"Gilets jaunes" : les étapes d'une fronde inédite en France

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Par AFP - Paris
Publié le 22 décembre 2018 - 05:00
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Une manifestante issue des "gilets jaunes" tient le drapeau français lors d'un rassemblement à Nantes, le 22 décembre 2018
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© Sebastien SALOM-GOMIS / AFP
Une manifestante issue des "gilets jaunes" tient le drapeau français lors d'un rassemblement à Nantes, le 22 décembre 2018
© Sebastien SALOM-GOMIS / AFP

En plus d'un mois, le mouvement inédit des "gilets jaunes", né sur les réseaux sociaux, a essaimé dans toute la France, donné lieu à des scènes d'émeutes à Paris, et amené le gouvernement à adopter à marche forcée des mesures sociales.

Ces événements ont fait dix morts, pour la plupart lors d'accidents à des barrages, et plus de 1.400 blessés depuis le 17 novembre.

- Vidéo accusatrice -

Dans une vidéo sur Facebook postée le 18 octobre, rapidement virale, une inconnue, Jacline Mouraud, interpelle "Monsieur Macron", dénonçant "la traque aux conducteurs". Une pétition "Pour une baisse des prix du carburant" cartonne sur internet.

- "Mobilisation générale" -

Le samedi 17 novembre, la première journée de blocage de routes rassemble en France près de 290.000 manifestants arborant un gilet jaune fluorescent, action organisée en dehors de tout parti ou syndicat.

L'île de La Réunion est secouée par une flambée de violence. Ailleurs des ronds-points sont "occupés" durablement.

- "Acte 2" -

Samedi 24 novembre, pour l'"acte 2" de leur mobilisation, des manifestants s'opposent durement aux forces de l'ordre sur les Champs-Élysées à Paris.

Quelque 166.000 manifestants en France (dont 8.000 à Paris) sont recensés.

- Premières annonces -

Le 27 novembre, Emmanuel Macron dit vouloir adapter la fiscalité des carburants aux fluctuations de prix et organiser une "grande concertation" dans les territoires.

- Chaos à Paris -

Le 1er décembre, le troisième samedi de mobilisation donne lieu à de multiples violences, surtout à Paris, où l'Arc de Triomphe et plusieurs quartiers huppés connaissent des scènes de guérilla urbaine.

Le ministère de l'Intérieur recense 136.000 manifestants en France.

- Hausses de taxes annulées -

Alors que les blocages de routes, zones commerciales et dépôts pétroliers se poursuivent, des lycéens suivent le sillage de la contestation à partir du 3 décembre.

Le 4, Édouard Philippe annonce la suspension pour six mois de la hausse de la fiscalité sur les carburants et du durcissement du contrôle technique automobile, ainsi qu'un gel des tarifs du gaz et de l'électricité "durant l'hiver".

Le 5, Emmanuel Macron fait savoir que les augmentations de taxes sur les carburants sont annulées pour 2019.

- Nouveaux heurts -

Le samedi 8, sur fond de déploiement massif des forces de l'ordre, des heurts éclatent à Paris et en province. "L'acte 4" du mouvement mobilise 136.000 manifestants et se solde par près de 2.000 interpellations et des dégâts à Paris, Bordeaux ou Toulouse.

- Annonces présidentielles -

Le 10 décembre, Emmanuel Macron annonce une hausse de 100 euros par mois pour les salariés payés au Smic -à la charge de l'Etat-, des heures supplémentaires "sans impôts ni charges" et une exemption nouvelle de la hausse de CSG pour certains retraités. Les mesures annoncées par l'exécutif depuis le début du mouvement sont évaluées à 10 milliards d'euros.

Après l'attentat du 11 décembre à Strasbourg (cinq morts), le gouvernement, la CFDT et des politiques appellent les "gilets jaunes" à ne pas manifester le samedi suivant.

Le 13 décembre, une motion de censure de la gauche est rejetée à l'Assemblée nationale.

- Mobilisation en baisse -

Mobilisation plus calme et en baisse le samedi 15 décembre. Le ministère de l'Intérieur recense 66.500 manifestants en France. Quelques échauffourées surviennent à Paris et quelques autres villes.

- Marche forcée -

Edouard Philippe annonce le dimanche 16, dans les Echos, un débat sur le référendum d'initiative citoyenne (RIC), une des principales revendications des "gilets jaunes".

Lundi 17, les forces de police commencent des évacuations de ronds-points qui se poursuivront toute la semaine.

Mardi, Matignon abandonne en partie, puis finalement maintient, des premières aides à la transition énergétique annoncées mi-novembre.

Mercredi, le ministère de l'Intérieur accepte de revaloriser les salaires des policiers après leur mobilisation face aux "gilets jaunes".

Vendredi, le Parlement (l'Assemblée nationale puis le Sénat) vote l'essentiel des mesures annoncées par Emmanuel Macron tandis que des "gilets jaunes" mènent des actions sporadiques, fêtant à leur manière le 41e anniversaire du chef de l'Etat.

- Blocages aux frontières-

Mobilisation en baisse pour "l'acte 6" du mouvement, samedi 22 décembre, avec des défilés épars, la poursuite de barrages routiers et des blocages aux frontières avec l'Espagne, l'Italie ou l'Allemagne.

Le ministère de l'Intérieur a dénombré 38.600 manifestants à 18H00 à travers le pays contre 66.000 une semaine plus tôt. A Paris, ils étaient 2.000, deux fois moins que sept jours avant.

doc-paj-jba-vdr-ot/mja

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