France-Angleterre : au stade de France, on ne mélange pas rugby et Brexit

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Par Marie GIFFARD - Saint-Denis (AFP)
Publié le 02 février 2020 - 17:10
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Les joueurs de l'équipe de France chantent l'hymne national avant le match de tournoi de rugby des Six Nations entre la France et l'Angleterre au stade de France, à Saint Denis, le 2 février 2020.
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© FRANCK FIFE / AFP
Les joueurs de l'équipe de France chantent l'hymne national avant le match de tournoi de rugby des Six Nations entre la France et l'Angleterre au stade de France, à Saint Denis, le
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"God save the Queen" résonne aux alentours du Stade de France et des coqs fanfaronnent sur les écharpes : deux jours après le Brexit, les supporters britanniques venus assister au choc France-Angleterre se refusent à mélanger rugby et politique. Du sport, "rien que du sport".

Avant le début du fameux "crunch" du Tournoi des six Nations, les trottoirs de Saint-Denis sont envahis de maillots blancs et bleus et les joues rouges et les éclats de voix des supporters indiquent que la bière coule depuis quelque temps dans les pubs.

L'humeur est à la fête et le divorce acté vendredi entre le Royaume-Uni et l'Union européenne semble bien loin.

"Le Tournoi des six nations se moque du Brexit. C'est toujours le Tournoi des six nations", affirme Mark Harrison, 52 ans, supporter du XV de la Rose venu de Portsmouth.

Bière à la main, abrité sous un auvent en compagnie d'autres spectateurs du match, français comme anglais, Mark est convaincu que "le rugby et le Brexit sont complètement différents. Le rugby n'a rien à voir avec la politique".

Simon Avery 43 ans, un habitant de Southampton, avoue avoir des "sentiments partagés", quarante-huit heures seulement après la sortie du Royaume-Uni de l'UE.

"C'est triste. Ca paraît encore irréel mais c'est beaucoup trop tôt pour avoir un changement significatif dans le sport, ou la manière dont les gens peuvent le vivre", dit-il.

A la sortie du RER, devant un stand de saucisses, Mark Lawson veut séparer le Brexit du rugby. "C'est triste de ne pas avoir trouvé de solution mais le +crunch+ c'est du sport, juste du sport".

Son ami Graham Ward, de Gloucester, surenchérit : il reconnaît que le Brexit a exacerbé la "confrontation" entre son pays et le reste de l'Union européenne mais, dit-il, "le rugby c'est différent". "Même si sur le terrain, ce sera l'affrontement", prédit-il.

C'est un affrontement entre deux équipes "mais pas entre deux nations, nous sommes tous d'une même nation, celle du rugby", résume-t-il. Et de brandir fièrement les emblématiques colliers d'ail et bérets rouges.

- "Le +crunch+ du changement"-

"Si ce +crunch+ est spécial ? Mais le +crunch+ c'est toujours un jour spécial !" s'amuse Tom Nicholls, évoquant la rivalité ancienne entre France et Angleterre en rugby.

Ce "brexiter" assumé estime qu'il ne faut pas tout mélanger :"Ce n'est rien qu'un match de rugby. La vie est trop courte pour parler politique".

"Le rugby c'est un sport international qui rassemble, pas comme le foot. Nous ne sommes qu'amour. Le Brexit ne rentre pas là-dedans", estime Ron Macguire, un Écossais de 60 ans qui soutient... le XV de la rose.

Côté supporters français, le sujet passionne mais la discussion n'est pas toujours aisée.

"Les Anglais n'osent pas nous répondre quand on leur demande s'ils sont pour ou contre le Brexit", déclare un supporter tricolore, Didier Besseron. "Ca fait deux heures qu'on est avec eux, qu'on leur offre à boire, mais ils veulent pas nous dire ! Je pense qu'ils sont un peu dans la merde. En tout cas, ils gagneront pas aujourd'hui !"

Son ami Jacky Sormin salue ce discours, lève son gobelet de houblon et trinque "au +crunch+ du changement!"

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