Gard : 30 ans de réclusion pour le compagnon de Ninon, frappée à mort à 20 ans

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Par Boris DE LA CRUZ - Nîmes (AFP)
Publié le 07 février 2020 - 20:51
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Le compagnon d'une jeune étudiante, Ninon, tuée par "une avalanche de coups" en 2016, a été condamné vendredi à 30 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Nîmes.

La cour a suivi les réquisitions concernant la durée de la peine mais sans l'assortir d'une période de sûreté de 20 ans, comme l'avait réclamé l'avocate générale.

Depuis mercredi, Abdessadek Boumajane, 27 ans, sans emploi et condamné quatre fois pour des affaires de stupéfiants, était jugé pour "meurtre par conjoint" dans la nuit du 19 au 20 novembre 2016, dans l'appartement loué par l'étudiante en droit dans le centre de Nîmes.

"C’est parce que Ninon s’éloigne de lui que tout cela lui est insupportable... Il entend dominer, il ne supporte pas d’être quitté et il élimine l’autre. On est dans un contexte d'acharnement, d’avalanche de coups", a souligné vendredi l'avocate générale Pascale Palau.

Originaires de la Drôme, la victime et l'accusé se connaissaient depuis plusieurs années et vivaient ensemble depuis deux mois à Nîmes, où l'étudiante espérait "l'éloigner de ses mauvaises fréquentations" liées à la vente de drogue, a expliqué à la barre une amie d'enfance de Ninon. "Son plus beau rêve était de s’installer avec lui. Elle savait qu’il était impulsif, mais elle pensait le changer".

L'avocate générale évoque au sujet de cette relation un "contexte de violences conjugales...du début à la fin". Quinze jours avant le drame, ses amies de la faculté constatent que Ninon a un coquard à l'oeil. Elle reste une semaine absente puis revient avec les deux yeux tuméfiés le 18 novembre, la veille de sa mort.

- "Une femme se fait fracasser" -

Dans la nuit du 19 au 20 novembre 2016, des voisins alertent la police vers minuit trente: "Une femme se fait fracasser", dit l'un d'entre eux au centre opérationnel. Mais lorsque les policiers arrivent sur place, le tapage a cessé et le lieu des violences ne peut être déterminé.

Plusieurs heures plus tard, le compagnon appelle les secours avant de quitter l'appartement. Sur place, policiers et pompiers découvrent "le corps d’une femme le visage tuméfié et les yeux exorbités", dira un enquêteur.

"Il y avait du sang partout, des scènes de violence dans chaque pièce de cet appartement", a raconté le directeur d’enquête de la police judiciaire, qui parle "d'un des meurtres les plus marquants" de ses 35 ans de carrière.

Ninon "est morte d'une longue agonie entre minuit et 2h du matin cette nuit-là", a certifié le légiste Mounir Benslima. "Elle est décédée d'une hémorragie méningée, elle était sauvable si les secours étaient arrivés avant", a-t-il ajouté.

"Il l’a laissée agoniser, puis il l’a abandonnée dans l'appartement", a souligné Me Isabelle Mimran, avocate de la famille de la victime parlant d'une jeune femme "martyrisée" des pieds à la tête.

"Vous réclamez une peine d'élimination. Il est conscient, il a des regrets, vous devez rendre une justice de raison, de mesure, de proportionnalité", avait pour sa part plaidé l'avocat de l'accusé, Me Cyril Malgras.

Le jeune homme avait pris la parole avant que la cour ne se retire pour délibérer: "Même le jour où je serai libéré, je resterai emprisonné dans ma tête et je demande encore une fois pardon", avait-il déclaré en s'adressant aux parents de Ninon.

Arrêté le 20 novembre au matin alors qu'il errait dans les rues de Nîmes, il a livré peu d'explication au cours du procès. "Ce soir-là, j'ai acheté de la cocaïne et du whisky. Elle ne me répondait pas. On s'est souvent disputés mais je ne voulais pas la tuer", a-t-il affirmé.

Depuis quelques mois, la question des violences contre les femmes, notamment dans le cadre conjugal, est plus présente dans le débat public. En 2019, l'AFP a recensé au moins 126 cas de femmes tuées par leur compagnon ou ex, soit une femme tous les trois jours en moyenne.

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