Gard : des agricultrices en première ligne face à une sécheresse "historique"

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Par AFP
Publié le 04 novembre 2017 - 12:59
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Jérôme Bonnet, un viticulteur montre une grappe de raison affectée par la sécheresse en France le 6
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Jérôme Bonnet, un viticulteur montre une grappe de raison affectée par la sécheresse en France le 6 septembre 2016 près de Lézignan-Corbières.
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Terre sèche, dure ou se transformant en poussière, réductions drastiques de récoltes, pâturages, végétaux et arbres "cramés": dans le Gard affecté depuis six mois par une sécheresse "historique", trois agricultrices témoignent des conséquences directes du réchauffement climatique sur leur activité.

Pour Mélissa Brun, 33 ans, qui élève des brebis et récolte des châtaignes à Chamborigaud, au pied du mont Lozère, "c'est une sécheresse exceptionnelle qui a eu des conséquences directes sur (son) activité". Comme nombre de confrères, sur la récolte de châtaignes qui touche à sa fin, la jeune femme a subi une diminution de sa récolte de 40% et n'a pu vendre de châtaignes fraîches.

Côté élevage, "le foin que j'ai récolté à la fin du printemps et qui sert normalement à alimenter les brebis jusqu'en février est déjà terminé car toutes les pâtures sont cramées depuis l'été, ce qui affecte aussi la qualité du lait pour les agneaux", explique Mélissa Brun. Elle devra acheter environ 10 tonnes de foin de plus que les autres années alors que la sécheresse a fait s'envoler la demande de fourrage et donc les prix.

Mais selon la jeune femme, "ce n'est que le début d'une longue série" d'années de sécheresse. "On s'interroge sur l'avenir car on est vraiment en première ligne face au réchauffement climatique", affirme la jeune éleveuse. Elle envisage pour l'année prochaine de faire partir son troupeau en estive. Habituellement, il contribue à débroussailler la châtaigneraie pendant l'été avant la pose des filets pour la récolte.

Viticultrice près de Nîmes et secrétaire générale des Jeunes agriculteurs du Gard, Delphine Fernandez, 30 ans, qui a repris cette année l'exploitation familiale, a subi une perte de 25% de sa récolte. "Démarrer avec une année aussi faible, c'est difficile, ça réduit les possibilités d'investissement", dit-elle. Après un printemps froid suivi d’une sécheresse exceptionnelle, les vendanges 2017 sont les plus faibles depuis l’après-guerre dans le Gard.

Sur les 50 hectares de vignes de Delphine Fernandez, dix sont déjà irrigués et cinq de plus le seront l'année prochaine. "C'est la solution la plus pérenne", estime-t-elle, les cépages dits "résistants" n'étant qu'au stade de l'expérimentation.

-"mourir brûlés"-

Pour Laetitia Roman, 38 ans, qui produit des fruits et légumes à Vers-Pont-du-Gard, la question de l'arrosage est aussi cruciale que la préservation des ressources en eau. "Normalement, on arrête d'arroser à partir de fin août mais cette année il n'y a pas eu les pluies intermittentes habituelles", explique-t-elle. "C'est très problématique, notamment pour certains arbres fruitiers plus fragiles", abricotiers, pruniers anciens ou cerisiers.

"Il y en a que je vais perdre", dit-elle, même si le bilan ne pourra se faire qu'au printemps 2018. La jeune femme a pourtant mis une partie de ses arbres fruitiers au goutte à goutte, "un mode d'arrosage écologique" sur lequel il devrait y avoir plus de formations pour préserver l'eau et éviter que certains "se mettent hors-la-loi", en la gaspillant, observe-t-elle.

Fin octobre, le préfet du Gard a fait état d'un "déficit historique de précipitation" enregistré dans le département au cours des six derniers mois et décidé de prolonger les mesures de restriction des usages de l'eau jusqu'au 15 novembre. Les bassins versants du Vidourle, du Gardon, de la Cèze sont notamment considérés comme étant "en niveau de crise".

"Je pense que ce phénomène de sécheresse va durer et s'intensifier", dit Laetitia Roman. "Il faudra s'adapter", estime-t-elle, "mais il y a des espèces végétales qui vont disparaître, on le voit bien en garrigue avec des plantes comme les cades (des genévriers méditerranéens) ou même des pins ou des chênes verts qui sont en train de mourir brûlés".

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