"On est toujours en galère" : paroles de "gilets jaunes" à Paris

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Par Céline AGNIEL et Alexandre HIELARD - Paris (AFP)
Publié le 15 décembre 2018 - 11:47
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La police montée face aux manifestants "gilets jaunes" place de l'Opéra à Paris, le 15 décembre 2018
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© Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP
La police montée face aux manifestants "gilets jaunes" place de l'Opéra à Paris, le 15 décembre 2018
© Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP

"Toujours en galère", "on avance à reculons"... : un mois après le début du mouvement des "gilets jaunes" contre la hausse des taxes et pour le pouvoir d'achat, les manifestants continuaient samedi de crier leur colère contre Emmanuel Macron. Voici quelques témoignages recueillis à Paris:

Monaem Zarhouni: "on avance à reculons"

"Je suis venu pour participer mais tranquillement, dès que ça casse je me tire", prévient ce chômeur de 43 ans, père de deux enfants. "Avec ma femme, au chômage aussi, on n'a que 700 euros par mois pour vivre, c'est dur, on est toujours en galère", dit cet habitant d'Orléans.

"Il y a 20 ans, sans heures supplémentaires on pouvait gagner l'équivalent de 2.000 euros. Aujourd'hui on avance à reculons".

"C'est dur pour nos enfants. Ils n'ont même pas de lit pour dormir, ils ont deux vieux matelas au sol". "Quand on vit sous le seuil de pauvreté, les courses, c'est toujours au compte-gouttes".

Anthony Deveze et Daisy Villon: se battre encore

"On ne finit pas toujours les mois. Nos parents nous aident pour les courses, nous prêtent un peu d'argent", explique Anthony, 24 ans. Le couple venu de Vienne (Isère) et qui a deux enfants de 3 ans et 6 mois, loue une maison pour 800 euros et a un crédit automobile de 200 euros.

"Je travaille à 30 km, on vit à la campagne, je n'ai pas d'alternative", explique Anthony. "Et si on déménage en ville on s'éloigne de ma belle-mère qui nous garde les enfants parfois. Une nounou c'est trop cher pour nous", ajoute Daisy, 23 ans. Elle a perdu son emploi d'animatrice dans le périscolaire.

"Ce qu'a dit Macron, ça ne nous concerne pas, on ne touche pas la prime d'activité. On veut une hausse générale des salaires et une baisse des charges pour les petites entreprises", ajoute Anthony, intérimaire dans l'industrie pharmaceutique.

"On se battra tant qu'on n'aura pas gain de cause", appuie Daisy. "On se serre la ceinture pour nos petits". Le couple ne s'offrira pas de cadeaux pour Noël: "c'est trop compliqué de se faire plaisir, on s'offrira des câlins".

René Dambron: "la politique, on la subit"

"Dans les bons mois, je gagne jusqu'à 3.000 euros. Mais de juin à septembre c'est 0. Heureusement que j'ai le RSA activité car je m'en sortirais pas", dit ce graphiste indépendant venu de Seine-Saint-Denis pour son 3è samedi consécutif.

"Macron, entre ce qu'il a dit lundi et rien, c'est à peu près pareil". "Aujourd'hui la politique, on la subit. Avec le référendum d'initiative citoyenne (une proposition des "gilets jaunes", NDLR), c'est le peuple qui décidera".

"J'ai connu mai 68, depuis on ne fait que perdre nos acquis sociaux" estime-t-il. "J'ai 5 enfants et 6 petits-enfants, c'est pour eux que je me bats".

Blandine, assistante sociale: "salaires trop bas"

"Moi je suis là pour les salaires et la casse des services publics. Je suis assistante sociale à la Pitié-Salpêtrière. Hirsch (Martin Hirsch, directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, NDLR) a annoncé 800 postes en moins à l'APHP".

"Les services publics sont complément détériorés, c'est un truc qui nous impacte. Je gagne 1.450 euros et ça fait 4 ans que je bosse dans cet hosto. Macron ne parle que des gens qui sont au smic, il parle de la prime d'activité mais tout le monde n'y a pas droit, donc c'est un peu n'importe quoi".

"Les salaires sont trop bas, ils ne permettent pas de vivre. Travailler plus, très bien, mais si c'est pour gagner des miettes en plus et se détruire la santé, non.... J'ai des collègues qui ont craqué. Plus d'une..."

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