Equipe de France : 20 ans après 98, l'avènement d'une génération Z décomplexée

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Par Yassine KHIRI - Moscou (AFP)
Publié le 12 juillet 2018 - 18:43
Mis à jour le 13 juillet 2018 - 12:40
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Les Bleus s'enlacent après leur victoire en demi-finale face aux Belges, à Saint-Pétersbourg, le 10 juillet 2018
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© Jewel SAMAD / AFP
Les joueurs de l'équipe de France heureux après leur victoire face à la Belgique en demi-finales, à Saint-Pétersbourg, le 10 juillet 2018
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Sans complexe, ultra connectée et surprenante de maturité, dès la vingtaine: deux décennies après la génération 1998, louée par sa sagesse et sa sobriété, la génération Z de l'équipe de France fascine par son ambition clairement assumée, une confiance en soi infinie, et son culte du dévoilement.

Qu'est-ce qui a changé entre les joueurs de 1998 et ceux de 2018 ? "Elle est nette la différence puisqu'on est dans l'ère du multimédia aujourd'hui, on est dans le troisième millénaire. Tout est médiatisé avec les réseaux sociaux et ça change beaucoup de choses", confiait à l'AFP Bernard Lama, avant le début du Mondial-2018.

Pour se raconter auprès du grand public et dévoiler ses secrets de vestiaires, la bande de 1998 avait dû attendre la diffusion du documentaire "Les Yeux dans les Bleus", un mois après le sacre du 12 juillet. Aujourd'hui, il suffit de regarder les "stories" quotidiennes de Benjamin Mendy sur Instagram pour suivre en temps réel la vie du groupe.

Hyper connectés, les jeunes Français, qui font partie de l'une des sélections les plus jeunes du Mondial avec moins de 26 ans d'âge moyen, revendiquent un mode d'expression "cash" et sans filtre. Et ce malgré une starification très rapide à gérer, et la nécessité d'être armé face à une pression médiatique constante.

"En 98 s'il y avait eu Twitter, +Insta+, Snapchat, ils l'auraient fait. C'est notre vie de maintenant, tout le monde vit comme ça, pour avoir des infos... C'est la nouvelle génération, c'est 2018, c'est comme ça", a lâché Paul Pogba, jeudi devant la presse.

- "Business" numérique -

"Mon enfant est différent de ce que j'étais quand j'étais +ado+, ça a évolué. Jamais je ne me serais permis de dire à mon père la moitié de ce qu'il me dit. Impossible (rires)!", explique à l'AFP Marcel Desailly, champion du monde 1998.

"Avec la manière dont ils s'exposent, on croit qu'ils rigolent mais derrière il y a tout un +business+. Donc il faut l'accepter, il faut savoir vivre avec son temps, et s'ils peuvent nous gagner (la Coupe du monde) ce serait très bien, on postera tous des photos et on s'amusera", ajoute-t-il.

Mais sur quelle bande son ? Après la variété française prisée par les coéquipiers de Zinédine Zidane -- à l'image de son cultissime "On ira tous au paradis" de Michel Polnareff -- ou le très disco "I will survive", place désormais à la musique urbaine et aux tempos afro-caribéens pour s'ambiancer après chaque succès.

Et si certains jeux de cartes continuent de faire fureur auprès de la génération 2018 comme le "8 Américain", c'est surtout la PlayStation 4 d'Adil Rami, qui rythme le temps libre des nouveaux Bleus avant chaque match important.

"On est passé de la belote à Fortnite ou Call of Duty (jeux vidéo). La culture du divertissement change et ce n'est que le début", souligne auprès de l'AFP Xavier Oswald, spécialiste de l'e-sport (compétitions de jeux vidéo, ndlr).

-"Pas peur de l'échec"-

Au-delà du changement profond des pratiques culturelles et de loisirs, c'est surtout l'audace, l'extrême confiance en soi et l'ambition assumée de ces "millenials" qui tranchent par rapport à leur aînés. Le meilleur exemple ? Kylian Mbappé, évidemment !

"Il a 18 ans (en réalité 19, ndlr) le mec, et il était tranquille dans le vestiaire et dans le tunnel avant de rentrer sur le terrain pour un 8e de finale de Coupe du monde", s'était exclamé Antoine Griezmann après la victoire contre l'Argentine (4-3).

"C'est une génération qui n'a pas peur de l'échec", renchérit auprès de l'AFP l'entraîneur-adjoint de l'équipe de France Guy Stéphan. "Quelqu'un comme Ousmane Dembélé est capable de rater trois ou quatre dribbles de suite et réussir le cinquième."

"C'est aussi une génération qui n'a pas peur de s'expatrier. A 21 ans, ils ont déjà fait trois pays. Ca n'arrivait jamais avant", ajoute-t-il. Cosmopolites et polyglottes à l'image de Pogba, capable de répondre aussi bien en français, anglais, espagnol ou italien, les jeunes Français font tourner la tête des plus grands clubs européens.

"Après, c'est une génération qui zappe beaucoup, qui a une faculté de concentration peut-être moins importante. Il faut en tenir compte dans les séances vidéo ou dans les causeries", nuance Guy Stéphan. Pour le match le plus important de la vie dimanche, les jeunes Bleus auront intérêt à faire des efforts !

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