Montigny-lès-Metz : la défense de Heaulme dénonce un procès inéquitable en appel

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Par Antoine GUY et Anne LEC'HVIEN - Versailles (AFP)
Publié le 04 décembre 2018 - 05:00
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Francis Heaulme, à Metz le 27 septembre 1995
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© Franck FIFE / AFP/Archives
Francis Heaulme, à Metz le 27 septembre 1995
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Le procès en appel du tueur en série Francis Heaulme, condamné à la perpétuité pour le meurtre de deux enfants à Montigny-lès-Metz en 1986, un crime qu'il a toujours nié, s'est ouvert mardi à Versailles par une déclaration liminaire de ses avocats dénonçant un "procès pas équitable".

"Son procès ne peut plus être équitable", a estimé mardi matin l'avocate de la défense, Me Liliane Glock, qui a, comme en première instance, formulé une déclaration liminaire, demandant dès l'ouverture des débats "l'acquittement" de son client. Des conclusions jugées peu après "irrecevables" par la cour.

Francis Heaulme, rictus habituel et larges lunettes sur le nez, vêtu d'une parka bleue foncée trop grande sur un pull rayé, est resté impassible dans son box, les bras croisés. Après la lecture de ses droits, il a déclaré qu'il allait "répondre aux questions" de la cour.

Cyril Beining et Alexandre Beckrich, huit ans, avaient été retrouvés morts sur le talus d'une voie ferrée dans une commune voisine de Metz, le crâne fracassé à coups de pierres, au soir du 28 septembre 1986.

Un double meurtre qui a valu à Patrick Dils, 16 ans à l'époque, d'être condamné à tort à la perpétuité et de passer 15 ans derrière les barreaux, avant d'être libéré à la faveur de la révision de son procès en 2002.

Ce procès d'assises est le sixième concernant cette affaire: trois ont déjà eu lieu pour Patrick Dils finalement acquitté, et deux pour Heaulme.

"Ce procès n'a pas un délai raisonnable: Francis Heaulme est mis en cause depuis 20 ans dans cette affaire, sans être jugé définitivement", a poursuivi son avocate.

Le 17 mai 2017, la cour d'assises de la Moselle a condamné à la perpétuité celui qu'on appelle le "routard du crime". Pendant son procès, Heaulme n'a pourtant cessé de répéter inlassablement: "Montigny, c'est pas moi".

L'accusé, 59 ans, a déjà été reconnu coupable de neuf autres meurtres mais pour autant, il "n'accepte pas qu'on dise qu'il a tué les enfants de Montigny", résume sa défense.

A la suite de l'acquittement et la libération de Patrick Dils, l'instruction avait été rouverte, avec dans le collimateur Francis Heaulme, incarcéré depuis 1992 pour une série de meurtres commis un peu partout en France.

- Absence de preuves -

Son premier procès, en 2014, avait été interrompu car le nom d'un autre homme était revenu de façon spectaculaire dans la procédure: Henri Leclaire, déjà soupçonné dans les années 1980 et finalement mis hors de cause début 2017, faute d'éléments suffisants.

Trente-deux ans après les faits, Me Glock a aussi dénoncé, dans sa déclaration, l'absence de preuves matérielles: tous les scellés ont en effet été détruits en 1995, le parquet considérant l'affaire close avec Patrick Dils sous les verrous.

Mais pour l'accusation, la culpabilité de Heaulme ne fait aucun doute. Sa présence sur les lieux à l'époque des faits, les témoignages de deux anciens codétenus ayant recueilli ses confidences et des similitudes avec quatre de ses meurtres - une "quasi-signature criminelle" - le désignent comme le meurtrier.

Côté parties civiles, seule la mère de Cyril Beining, Chantal Beining, était assise sur le banc mardi matin. "J'espère que, à la fin de ce mois, on aura terminé cette épopée judiciaire", a déclaré son avocate Me Dominique Boh-Petit, qui soutient avec sa cliente la thèse d'un Francis Heaulme coupable, contrairement à la famille Beckrich.

Dans ce dossier, "on a des impressions, des intuitions", mais "on ne soutiendra pas l'accusation parce qu'une partie civile ne peut se contenter d'une intime conviction", avait expliqué à l'AFP leur avocat, Me Dominique Rondu.

Le procès devant la cour d'assises des Yvelines durera 14 jours, au cours duquel 81 témoins seront entendus, avec un verdict attendu le 21 décembre. L'audition de Patrick Dils, qui avait constitué l'un des moments forts du procès de mai 2017, doit avoir lieu lundi.

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