"Gilets jaunes" : les étapes d'une fronde inédite en France

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Par AFP - Paris
Publié le 26 janvier 2019 - 05:00
Mis à jour le 27 janvier 2019 - 10:57
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Manifestation de "gilets jaunes", le 26 janvier 2019 à Quimper
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© Fred TANNEAU / AFP
Manifestation de "gilets jaunes", le 26 janvier 2019 à Quimper
© Fred TANNEAU / AFP

Le mouvement inédit des "gilets jaunes", né sur les réseaux sociaux, a essaimé dans toute la France, donné lieu à des scènes de guérilla urbaine et amené le gouvernement à adopter des mesures sociales et à lancer un grand débat.

Depuis le 17 novembre, ces événements ont fait dix morts, pour la plupart lors d'accidents à des barrages, et plus de 2.000 blessés (manifestants ou forces de l'ordre).

- "Traque aux conducteurs" -

Dans une vidéo sur Facebook postée le 18 octobre, rapidement virale, une inconnue, Jacline Mouraud, interpelle "Monsieur Macron" et dénonce "la traque aux conducteurs". Une pétition "Pour une baisse des prix du carburant", lancée par une auto-entrepreneuse, Priscillia Ludosky, cartonne sur internet.

Le samedi 17 novembre, la première journée de blocage de routes rassemble en France 282.000 manifestants arborant un gilet jaune fluorescent.

Des ronds-points sont "occupés", les revendications des manifestants s'élargissent.

- Premières annonces -

Samedi 24 novembre, pour l'acte 2 de leur mobilisation, des manifestants s'opposent durement aux forces de l'ordre sur les Champs-Élysées à Paris. Quelque 166.000 manifestants en France (dont 8.000 à Paris) sont recensés.

Le 27, Emmanuel Macron dit vouloir adapter la fiscalité des carburants aux fluctuations de prix et organiser une "grande concertation" dans les territoires, qui deviendra le grand débat.

- Chaos à Paris -

Le 1er décembre, le troisième samedi de mobilisation donne lieu à de multiples violences, surtout à Paris, où l'Arc de Triomphe et plusieurs quartiers huppés autour connaissent des scènes de guérilla urbaine.

Le ministère de l'Intérieur recense 136.000 manifestants en France.

- 100 euros pour les Smicards -

Le 4 décembre, le Premier ministre Édouard Philippe annonce la suspension pour six mois de la hausse de la fiscalité sur les carburants. Le lendemain, Emmanuel Macron fait savoir que l'augmentation est purement et simplement annulée pour 2019.

Le samedi 8, l'acte 4, émaillé de heurts, mobilise 136.000 manifestants.

Le 10 décembre, Emmanuel Macron annonce une hausse de 100 euros par mois pour les salariés payés au Smic, des heures supplémentaires "sans impôts ni charges" et une nouvelle exemption de hausse de CSG pour certains retraités. Les mesures annoncées depuis le début du mouvement sont évaluées à 10 milliards d'euros.

- Mobilisation en baisse -

Mobilisation plus calme et en baisse le samedi 15 décembre, avec 66.500 manifestants recensés.

Le ministère de l'Intérieur accepte trois jours plus tard de revaloriser les salaires des policiers.

Le 21, le Parlement vote les mesures d'urgence annoncées par Emmanuel Macron.

L'Intérieur dénombre 38.600 manifestants à travers le pays pour l'acte 6, samedi 22, et 32.000 pour l'acte 7 au milieu des fêtes, samedi 29.

- Rebond de participation -

La mobilisation et la tension remontent pour l'acte 8, samedi 5 janvier: 50.000 manifestants sont recensés. Des manifestants forcent avec un engin de chantier l'entrée du ministère de Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement. Un ex-boxeur professionnel, Christophe Dettinger, est filmé frappant deux gendarmes à Paris.

Le 7 janvier, Edouard Philippe annonce une nouvelle loi "anticasseurs". Le texte présenté, issu de la droite, fera craindre jusque dans la majorité une atteinte au droit de manifester, et sera en conséquence profondément remanié le 23 en commission à l'Assemblée.

- Grand débat -

L'acte 9, samedi 12 janvier, réunit 84.000 manifestants, dont 8.000 à Paris et plus de 6.000 à Bourges, sans heurts majeurs. Mais plusieurs journalistes sont victimes d'agressions.

Emmanuel Macron lance le grand débat national, dans une lettre aux Français rendue publique dimanche 13, puis lors d'un échange-marathon avec les maires normands, le 15 janvier dans l'Eure.

L'acte 10 du samedi 19 janvier mobilise encore, selon les autorités, 84.000 manifestants en France, avec un record de 10.000 personnes à Toulouse, et des heurts à Bordeaux.

Le 23, le gouvernement décide d'équiper de caméras-piétons les forces de l'ordre dotées de lanceurs de balles de défense (LBD), qui font polémique en raison de blessures graves causées à des manifestants.

- Liste aux européennes -

Des "gilets jaunes" annoncent le 23 un embryon de liste aux européennes, menée par une aide-soignante, Ingrid Levavasseur.

Le lendemain, Emmanuel Macron s'invite à un débat-citoyen dans la Drôme. Le 25, Edouard Philippe en fait autant dans les Yvelines.

Samedi 26, l'acte 11, qui doit se prolonger d'une "nuit jaune", est marqué par des heurts, à Paris et Nantes notamment. La participation baisse avec 69.000 manifestants en France selon l'Intérieur, dont 4.000 dans la capitale.

Des "foulards rouges", citoyens qui dénoncent les violences des "gilets jaunes" mais se défendent d'être pro-Macron, doivent défiler dimanche 27 à Paris.

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