Glaçons au gras de boeuf ou douche au jet : au zoo de Mulhouse, les astuces pour des animaux rafraîchis

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Par Béatrice ROMAN-AMAT - Mulhouse (AFP)
Publié le 26 juin 2019 - 20:03
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Un panda roux lèche un glaçon au zoo de Mulhouse, le 26 juin 2019
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© SEBASTIEN BOZON / AFP
Un panda roux lèche un glaçon au zoo de Mulhouse, le 26 juin 2019
© SEBASTIEN BOZON / AFP

L'ours polaire suce un glaçon au gras de bœuf, tandis que le casoar boude une douche au jet d'eau: au zoo de Mulhouse, les soigneurs se décarcassent en période de canicule pour rafraichir des animaux plus ou moins intéressés.

Dans l'enclos où cohabitent loutres naines, pandas roux et muntjacs (de petits cervidés asiatiques), des loutres plongent dans le bassin pour récupérer des glaçons où sont cachés de petits morceaux de viande, de poisson ou d'œuf, tandis que, plus lymphatique, Bao, la femelle panda roux, descend prudemment d'un arbre pour venir lécher un glaçon dans la main d'une soigneuse et récupérer le grain de raisin qu'il renferme.

"L'idée, c'est que (les animaux) puissent, tout au long de la journée, trouver des endroits où ils vont pouvoir compenser ces fortes chaleurs. En allant soit se mettre à l'ombre, donc on va aller mettre des enrichissements (éléments pour les stimuler, NDLR) dans ces endroits-là, soit dans l'eau, et on va leur jeter de la nourriture ou les inciter à aller dans l'eau", explique Benoît Quintard, vétérinaire et directeur adjoint du parc zoologique.

"On ne peut pas les forcer. On leur offre le maximum de possibilités pour qu'ils se mettent à l'endroit qu'ils préfèrent", insiste-t-il, alors que le mercure frise les 35 degrés, malgré les arbres centenaires du parc et l'altitude, qui font chuter la température de quelques degrés par rapport au centre-ville de Mulhouse.

Ce mercredi, Popeye le casoar à casque, grand oiseau originaire de Nouvelle-Guinée, a décidé de snober la douche au jet d'eau, qu'il affectionne pourtant, préférant rester dans sa loge.

Une douche au jet d'eau testée sur différentes espèces, qui a eu du succès auprès des jeunes loups à crinière.

- Raisin oui, glaçon non -

Un peu plus loin, un capucin à poitrine jaune extrait sans complexe, avec les mains, avec la bouche, le raisin sec de Corinthe logé dans un glaçon et se débarrasse immédiatement du glaçon.

Tina, la doyenne des ours polaires en parc zoologique, a en revanche accepté de quitter son abri pour plonger dans le bassin, en quête d'un gros pain de glace au délicat parfum de gras de bœuf.

A quelques allées de là, incarnation même de la sieste: un tigre est avachi sur un matelas en cordes, à l'ombre.

S'il souligne que même pour les espèces originaires de pays chauds, les épisodes de canicule ne sont pas une partie de plaisir, le vétérinaire estime que les animaux du parc "sont beaucoup plus adaptables qu'on ne pense, beaucoup plus que nous".

"Les ours polaires ont une zone de répartition très large. En plein été, ils descendent à la limite sud de cette ère, à Churchill (Manitoba, Canada, NDLR), où il peut faire 30-35 degrés, parce qu'ils n'ont plus la banquise pour chasser", explique M. Quintard, qui s'inquiète un peu plus pour un animal comme la panthère de l'Amour, moins adaptable que le plantigrade.

Après plusieurs générations dans des parcs zoologiques, certains animaux sont également plus habitués au climat de Barcelone ou de Copenhague qu'à celui de la région d'origine de leur espèce, note-t-il.

Les allées du zoo de Mulhouse étaient en revanche désertées mercredi par les visiteurs.

Brumisateur posé dans la poussette, David et Adeline Forthoffer, de Montbéliard, font partie des rares courageux à avoir bravé la fournaise, avec deux jeunes enfants aux chapeaux rivés sur la tête.

"C'est bien ombragé. Pour l'instant, on a pu voir tous les animaux", se réjouissent-ils, bien que toutes les espèces puissent se réfugier tout au long de la journée dans leurs abris intérieurs.

A l'avenir, si ces épisodes de canicule se multiplient, les visiteurs devront probablement renoncer à admirer certaines espèces.

Alors que les responsables du parc font en sorte de minimiser son impact sur l'environnement, "on ne va pas climatiser l'enclos des ours !", s'exclame Benoît Quintard. "Si à Mulhouse on a des températures qui deviennent vraiment trop importantes, on ne pourra plus se permettre d'héberger des ours", dit-il.

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