Fiona : la mère et son ex-compagnon s'affrontent mais n'avouent rien

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Par Karine ALBERTAZZI - Le Puy-en-Velay (AFP)
Publié le 02 février 2018 - 11:51
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Un crocquis d'audience montre Cécile Bourgeon (D) et Berkane Makhlouf (G) au tribunal de Riom, le 14 novembre 2016
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© Benoit PEYRUCQ / AFP/Archives
Un crocquis d'audience montre Cécile Bourgeon (D) et Berkane Makhlouf (G) au tribunal de Riom, le 14 novembre 2016
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Elle l'attaque, il lui rend coup pour coup. Réunis pour la troisième fois dans le box des accusés, la mère de Fiona et son ex-compagnon ont repris leur affrontement cette semaine sans éclaircir les conditions de la mort de la fillette, tandis que les tensions entre avocats ont refait surface.

"Elle me charge pour sauver sa peau", fulmine Berkane Makhlouf, 36 ans, devant la cour d'assises de Haute-Loire, quand Cécile Bourgeon, 30 ans, l'accuse d'avoir été violent envers elle et ses filles.

Pour lui, "c'est une menteuse invétérée", "une comédienne de première classe". "Elle a dit qu'elle avait menti sur les coups de genou au premier procès! C'est du grand n'importe quoi!", lance-t-il avant de dénoncer, à son tour, "deux sacrés coups de pompes et deux sacrées claques" de son ancienne partenaire sur la petite Fiona, qui avait cinq ans à sa disparition en 2013.

En première instance, devant les assises du Puy-de-Dôme, Berkane Makhlouf avait écopé de 20 ans de réclusion pour avoir porté des coups fatals à l'enfant, sans intention de la tuer, contre cinq ans de prison pour Cécile Bourgeon, sanctionnée pour avoir fait croire à un enlèvement mais acquittée des faits criminels.

Mais le procès n'avait pas permis de déterminer, loin de là, les circonstances du drame, les deux ex-toxicomanes se rejetant la faute ou avançant l'hypothèse d'un accident. Son corps, qu'ils disent avoir enterré dans les alentours de Clermont-Ferrand, n'a jamais été retrouvé.

Et pour l'instant, cette nouvelle audience, prévue jusqu'au 9 février, ne permet pas davantage de progresser sur le chemin de la vérité.

- 'Manipulatrice' ? -

Mercredi, la mère de Fiona a fondu en larmes quand une autre ex-compagne de Makhlouf a évoqué sa "descente aux enfers" auprès de cet homme, décrit comme "paranoïaque et "violent" depuis l'enfance. Et Cécile Bourgeon de regretter de ne pas avoir eu ce "courage de pouvoir l'affronter et de ne plus avoir peur".

Difficile, cependant, de faire la part du jeu et de la sincérité chez cette jeune femme tour à tour fragile et cassante, jusqu'à faire un doigt d'honneur en direction de Nicolas Chafoulais, le père de Fiona.

Son avocat, Me Renaud Portejoie, défend "un discours d'authenticité" mais une ancienne amie, venue témoigner pour la première fois à la demande d'une partie civile, parle d'une "manipulatrice". "C'est impossible qu'elle ait oublié où se trouve le corps de sa fille", juge-t-elle.

Les deux accusés continuent de marcher sur un fil, incapables l'un comme l'autre, semble-t-il, de s'envoyer au tapis - les coups dont ils s'accusent ne sont jamais liés au décès. Le "pacte de non-agression" qui avait lié leur parole en première instance se fissure mais ne rompt pas.

Vendredi cependant, Cécile Bourgeon a déclaré forfait. Excédée et au bord du malaise la veille, elle ne s'est pas présentée à l'audience. "On a des accusés à bout, ça se sent (...) C'est une forme de fuite, elle a parfaitement conscience qu'elle peut craquer", estime Me Marie Grimaud, avocate d'une association de protection de l'enfance, pour qui "ça montre qu'on n'est pas loin de la vérité".

Son absence n'a pas empêché la tension de monter encore d'un cran, autour d'un apéritif pris mercredi soir par le président de la cour, Étienne Fradin, avec certains conseils de la partie civile et de la défense, dont se sont émus les absents.

Reste à savoir quelles suites ils y donneront, alors qu'une querelle d'avocats - ou d'egos - avait eu raison d'une première audience d'appel en octobre, renvoyée à cette semaine. L'affaire Fiona n'est pas à l'abri d'un nouveau fiasco.

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