipe doit donner un nouvel élan après un été et une rentrée chaotiques, marqués par l'affaire Benalla et le départ surprise de Nicolas Hulot.

Ce "mecano gouvernemental" ne "marque pas vraiment un rééquilibrage à gauche", souligne Bruno Cautrès, du Cevipof. "Permettra-t-il à Emmanuel Macron de combattre l'impopularité? Je n'en suis pas sûr".

Sans nouvelle personnalité connue, le principal changement est la nomination de Christophe Castaner au ministère de l'Intérieur. Ce fidèle des fidèles du président, qui va quitter la tête de La République en Marche (LREM), sera épaulé par un expert de la sécurité, Laurent Nuñez, actuel directeur de la DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure).

Signe d'une recherche d'équilibres politique, Françoise Nyssen quitte le ministère de la Culture, remplacée par le centre-droit Franck Riester, Stéphane Travert laisse le portefeuille de l'Agriculture à l'ex-sénateur PS Didier Guillaume et Marc Fesneau, un proche de François Bayrou, devient ministre chargé des Relations avec le Parlement.

La création d'un ministère des Territoire et plusieurs secrétariats d'Etat traduisent des priorités de l'exécutif : le secrétariat à l'Egalité entre les femmes et les hommes de Marlène Schiappa est étendu à la lutte contre les discriminations. Gabriel Attal, 29 ans, jeune garde de la macronie, est chargé de mettre en place le Service national universel. Christelle Dubos, députée LREM et ex-travailleuse sociale, est chargée de la lutte contre la pauvreté, au côté d'Agnès Buzyn.

Dans l'opposition, ce remaniement "ressemble plus à une baudruche en train de se dégonfler", a ironisé Christian Jacob (LR).

Jean-Luc Mélenchon a pour sa part accusé le Premier ministre d'avoir orchestré une "énorme opération de police politique" avec des perquisitions mardi matin à son domicile ainsi qu'au siège de La France insoumise et chez plusieurs de ses collaborateurs.

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