France et Espagne, exceptions d'une demande d'asile en baisse

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Par Shahzad ABDUL - Paris (AFP)
Publié le 18 septembre 2019 - 16:48
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La demande d'asile ne cesse de baisser dans les pays de l'OCDE, y compris aux États-Unis, principale destination des demandeurs d'asile. Mais pas en Espagne ni en France, qui ont connu les plus fortes progressions en 2018, souligne l'organisation dans un rapport publié mercredi.

Avec 1,07 million de demandes, l'asile a de nouveau reculé en 2018, que ce soit parmi les pays européens (-10%) ou non-européens (-17%) de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), après avoir émargé à 1,26 million de demandes de protection en 2017. Et loin des records de 2015 et 2016, lorsqu'elles culminaient à 1,65 million.

Paradoxalement, la tendance baissière est insufflée par les États-Unis, pourtant premier pays de l'OCDE en termes d'asile avec 254.000 nouvelles demandes en 2018, selon le rapport "Perspectives des migrations internationales". C'est 77.000 de moins qu'en 2017, lorsque l'Amérique de Donald Trump avait reçu quelque 330.000 demandes.

Le net durcissement de l'administration Trump, qui a lancé en 2018 une politique de "tolérance zéro" envers l'immigration clandestine, n'est peut-être pas étrangère à cette baisse, dans un pays où près de 50% de la demande provient de quatre pays: Salvador, Guatemala, Venezuela et Honduras.

"Le recul du nombre global de demandes dans les pays de l'OCDE (-175.000) est en grande partie lié à trois pays de destination: les États-Unis, l'Italie (-73.000) et l'Allemagne (-36.000)", peut-on lire dans le document. Le reflux est "partiellement contrebalancé par une augmentation en Espagne (+22.300) et en France (+19.000)", souligne encore le rapport, publié à une dizaine de jours d'un débat parlementaire en France sur l'immigration, où la question de l'asile devrait occuper une place prépondérante.

Avec près de 110.000 demandes, la France se situait en 2018 au 4e rang selon l'OCDE, juste derrière la Turquie (116.000) et l'Allemagne (162.000).

- "Pas en première ligne" -

"La baisse en Europe n'est pas uniforme. En France, où l'on constate une augmentation de 20% de la demande d'asile pour la deuxième année consécutive, ce sont les Albanais et les Géorgiens qui tirent la demande, derrière les Afghans", détaille Jean-Christophe Dumont, chef de la division Migrations internationales, en marge de la présentation du rapport. La France ne bénéficie donc pas de la baisse des arrivées en bateau par la Méditerranée centrale, qui se situe à un taux "historiquement bas", un canal par lequel passe l'immigration syrienne ou d'Afrique subsaharienne, rappelle-t-il.

L'hexagone présente également la "spécificité" d'attirer une immigration "secondaire", précise-t-il à l'AFP, évoquant notamment les personnes ayant déjà déposé une demande d'asile dans un autre pays européen: "La France est très exposée à cela".

Pour autant, nuance Jean-Christophe Dumont, auditionné mardi par la Commission des Affaires étrangères du parlement en vue du débat sur l'immigration, "la France n'est pas en première ligne et n'est pas le premier pays en Europe pour l'asile". Surtout si l'on rapporte le nombre de demandes à la population générale: la France devient ainsi sixième derrière la Suède, par exemple.

C'est l'Espagne qui a connu la plus forte croissance de cette demande, avec une explosion de 73% en 2018, à la faveur de la multiplication des arrivées en provenance de la Méditerranée occidentale, surtout de Vénézuéliens. Le Venezuela, désormais, figure dans le top 4 des pays d’origine des demandeurs d'asile avec l'Afghanistan, la Syrie et l'Irak.

Pour l'Espagne, la tendance est spectaculaire: en 2016, le pays recensait 15.000 demandes. En 2018, il en a reçu 52.000.

A l'échelle mondiale, "le nombre de réfugiés enregistrés a également reculé" de 28%, selon l'OCDE. "En 2017, dernière année pour laquelle on dispose de données détaillées (...), 700.000 permis environ ont été délivrés pour raisons humanitaires, contre 900.000 en 2016. D'autres types de migrations permanentes sont cependant en hausse, notamment les migrations de travail (+6%)".

Encore à rebours de la tendance globale, le nombre de réfugiés a lui aussi augmenté en France. "Il ne faut pas nier le problème", reconnaît Jean-Christophe Dumont. "Il y a une pression sur le système. D'autant que la forte demande s'accompagne d'une baisse du taux d'acceptation de l'asile, très faible par exemple pour l'Albanie et la Géorgie, ce qui crée un engorgement."

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