G7 : Les Européens harponnent Trump sur le commerce

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Par Jérôme RIVET, Laurence BENHAMOU, Valérie LEROUX - Biarritz (AFP)
Publié le 24 août 2019 - 17:37
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Les dirigeants européens ont harponné Donald Trump dès son arrivée samedi au sommet du G7 en France en l'avertissant que les guerres commerciales ruineraient l'économie mondiale et qu'ils ne le laisseraient pas s'en prendre au vin français.

Le président français Emmanuel Macron, hôte du sommet qui s'ouvre dans la soirée à Biarritz (sud-ouest), a averti lors d'une brève allocution télévisée, que "les tensions commerciales sont mauvaises pour tout le monde".

Plus inattendu, le nouveau Premier ministre britannique Boris Johnson a aussi taclé le président américain avec qui il ambitionne pourtant de conclure un grand accord commercial une fois le Brexit acté.

"Je suis très inquiet (...) Ce n'est pas une manière de faire", a-t-il déclaré en pointant la guerre des droits de douane entre Pékin et Washington.

"Les guerres commerciales conduiront à la récession, alors que les accords commerciaux boostent l'économie", a martelé le président du Conseil européen Donald Tusk alors que Donald Trump atterrissait en France à la mi-journée.

Le président américain a rejoint dès son arrivée son homologue français pour un déjeuner en tête-à-tête à l'ombre d'une élégante terrasse, improvisé selon l'Eysée.

Pendant deux heures, son hôte français a tenté de déminer les principaux points de friction, expliquant longuement à Donald Trump ses positions tant sur l'Iran que sur la taxation des géants du numérique ou la lutte contre les feux en Amazonie.

"Il y a des éléments de convergence" entre eux sur tous ces sujets, a assuré l'entourage du président français après le déjeuner. "Il a créé les conditions pour un bon niveau de convergence au sein du groupe (G7) en obtenant des clarifications de Donald Trump", "accords et désaccords compris".

"Viens de sortir de déjeuner avec le président français @EmmanuelMacron", "de nombreuses bonnes choses arrivent pour nos deux pays. Grand week-end avec d'autres dirigeants du monde", a sobrement tweeté l'imprévisible leader américain.

Il avait adopté un tout autre ton avant d'arriver à Biarritz, menaçant la France de représailles pour sa décision de taxer les géants du numérique, pour beaucoup américains.

"S'ils le font, nous imposerons des droits de douane sur leurs vins", "des droits de douane comme ils n'en ont jamais vus", avait-il averti.

L'Union européenne a promis de riposter. "Si les Etats-Unis imposent des taxes, alors l'Union européenne répondra sur le même plan", a déclaré Donald Tusk.

Le président américain a aussi une nouvelle fois soufflé sur les braises de la guerre commerciale qui oppose les Etats-Unis à la Chine, plombant l'économie mondiale.

Après l'annonce par Pékin de nouveaux droits de douane, il a décrété que la totalité des 550 milliards de dollars de produits chinois importés aux Etats-Unis seraient frappés de taxes encore plus lourdes d'ici à la fin de l'année.

- "L'appel de la forêt" -

"Les Etats-Unis subiront les conséquences de leurs actes", n'a pas tardé à répliquer un porte-parole du ministère chinois du Commerce.

Le président français a soigné au millimètre la chorégraphie du sommet, qui lui permet de peaufiner son image de leader de l'Europe, face à une Angela Merkel en bout de course et un Royaume-uni "sortant".

Pendant trois jours, les sept dirigeants les plus influents du monde "libre", vont multiplier les échanges informels dans le somptueux décor de Biarritz, ancien rendez-vous des têtes couronnées, avec en toile de fond un Atlantique bleu azur.

Anticipant les divisions, Emmanuel Macron à renoncé à l'exercice du communiqué final, péniblement négocié, pour des échanges francs et directs.

Les sept dirigeants devaient se pencher dès le dîner d'ouverture samedi sur l'urgence du moment, l'embrasement de l'Amazonie, l'un des poumons verts de la Terre.

"Nous devons répondre à l'appel de l'océan et à l'appel de la forêt qui brûle aujourd'hui en Amazonie de manière très concrète", a lancé Emmanuel Macron qui a aussi placé le climat au coeur du sommet.

Les discussions pourraient être houleuses alors qu'il a accusé le président brésilien Jair Bolsonaro, dont les positions climatosceptiques sont proches de celle de Donald Trump, d'avoir "menti" sur ses engagements sur le climat et d'"inaction" face aux incendies qui dévastent depuis des jours le poumon vert du monde.

Après Berlin, Madrid a toutefois exprimé samedi son désaccord avec la perspective d'un blocage de l'accord commercial entre l'UE et le Mercosur, évoquée par Paris.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk a cependant estimé qu'il serait "difficile d'imaginer" que l'UE puisse ratifier un tel accord tant que le Brésil "permettra la destruction" de l'Amazonie.

- Pacifique manif des "anti" -

Autre rendez-vous très attendu, le premier tête-à-tête prévu dimanche matin entre Donald Trump et Boris Johnson, dont le président américain loue les qualités et les positions, notamment sur le Brexit.

En arrivant, Boris Johnson a réitéré sa position: l'UE doit "laisser tomber" le dispositif pour la frontière irlandaise (backstop), si elle veut éviter une sortie sans accord du Royaume-Uni de l'UE.

Emmanuel Macron essaiera aussi d'obtenir des avancées sur la lutte contre les inégalités ou l'éducation en Afrique, en élargissant le cercle du G7 à des acteurs comme l'Inde et l'Australie.

Avant d'entrer dans le vif du sujet dimanche, les dirigeants présents au G7 et leurs conjoints se sont retrouvés pour un dîner gastronomique informel au pied du phare de Biarritz.

Dans la journée, l'opposition au G7 s'est mobilisée hors de Biarritz, sécurisée par 13.000 membres des forces de l'ordre qui bloquent le cente-ville.

Plusieurs milliers "d'anti" - anticapitalistes et altermondialistes - ont pacifiquement défilé dans la matinée d'Hendaye à la ville frontière espagnole d'Irun, démentant les craintes de débordement après la mobilisation sociale des "gilets jaunes" cet hiver en France.

Des centaines de personnes sont également descendues dans les rues de Bayonne malgré le déploiement d'un très important dispositif de police, qui a brièvement fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes.

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