Fragilisé, Darmanin annonce une vaste opération anti-"séparatisme" contre 76 mosquées

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Par Sylvie MALIGORNE - Paris (AFP)
Publié le 03 décembre 2020 - 00:12
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Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, le 10 novembre 2020 à l'Elysée, à Paris
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© Ludovic MARIN / AFP/Archives
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, le 10 novembre 2020 à l'Elysée, à Paris
© Ludovic MARIN / AFP/Archives

Fragilisé par les affaires de violences policières, Gérald Darmanin a contre-attaqué mercredi soir sur un autre terrain en annonçant une "action massive et inédite contre le séparatisme" dans les prochains jours visant "76 mosquées".

De façon singulière, le ministre de l'Intérieur a fait cette annonce par un tweet renvoyant à un article du Figaro, qui dévoile une note du 27 novembre envoyée aux préfets dans laquelle M. Darmanin détaille son plan d'action.

"Conformément à mes instructions, les services de l'Etat vont lancer une action massive et inédite contre le séparatisme", écrit ainsi sur Twitter le ministre de l'Intérieur, ajoutant: "76 mosquées soupçonnées de séparatisme vont être contrôlées dans les prochains jours et celles qui devront être fermées le seront".

Dans la note dont le contenu a été confirmé par l'entourage du ministre à l'AFP, M. Darmanin cible 76 lieux de culte à contrôler, 16 en région parisienne et 60 dans le reste de la France.

Sur ces 76 lieux de culte, 18 vont être visés par des "actions immédiates", qui peuvent aller jusqu'à la fermeture.

- 18 cibles prioritaires -

Selon les informations du Figaro, confirmées par le ministère à l'AFP, sur ces 18 mosquées "cibles", trois se trouvent en Seine-Saint-Denis: l'une a ignoré une décision de fermeture prise par le maire de la commune, une deuxième fermée officiellement en 2019 a continué à organiser des prières et la troisième a été visée par un avis défavorable de la commission de sécurité, sans que l’État vérifie la fermeture effective de la mosquée.

Sur les 15 autres lieux, 5 sont situés en grande couronne parisienne ou à proximité immédiate de l'Île-de-France (3 dans le Val-d’Oise, une en Seine-et-Marne et une dans l'Oise) et 10 en région (dont 2 dans l’Hérault, 2 en Vaucluse, le reste notamment en Haute-Garonne, Moselle, Nord, Bas-Rhin, Var).

Au moins un préfet concerné par les cibles prioritaires a affirmé à l'AFP n'avoir pas encore reçu la note.

L'annonce de cette opération intervient une semaine avant que le Conseil des ministres n'examine, le 9 décembre, le projet de loi "confortant les principes républicains" qui vise à lutter contre "les séparatismes" et l'islamisme radical.

Elle survient également au moment où le ministre de l'Intérieur est fragilisé par des violences policières et la contestation de l'article 24 de la proposition de loi sur la "Sécurité globale", déjà voté par les députés.

Il y a d'abord eu la semaine dernière l'évacuation violente d'un camp illégal de migrants au cœur de la capitale, puis la diffusion d'une vidéo montrant des images du passage à tabac par des policiers de Michel Zecler, un producteur de musique noir, à l'intérieur de son studio parisien.

S'agissant du camp de migrants, M. Darmanin avait aussitôt dénoncé des images "choquantes" et demandé un rapport au préfet de police de Paris, qui a conduit à la saisine de la l'IGPN, "la police des polices".

Trois jours plus tard, les images du tabassage du producteur ont soulevé une vague d'indignation jusqu'au président Emmanuel Macron qui a parlé de "honte".

En urgence, l'IGPN a diligenté une enquête qui s'est soldée dimanche par la mise en examen de quatre policiers. Deux d'entre eux ont été mis en détention provisoire.

A cela s'est ajoutée une crise politique autour de l'article 24 du texte "Sécurité globale" qui réprime la diffusion d'images malveillantes contre les forces de l'ordre.

Face à la contestation grandissante et la mobilisation de la presse, Gérald Darmanin a proposé la création d'une "commission indépendante" qui réécrirait cet article 24.

Or, le texte (et son article 24) a été largement voté par l'Assemblée nationale et doit être examiné en janvier par le Sénat, avant un retour devant les députés pour une adoption définitive. Résultat, les députés de la majorité ont hurlé, à commencer par le président LREM de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, et évidemment le Sénat, par la voix de son président LR Gérard Larcher, dénonçant un Parlement bafoué.

Cet incident a provoqué la fureur du chef de l'Etat en début de semaine et conduit à l'annonce d'une réécriture totale de l'article 24.

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