Après le déconfinement, l'idée de municipales en juin fait son chemin

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Par Jérémy MAROT - Paris (AFP)
Publié le 19 mai 2020 - 14:08
Mis à jour le 20 mai 2020 - 01:18
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Premier tour des élections municipales, le 15 mars 2020, dans un bureau de vote à Lyon, deux jours avant le confinement
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© JEFF PACHOUD / AFP/Archives
Premier tour des élections municipales, le 15 mars 2020, dans un bureau de vote à Lyon, deux jours avant le confinement
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Après le déconfinement scolaire, celui des bureaux de vote? L'organisation dès le mois de juin du second tour des municipales sera au coeur mercredi des discussions d'Edouard Philippe avec les chefs de parti après l'avis précautionneux, mais pas négatif du Conseil scientifique.

C'est armé de ce rapport du Conseil scientifique, publié mardi matin, que le Premier ministre doit se prononcer sur la poursuite du processus électoral dans environ 5.000 villes où le 1er tour le 15 mars n'avait pas été décisif, avant le confinement lié au coronavirus.

Selon son entourage, Edouard Philippe tranchera "dans les jours à venir".

Très prudent et sans s'avancer sur une date précise, le Conseil scientifique, chargé d'éclairer la décision publique, observe certes que "la situation sanitaire s'est nettement améliorée par rapport au début du confinement".

Le bilan de l'épidémie a été revu à la baisse mardi soir, à au moins 28.022 morts, en raison de chiffres révisés à la baisse dans les Ehpad et établissements médico-sociaux, alors que le nombre de décès dans les hôpitaux s'élève de son côté à 17.714, soit 125 de plus que lundi.

Mais, ajoute le Conseil, il est "difficile d'anticiper une situation incertaine pour les semaines à venir". Au point qu'il estime nécessaire de procéder à une nouvelle évaluation des conditions sanitaires 15 jours avant la date retenue, si les élections avaient lieu en juin, probablement le 28.

En cas de perspectives négatives, serait alors justifiée "une nouvelle interruption du processus électoral", souligne le panel d'experts.

Parmi les arguments paraissant plaider pour une tenue du second tour le mois prochain, le fait qu'elle permette de clore le chapitre. "La tenue d'un seul tour de scrutin plutôt que deux, indépendamment des dates retenues, est de nature à réduire les risques sanitaires, au sens statistique du terme", note le Conseil.

- Macron consulte les maires -

Les membres du Conseil mettent toutefois en garde contre les "risques sanitaires importants" liés à la campagne électorale, qui devra être "profondément modifiée". Dans leur viseur, les "meetings électoraux" ainsi que les distributions de tracts et autres réunions d'appartement.

Le gouvernement a dit qu'il ne trancherait pas tout de suite, souhaitant s'assurer d'un consensus politique large sur la date afin d'éviter les critiques qui ont accompagné la tenue du premier tour en mars. "Aujourd'hui cette décision n'est pas prise", a martelé sur France 24 la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye.

Mardi soir, Emmanuel Macron a reçu par visio-conférence une vingtaine de maires, dont Anne Hidalgo (Paris), Jean-Claude Gaudin (Marseille), Gérard Collomb (Lyon) ou encore François Baroin (Troyes) par ailleurs président de l'Association des maires de France.

"L'ensemble des intervenants ont fait part de leur souhait de voir les élections et le second tour se dérouler au plus vite. La date du 28 juin a été évoquée", a affirmé le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, s'exprimant à la fin de la réunion, en béquilles depuis le perron de l'Elysée.

Il a précisé que le gouvernement serait "amené à remettre un rapport au parlement qui déterminera la méthode" à mettre en œuvre.

Favorable à la tenue du second tour en juin, Anne Hidalgo en a profité pour redemander la réouverture des parcs et jardins parisiens, "un enjeu de santé publique" a-t-elle tweeté, regrettant que le gouvernement restait "sourd" à ses demandes.

Alors que le Premier ministre consultera les responsables des partis politiques mercredi en fin de journée après le Conseil des ministres et une réunion ministérielle dans l'après-midi, plusieurs dirigeants n'ont pas attendu pour réagir à l'avis du Conseil.

Marine Le Pen considère ainsi que l'avis donné est "un éclairage à la lumière d'une allumette".

Edouard Philippe envisage aussi de solliciter un débat et un vote au Parlement sur l'organisation de l'élection fin juin. Mais il rencontre l'opposition sur ce point du président (LR) du Sénat Gérard Larcher.

Selon Damien Abad, patron des députés LR, un vote serait fait "pour ouvrir le parapluie et verrouiller les oppositions".

Mais sur ce sujet, des voix au sein même de la majorité se font entendre: mardi, le président (LREM) de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a estimé qu'il n'était pas "raisonnable" d'envisager un vote dès la fin juin et le sénateur LREM François Patriat, un proche du chef de l'Etat, a également exprimé ses réserves.

- Vague d'indignation -

Sur le plan sanitaire, le nombre de malades du Covid-19 en réanimation - indicateur essentiel de la pression sur le système hospitalier - a lui poursuivi sa baisse mardi, à 1.894 malades graves soit 104 de moins en 24 heures.

"La situation est évolutive, nous avons un recul lié au délai d'incubation" et donc "il faut rester extrêmement prudent", a affirmé le directeur général de la Santé Jérôme Salomon. Pour son premier briefing en bientôt deux semaines, il a multiplié les appels à la vigilance à l'approche du week-end de l'Ascension.

Huit nouveaux foyers de contamination de coronavirus ont été identifiés dans la région Grand Est depuis le 11 mai, premier jour de déconfinement.

Alors qu'autorités et experts ont les yeux rivés sur les signes qui pourraient alerter d'une possible "deuxième vague", Emmanuel Macron s'est aussi entretenu mardi avec les dirigeants de Sanofi, dont le directeur général Paul Hudson.

Le géant pharmaceutique a déclenché une vague d'indignation en déclarant qu'il distribuerait un éventuel vaccin contre le nouveau coronavirus d'abord aux Etats-Unis, qui ont investi 30 millions de dollars pour soutenir ses recherches.

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