Europacity : Macron dit "stop" au mégacomplexe controversé

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Par Laurence BENHAMOU, Sarah BRETHES - Paris (AFP)
Publié le 07 novembre 2019 - 15:30
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Une opposante à Europacity photographiée le 19 mai 2019 en train de faire la vaisselle sur une table pliante
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© ALAIN JOCARD / AFP/Archives
Une opposante à Europacity photographiée le 19 mai 2019 en train de faire la vaisselle sur une table pliante
© ALAIN JOCARD / AFP/Archives

"Daté et dépassé": Emmanuel Macron a enterré jeudi Europacity, un mégacomplexe de commerces et de loisirs qui devait être implanté d'ici à 2027 dans le Val-d'Oise au nord de Paris, et qui hérissait les défenseurs de l'environnement comme les petits commerçants.

"Le président de la République a décidé de ne pas poursuivre le projet Europacity", a indiqué l'Elysée à l'AFP, estimant qu'il "ne correspond plus aux aspirations de nos concitoyens".

La décision a suscité la colère des porteurs du complexe mais la satisfaction de ses divers opposants, même si plusieurs ONG ont néanmoins appelé à rester vigilants pour que les terres agricoles soient préservées par le futur "projet alternatif" voulu par le président.

"C'est une grande satisfaction", a réagi auprès de l'AFP Bernard Loup, le président du Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG), opposant historique au projet.

Le mégacomplexe pesant 3,1 milliards d'euros devait s'établir sur ce que le CPTG qualifiait de "terres les plus fertiles d'Ile-de-France", le triangle de Gonesse, coincé entre les aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle et du Bourget. Fait rare, les syndicats agricoles s'étaient également unanimement déclarés opposés au projet.

Dans un contexte plus global de mobilisations autour des questions d'environnement, les promoteurs avaient verdi leur copie début octobre, promettant "zéro carbone dès 2027", 4.000 arbres plantés et 80 hectares d'espaces naturels recréés en compensation. Ils prévoyaient également de réduire les surfaces commerciales, alors que les commerçants des environs s'inquiétaient de devoir affronter la concurrence de centaines de boutiques.

Cette évolution du projet "vers une transition écologique vertueuse" rend d'autant plus "incohérente" la décision du gouvernement, a dénoncé dans un communiqué Alliages et Territoires, société porteuse du projet qui réunit Ceetrus, foncière du groupe Auchan, et le conglomérat chinois Wanda.

C'est une "erreur qui porte préjudice à l'avenir du Val d'Oise", a ajouté la société, assurant malgré tout qu'elle "n'abandonnera pas" le département.

Emmanuel Macron souhaite faire émerger un "projet alternatif" qui pourrait être implanté sur une zone géographique plus étendue et qui devra être "plus mixte, plus moderne, sans créer un pôle démesuré de consommation, de loisirs et d'objets", selon l'Elysée.

Il a confié "la mission à Francis Rol-Tanguy, ancien directeur de l'Atelier parisien d'urbanisme, de travailler avec les élus à l'élaboration d'un nouveau projet".

Les élus locaux étaient très largement favorables à ce projet "essentiel" pour le département, qui "a toujours été le parent pauvre" de l'Île-de-France, disaient-ils début octobre. "Le gouvernement sacrifie notre territoire au nom d'une vision uniquement symbolique de l'écologie", a tempêté par communiqué le maire PS de Gonesse, Jean-Pierre Blazy.

"La déception est immense, on sent un mépris du gouvernement par rapport à la banlieue", a aussi réagi auprès de l'AFP Kamel Slimani, membre du "Collectif des vrais gens", qui défendait ardemment le projet. "On n'a rien, pas de transports, pas de métro, on est abandonnés".

"Nous ne les laisserons pas tomber", a répondu la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, consciente de "l'attente forte" pour l'emploi des élus et de certains habitants.

"Nous serons au rendez-vous pour imaginer avec eux un avenir durable incluant une implication renforcée de l'Etat", a-t-elle déclaré, à l'issue du troisième Conseil de défense écologique. Le premier en mai avait vu enterrer le projet minier Montagne d'or en Guyane.

Alors que l'abandon d'Europacity pose la question de l'avenir de la gare de métro du Grand Paris qui devait desservir la zone, "Triangle de Gonesse", la ministre a assuré que cela ne remettait "pas en cause la desserte du territoire prévue par la ligne 17" du métro qui doit relier d'ici 2027 Saint-Denis Pleyel à l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle.

"On continuera à se mobiliser pour l'abandon de la gare et de l'idée d'urbaniser le Triangle de Gonesse", indique de son côté Bernard Loup, de la CPTG. Les opposants à Europacity défendent un projet visant à faire de ces terres la "ceinture alimentaire" qui irriguera le futur Grand Paris en circuits courts.

"On parle de terres archi-polluées, entre des autoroutes et des aéroports", rétorque Ali Soumaré, conseiller régional PS de Villiers-le-Bel, amer face à "une belle hypocrisie".

En revanche pour Kamel Lakal, porte-parole du collectif Europasdutout, qui représente 220 commerces et 70 adhérents des différents centre-villes, le projet alternatif, "tant que ce n'est pas un centre commercial, ce sera très bien", glisse-t-il à l'AFP.

Certaines ONG sont plus prudentes. "La prochaine étape est de s'assurer que les terres agricoles, si précieuses et importantes, restent préservées", a souligné la Fondation Nicolas Hulot.

leb-bap-sab-cda-so-abd/alu/rhl

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