Françoise Bourdin la (quasi) inconnue aux 15 millions de livres

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Par Alain JEAN-ROBERT - Giverny (France) (AFP)
Publié le 19 juin 2019 - 10:04
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Françoise Bourdin dans sa maison normande, le 17 juin 2017
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Françoise Bourdin dans sa maison normande, le 17 juin 2017
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

La romancière Françoise Bourdin n'est jamais invitée sur les plateaux de télévision, est rarement citée dans les pages littéraires des journaux, pourtant elle compte parmi les dix écrivains les plus vendus en France.

"Il y a un certain mépris pour la littérature populaire", regrette la romancière aux plus de 15 millions d'ouvrages vendus, traduits en 12 langues.

Son nouveau roman, "Si loin, si proches" (Belfond) bénéficie d'un tirage exceptionnel de 80.000 exemplaires, soit 25 fois plus que le tirage moyen d'un roman en France. Son livre, où se mêlent passion amoureuse et défense de la cause animale, a intégré dès sa sortie le palmarès des meilleures ventes de romans du magazine professionnel Livres Hebdo.

Comme ses 45 précédents livres, "Si loin, si proches" est quasiment assuré d'être un nouveau best-seller. Publié l'an dernier "Gran Paradiso" (un roman où l'on découvrait les personnages de "Si loin, si proches") s'est écoulé à 75.000 exemplaires. Le titre vient de sortir en poche chez Pocket.

Âgée de 67 ans, la romancière qui a choisi de vivre loin de Paris, "trop sale et trop bruyant", revendique d'écrire "des histoires qui nous ressemblent".

"Les gens qui méprisent ce que j'écris n'en ont évidemment jamais lu un seul paragraphe. C'est très injuste. C'est un a priori élitiste", se défend devant l'AFP l'écrivaine et à la voix légèrement rocailleuse de fumeuse impénitente.

Mais, insiste-t-elle, "je ne déçois pas mon lectorat". "Ceux qui prennent la peine de me lire y trouvent un certain plaisir", assure-t-elle. "A un moment, reconnaît-elle, on s'est dit que mon lectorat, majoritairement féminin et âgé de plus de 50 ans, allait s'effriter".

"En réalité, ça ne s'est pas passé comme ça. Mon lectorat s'est reconstitué avec les filles qui trouvaient un de mes bouquins chez leur mère et en achetaient à leur tour. Ça continue et c'est super...", explique Françoise Bourdin.

- Une famille pas ordinaire -

Levée autour de 06H00, la romancière, installée dans une grande longère normande de la vallée de la Seine, non loin de Giverny, se met immuablement devant son ordinateur chaque matin pour écrire.

"Si l'inspiration ne vient pas, je vais me promener en forêt avec mes chiens", dit-elle en souriant tandis que ses deux compagnons à quatre pattes, un Border Collie et un Beauceron, viennent mendier une caresse. Le plus souvent, l'inspiration est là. La romancière publie un roman par an, voire deux.

"Ce que j'aime écrire ce sont de grandes sagas familiales", avoue-t-elle.

La famille de Françoise Bourdin n'était pas ordinaire. Ses parents, Georges Bourdin et Geori Boué, étaient des chanteurs lyriques réputés, enchaînant les tournées à l'étranger. La romancière se souvient avoir vu sa mère interprétant le rôle titre de "Mireille", l'opéra de Charles Gounod, au théâtre d'Arles. "Quand Mireille meurt dans les bras de son amant, je me suis mise à pleurer toutes les larmes de mon corps étonnée de voir le public, debout, applaudir à tout rompre", raconte-t-elle le sourire aux lèvres.

"Je ne voyais pratiquement jamais mes parents", dit sans amertume la romancière élevée avec sa sœur par son oncle et sa tante. Françoise Bourdin garde de cette époque une impression enivrante de liberté. Elle découvre la littérature en puisant dans la vaste bibliothèque de son père qui "nous laissait tout lire".

L'adolescente "brise-fer" écrit également des nouvelles et bientôt un premier roman ("Les soleils mouillés") que Julliard publie en 1972 alors qu'elle n'est pas encore majeure. Un deuxième roman, "De vagues herbes jaunes" paraît l'année suivante et sera adapté pour la télévision par Josée Dayan.

La mort de son père en 1973 bouleverse les cartes. Françoise Bourdin ressent le besoin de s'enivrer de nouvelles sensations. Il y a cette "passion dévorante" des chevaux. Dans son petit cabinet de travail, elle a gardé une photo d'elle au grand galop (et sans casque!) sur une piste de Maisons-Laffitte. Elle achète une Triumph Spitfire - un petit cabriolet anglais - pour assouvir son besoin "d'aller vite".

Sa passion pour l'écriture renaîtra après la naissance de ses filles mais retrouver un éditeur "ne fut pas si simple". En 1991, après maints refus, deux éditeurs lui répondent coup sur coup favorablement. Ça tombe bien, elle a plusieurs manuscrits d'avance dans ses tiroirs. Elle en a toujours.

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