A Paris, dans les pas des milliers de "gilets jaunes" entre Bercy et l'Etoile

Auteur:
 
Par Marie DHUMIERES et Romain FONSEGRIVES - Paris (AFP)
Publié le 12 janvier 2019 - 20:33
Image
Des manifestants "gilets jaunes" à La Rochelle, le 12 janvier 2019
Crédits
© XAVIER LEOTY / AFP
Des manifestants "gilets jaunes" à La Rochelle, le 12 janvier 2019
© XAVIER LEOTY / AFP

De Bercy aux Champs-Elysées, ils ont voulu faire les "soldes" à leur façon: environ 8.000 "gilets jaunes", visiblement remobilisés, ont battu le pavé parisien d'abord dans le calme avant les quelques heurts dans l'après-midi. Le récit de l'acte 9 dans les pas du cortège.

- 8H30: les premiers "gilets jaunes" arrivent dans le calme -

Au petit matin, les Champs-Elysées, point de ralliement récurrent des "gilets jaunes", se figent de nouveau dans un périmètre de sécurité renforcé pour ce 9e acte de la mobilisation. Il est 8h30 et des "gilets jaunes" se sont donnés rendez-vous sur la célèbre avenue où doit converger plus tard un cortège. Pour Patrick, 37 ans, venu de Savoie, c'est sa "première fois" à Paris. "On voulait voir au moins une fois de nos propres yeux ce qu'il se passait ici", explique-t-il.

- 11H00: coup d'envoi de la marche des "soldes" à Bercy -

Plusieurs centaines de "gilets jaunes" s'élancent du parvis du ministère de l'Economie à Bercy, point de départ d'une longue marche dans Paris à l'appel notamment d'Eric Drouet, l'une des figures du mouvement lancé il y a deux mois. Leur mot d'ordre? "On va faire les soldes à Paris!".

Le groupe Action antifasciste Paris Banlieue s'est lui aussi donné rendez-vous à 11H00 à Bercy, avant d'autres actions organisées contre un rassemblement du groupuscule d'extrême droite Génération identitaire, prévu à 18H00.

- 12H00: des milliers de manifestants à Bastille -

Sous les sifflets et aux cris de "Macron démission", le cortège rallie bruyamment la place de la Bastille, mais toujours dans le calme, a constaté un journaliste de l'AFP. Puis les "gilets jaunes" poursuivent au pas de charge leur marche dans Paris, en direction des Champs-Elysées, emmenés par un service d'ordre porteur de "brassards blancs". "Il y a un regain assez formidable depuis une semaine et qui va encore s'accentuer", prédit Thibault Devienne, 23 ans, un "gilet jaune" de Juvisy.

- 14H00: arrivée du cortège à l'Etoile -

Après une traversée de Paris sans incident notable, le cortège arrive finalement vers 14H00 à destination, sur les Champs-Elysées et le rond-point de l'Etoile, aux cris notamment de "Castaner nique ta mère". Dans le ciel gris de Paris, un hélicoptère survole la zone, ceinturée par les forces de sécurité. Très rapidement, la situation se tend.

- 14H30: premiers heurts autour de l'arc de triomphe -

Avenue de Wagram, les manifestants lancent des projectiles sur les forces de l'ordre qui répliquent par des tirs de gaz lacrymogène. La plupart sont venus équipés: casques, masques et fumigènes pour certains.

Un blessé est exfiltré de la place de l'Etoile, sous une couverture de survie, par des secours bénévoles. "Il s'est pris une balle de flashball", affirme à l'AFP l'un des secouristes en t-shirt et casque blanc. Une femme blessée à la tête est quant à elle évacuée sur un fauteuil roulant par deux pompiers, a constaté un journaliste de l'AFP. Une équipe de journalistes a également été prise à partie.

- 16H00: canons à eau et lacrymogènes -

Les tensions se concentrent également sur l'avenue de Friedland où les forces de l'ordre font reculer les quelques centaines de manifestants qui arrivent depuis la place de l'Étoile. Ils sont repoussés à renfort de gaz lacrymogène jusqu'à la gare Saint-Lazare.

Parmi ces "gilets jaunes" peu semblent enclin à l'affrontement avec les forces de l'ordre et se dispersent rapidement, a rapporté une journaliste de l'AFP. Mais les plus motivés continuent à jouer au jeu du chat et de la souris avec les forces de l'ordre, qui font un usage intensif du canon à eau.

Dans les rues, ouvertes à la circulation, entre l'Étoile et Saint-Lazare, de nombreux gilets jaunes mêlés aux passants, déambulent au hasard, en se demandant où aller. L'Assemblée nationale ? La Madeleine ? Revenir aux "Champs" ? "Le problème c'est qu'il nous gazent de partout, mais nous aussi on est partout dans Paris. On les fait courir", sourit un manifestant, la soixantaine, venu des Hauts-de-Seine.

- 17H00: premières dispersions -

Sur les Champs-Elysées, la situation est encore tendue mais les groupes commencent à se disperser.

Alors que la nuit commence à tomber sur le brouillard de lacrymogènes, le Chant des Partisans et la Marseillaise résonnent en même temps que les tirs de lanceurs de balles de défense. En cordons serrés, les forces de l'ordre appuyées par un camion lanceur d'eau font bloc devant les derniers manifestants massés autour de l'Arc de triomphe pour les empêcher de descendre les Champs-Elysées. A 17H30, les premiers fourgons de gendarmerie et deux blindés quittent les lieux.

- 19H00: retour au calme -

A cette heure, les autorités ne recensent plus aucun groupe important de "gilets jaunes" dans la capitale, notamment sur les Champs-Elysées où la pression est nettement retombée: les badauds habituels sont de retour sur la célèbre avenue.

Place Saint-Augustin, certains s'éloignent en retirant leurs gilets, d'autres continuent mais se dispersent dans le secteur de la gare Saint-Lazare coursés par des CRS, a constaté une journaliste de l'AFP.

Avenue Marceau, l'acte 9 se termine sur le ton de la rigolade: "bon ben à samedi prochain", lance un petit groupe à des CRS en retrait. "Ça marche", leur répondent les fonctionnaires.

mdh-rfo-am-sva-grd-nal/tib/cbo

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.