Fin du procès des 38 prévenus accusés d'entente autour de marchés truqués chez EDF

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Par Antoine GUY - Nanterre (AFP)
Publié le 11 juillet 2019 - 21:53
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Fin du procès des 38 prévenus accusés d'entente autour de marchés truqués chez EDF
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© ALAIN JOCARD / AFP/Archives
Fin du procès des 38 prévenus accusés d'entente autour de marchés truqués chez EDF
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Le procès fleuve des marchés truqués chez EDF s'est terminé jeudi par les plaidoiries de la défense après un réquisitoire du parquet demandant des peines exemplaires à l'encontre de la quarantaine de prévenus ayant pris part à ce "pacte de corruption".

"La corruption corrompt tout, c'est une gangrène", a résumé au cours de son réquisitoire Guillaume Daieff, procureur et chef de la section économique et financière du parquet de Nanterre, appelant à durement sanctionner "la délinquance en col blanc".

Pendant un mois, le tribunal s'est penché sur le cas de 38 prévenus et neuf entreprises ayant participé à une vaste entente autour de marchés truqués sur l'entretien des centrales thermiques d'EDF.

Au centre du pacte, Christian M., aujourd'hui retraité et âgé de 64 ans. Ancien acheteur chez EDF, il est accusé d'avoir touché des pots-de-vins de la part de neuf sociétés pendant une dizaine d'années, pour un montant total d'environ un million d'euros.

En échange d'informations confidentielles sur les appels d'offres, il recevait des enveloppes de cash ou encore des faveurs en nature comme des travaux dans sa maison, des voyages ou des vins d'exception.

"C'était un peu le Père Noël tous les jours avec vous", a tancé aux premiers jours du procès la présidente Gwenaël Keromes.

"C'était tellement facile", a reconnu le prévenu, qui travaillait dans une agence à La Défense avec cinquante autres acheteurs.

Le sexagénaire, silhouette fine et épaules voutées, a expliqué avoir été "pris dans un engrenage", "harcelé" par les entreprises qui lui "proposaient" des cadeaux.

- Accusation de "racket" -

Au contraire, ont répondu plusieurs dirigeants d'entreprises ayant versé des pots-de-vin pour décrocher les marchés. Christian M. "savait +tanner+ ceux qui oubliaient de lui verser sa commission", certains parlant même de "racket".

"On nous a pratiquement obligé à verser (des commissions) pour pouvoir travailler", a expliqué un ancien directeur commercial de Kaefer Wanner, leader français de l'isolation industrielle, contre qui le procureur a requis cinq ans d'emprisonnement, dont deux avec sursis.

"J'ai rarement vu de vrais rackettés aller déjeuner, passer un petit week-end, avec le racketteur", a ironisé Patrick Maisonneuve, avocat de l'ancien acheteur, citant pour appuyer ses propos plusieurs dialogues très amicaux entre les prévenus tirés des écoutes téléphoniques.

"Il n'y avait absolument pas besoin de Christian M. pour que ces sociétés s'entendent entre elles", a ajouté son autre avocate Laura Kerzerho pour qui "toutes ces personnes se connaissaient très bien".

Son seul réel pouvoir "était un pouvoir de négociation et d'avis sur l'attribution du marché et il a reconnu en avoir abusé en fournissant des informations", a-t-elle ajouté.

Grâce à cette entente, KW a par exemple décroché des marchés d'entretien de centrales thermiques d'un montant de plusieurs millions d'euros.

"C'est un marché assez spécialisé donc on n'a pas une grosse concurrence. Ce sont des entreprises qui gagnent très bien leur vie", a souligné Guillaume Daieff qui a requis des amendes allant jusqu'à 750.000 euros pour certaines des sociétés poursuivies.

KW, qui a signé, comme deux autres entreprises mises en causes, une convention judiciaire d'intérêt public pour éviter un procès, a dû régler une amende de 2,7 millions d'euros.

De son côté, EDF a réclamé par la voix de son avocat Emmanuel Tordjman une indemnisation pour divers préjudice à hauteur de 600.000 euros et le remboursement des sommes perçues par Christian M.

Le géant de l'électricité estime également que le "pacte de corruption" lui a porté préjudice en faisant monter les prix des prestations des sous-traitants. Il demande donc le remboursement d'une somme équivalente à 1% des marchés obtenus par les diverses sociétés.

Décision le 16 septembre.

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