France : retrait de la moitié des produits à base de glyphosate

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Par Emmanuelle TRECOLLE - Paris (AFP)
Publié le 09 décembre 2019 - 17:09
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L'Agence française de sécurité sanitaire (Anses) a annoncé lundi le retrait de 36 produits à base de glyphosate, un herbicide que la France a décidé d'interdire à partir de 2021, une initiative saluée par des défenseurs de l'environnement.

Le gouvernement a pour objectif de sortir de l'essentiel des usages du glyphosate au 1er janvier 2021, et de tous les usages au 1er janvier 2023.

Dans cette optique, il a demandé à l'Anses de procéder, avec l'appui de l'Institut de recherche agronomique INRA, au retrait des autorisations de mise sur le marché français des produits contenant du glyphosate, dès lors que des alternatives existent.

Ainsi, sur les 69 produits à base de glyphosate disponibles, 36 "vont être retirés du marché et ne pourront plus être utilisés à compter de fin 2020, en raison de l'insuffisance ou de l'absence de données scientifiques permettant d'écarter tout risque génotoxique" (susceptible d'endommager l'ADN et de provoquer des mutations génétiques, NDLR), indique l'Anses dans un communiqué lundi.

Ces 36 produits représentaient en 2018 "près des trois quarts des tonnages de produits à base de glyphosate vendus en France", selon l'agence de sécurité sanitaire.

Dans la liste on retrouve notamment 4 références de la marque Roundup, qui appartient aujourd'hui à Bayer après le rachat de Monsanto. Une requête d'Europe Écologie-Les Verts réclamant au tribunal administratif de Lyon l'annulation de la mise sur le marché du Roundup 720 avait été rejetée le 20 novembre pour un motif de procédure soulevé par Bayer.

Pour des raisons identiques, l'Anses "a notifié une décision négative pour 4 des 11 nouvelles demandes d'autorisation déposées depuis janvier 2018 et en cours d'examen".

L'évaluation des dossiers de demande d'autorisation déposés par les entreprises souhaitant renouveler ou obtenir une mise sur le marché de produits à base de glyphosate "a été spécifiquement renforcée en 2017 (...) avec davantage d'exigences impliquant la fourniture de données supplémentaires concernant les risques pour la santé et l'environnement, notamment en matière de génotoxicité de l'ensemble des composants des produits", selon l'Anses.

- "Méthodes standardisées et robustes" -

"Ces nouvelles dispositions requièrent des études spécifiques menées selon des méthodes standardisées et robustes", assure l'Anses, qui poursuit l'examen des demandes de ré-autorisation des produits restants.

"Seuls les produits à base de glyphosate répondant aux critères d'efficacité et de sécurité définis au niveau européen (...) et ne pouvant pas être substitués de façon satisfaisante, bénéficieront in fine de l'accès au marché français", ajoute l'agence, qui finalisera l'ensemble du processus d'évaluation "d'ici le 31 décembre 2020".

L'association Générations Futures s'est réjouie lundi de ces premières décisions de retrait. "Elles confirment que l'innocuité des herbicides à base de glyphosate est un mythe!", a déclaré son directeur François Veillerette, cité dans un communiqué.

Le glyphosate, ce désherbant "à large spectre", a été classé comme "cancérogène probable" en mars 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), dépendant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Cela n'a pas empêché, après deux ans de débats houleux, les Etats membres de l'Union européenne (UE) de reconduire son autorisation en novembre 2017, pour cinq ans supplémentaires.

La Commission européenne, organe exécutif de l'Union, avait alors mis en avant le feu vert de ses agences scientifiques, l'Efsa (sécurité des aliments) et l'Echa (produits chimiques) qui n'ont pas classé la substance comme cancérigène.

Mais des scientifiques et ONG ont dénoncé une évaluation "biaisée" car basée sur des rapports fournis par les industriels.

Le gouvernement français a alors promis que le glyphosate serait interdit "dans ses principaux usages" dans un délai de trois ans, sans attendre les cinq ans décidés au niveau européen.

La suppression de cet herbicide bon marché alourdira cependant les charges des exploitations agricoles avec un coût qui pourrait être compris entre 50 et 150 euros l'hectare, selon un rapport parlementaire publié au mois de novembre.

Les volumes de vente de glyphosate ont augmenté de 12% en France entre 2008 et 2018, malgré le lancement de plans gouvernementaux de réduction des pesticides.

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