Evaluer les "bons lycées" au-delà d'un simple taux de réussite au bac

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Par Frédérique PRIS - Paris (AFP)
Publié le 20 mars 2019 - 07:00
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Passage du bac, épreuve de philosophie, le 18 juin 2018 au Lycée Fresnel de Caen, dans le Calvados.
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© CHARLY TRIBALLEAU / AFP/Archives
Passage du bac, épreuve de philosophie, le 18 juin 2018 au Lycée Fresnel de Caen, dans le Calvados.
© CHARLY TRIBALLEAU / AFP/Archives

Les parents s'angoissent plus que jamais pour la réussite de leurs enfants et les palmarès des "meilleurs lycées" s'affichent régulièrement en Une des hebdomadaires. Mais un "bon lycée" ne se résume pas à un taux de 100% de réussite au bac, veut montrer le ministère de l'Education.

Comme chaque année depuis 26 ans, les équipes de la Direction de l'évaluation, la prospective et la performance (Depp) du ministère ont compilé quantité de critères pour calculer les "indicateurs de valeur ajoutée" (Ival) des quelque 4.300 lycées généraux, technologiques et professionnels, publics et privés sous contrat, que compte la France.

Les résultats sont accessibles en ligne depuis mercredi sur le du ministère.

Les Ival s'efforcent de mesurer l'action propre d'un lycée sur l'accompagnement d'un élève de la Seconde à la Terminale, l'obtention de l'examen, avec ou sans mention.

- Comment sont évalués les lycées ?

Plusieurs données sont prises en compte: les taux de réussite au bac, les mentions et la capacité d'un établissement à accompagner un élève de la Seconde à la Terminale (dit "taux d'accès") jusqu'à l'obtention de l'examen et même si le jeune redouble. En effet, quel est le mérite d'un lycée qui affiche certes 100% de réussite au bac mais qui s'est "débarrassé" des élèves les plus faibles en fin de Seconde ou de Première?

Il faut aussi prendre en compte l'incidence de facteurs extérieurs sur la réussite scolaire, qui ne dépendent pas du lycée: niveau scolaire à l'entrée en Seconde (connu grâce aux notes du brevet en fin de Troisième), origine sociale des élèves, répartition filles/garçons, part d'élèves ayant redoublé, etc.

Pour chaque établissement, la Depp calcule des "taux attendus" au vu des profils d'élèves accueillis et de l'offre de l'établissement. La valeur ajoutée (positive ou négative) découle de la différence entre le taux de réussite au bac et d'accompagnement de chaque lycée, et du taux attendu pour son profil d'établissement.

Par exemple, les lycées parisiens Henri IV et Louis-Le-Grand, emblématiques de l'excellence, sont "neutres" dans le classement pour la réussite au bac (100% de reçus, correspond aux attentes vu le profil de leurs élèves), selon les résultats publiés mercredi.

A l'inverse, d'autres établissements se distinguent par de meilleures performances que prévu, comme le lycée Georges-Clémenceau à Sartène (Haute-Corse), avec un taux supérieur de 14 points aux attentes, ou Lucie-Aubrac à Pantin (Seine-Saint-Denis), avec une valeur ajoutée positive de 10 points.

- Les évaluations, ça sert à quoi? -

C'est "une photographie", "un diagnostic" des actions des lycées pour amener leurs élèves jusqu'à l'obtention du bac, explique Fabienne Rosenwald, directrice de la Depp. Ces Ival "mettent à disposition des rectorats et des chefs d'établissement des outils de pilotage" et "proposent des éléments de réflexion aux enseignants et équipes éducatives", ajoute-t-elle.

"Il ne s'agit pas d'un +verdict+ mais d'éléments qui peuvent permettre aux équipes de se poser les bonnes questions, nourrir leurs analyses" sur la façon d'améliorer leurs pratiques, précise Thierry Bossard, ancien inspecteur général qui avait rédigé un rapport sur le sujet en 2015. "Y-a-t-il des facteurs que l'on retrouve dans les établissements à forte valeur ajoutée et peut-on s'en inspirer?", cite-t-il par exemple.

Ces indicateurs proposent aussi des éléments d'information aux parents d'élèves, au-delà des simples taux de réussite au bac.

- Enjeu d'équité -

Amener les générations d'aujourd'hui au moins jusqu'au baccalauréat, avec possibilité de poursuivre des études supérieures, est capital. La proportion de bacheliers dans une classe d'âge a beaucoup augmenté en 30 ans mais un jeune sur cinq ne décroche toujours pas cet examen aujourd'hui.

Et les taux de réussite, puis l'obtention d'un diplôme de l'enseignement supérieur, diffèrent grandement selon l'origine sociale, le sexe et le territoire du jeune. Ainsi, 84% des jeunes filles ont le bac mais seulement 74% des garçons. Si 77% des fils de cadres supérieurs âgés de 25 à 34 ans sont diplômés de l'enseignement supérieur, ils ne sont que 26% des fils d'ouvriers.

"L'accès au bac est un enjeu essentiel en terme d'équité", rappelle Fabienne Rosenwald.

 

 

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