Grève "justifiée" ou de "privilégiés" ? Les avis des usagers de la SNCF divergent

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Par Aglaé WATRIN, avec les bureaux de l'AFP - Paris (AFP)
Publié le 04 avril 2018 - 17:21
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Des usagers de la Gare du Nord, le 4 avril 2018 lors de la grève
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© CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
Des usagers de la Gare du Nord, le 4 avril 2018 lors de la grève
© CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

"La grève est justifiée", "ils doivent faire des sacrifices", "on est pris en otages"... Entre dénonciation de "privilèges" et soutien inconditionnel aux cheminots, les réactions des usagers sont très partagées au deuxième jour de grève à la SNCF.

"C'est scandaleux, nous sommes à 200% pour les réformes qui sont proposées et à 300% contre les manifestations de grève", s'est insurgé mercredi matin en gare de Bordeaux Jérôme, un chirurgien de la région parisienne à la retraite.

"Il faut moderniser cette vieille dame qu'est la SNCF et la position des syndicats à l'heure actuelle n'est pas défendable. Cette espèce de privilège suranné des cheminots est inadmissible", a-t-il ajouté.

Catherine, 61 ans, en transit à la gare de Lyon-Perrache, ne trouve pas non plus la grève légitime. "Le métier de cheminot est le même que celui de restaurateur ou d'infirmière. A notre époque, ils doivent faire des sacrifices", affirme-t-elle.

Même son de cloche chez Stéphanie, manipulatrice de radiologie à Strasbourg, pour qui "il faut mettre tout le monde à la même enseigne". Elle soutient l'action "du président qui tient bon".

Si certains usagers s'opposent aux revendications des cheminots sur le fond, d'autres mettent d'abord en cause des modalités de grève qui selon eux "les prennent en otages".

"Ce sont les usagers qui trinquent", juge Laurent, 38 ans, qui a dû prendre le bus pour se rendre à Bordeaux. "Je ne suis ni pour ni contre. Ils ont le droit de manifester mais ils pourrissent mon quotidien."

"La grève est justifiée. Je leur donne raison. Mais quand on décide de prendre le train, c'est difficile, c'est de l'argent qu'on dépense", réagit de son côté Brahim Moussaoui, un comptable de 49 ans rencontré à Dijon.

- "Ça vaut le coup de se battre" -

Comme lui, Marc Cornille, 56 ans, s'inquiète de l'impact de la grève sur ses finances. "Je comprends les revendications mais pas les modalités. Certaines personnes en CDD ne peuvent pas prendre de jours et risquent de perdre leur boulot", explique-t-il à la gare de Lille Flandres.

Au même endroit, Luc, un étudiant de 21 ans en psychologie, fait parti de ceux pour qui la grève va susciter l'hostilité de l'opinion publique et être contre-productive. "Je comprends que les cheminots veuillent défendre leur statut mais, sur la forme, je ne suis pas d'accord. Ils veulent l'appui du peuple mais au final ils font chier le peuple", estime le jeune homme.

Au deuxième jour de leur mouvement de grève, les cheminots peuvent toutefois compter sur le soutien inconditionnel d'une autre partie des usagers de la SNCF.

"J'en ai pas mal discuté avec les contrôleurs, je comprends les raisons de la grève. Même si ça ne nous arrange pas la vie, pour garder un service public qui maille le territoire, ça vaut le coup de se battre. Eux, ils peuvent", témoigne Emilie Hoertel, clerc d'avocat à Paris, qui prend le train tous les jours depuis Dijon pour aller travailler.

"Je soutiens la grève. La vie augmente mais pas les salaires. Ce sont des mouvements comme ça qui font bouger les choses", assure également Fabrice Bourreau, un usager de la gare Montparnasse, à Paris. "J'espère qu'il sera suivi et que d'autres corps de métiers vont s'y greffer", ajoute-t-il.

En tant que fonctionnaire, Marie-Josée, la cinquantaine, dit se sentir toute aussi concernée par la grève des cheminots. "On a un statut à défendre. On nous (les fonctionnaires) dévalorise, on nous montre du doigt, nous sommes les boucs émissaires", compare-t-elle pour souligner un même combat.

L'usagère tient à rappeler la pénibilité du travail des cheminots: "ils font les weekends, la nuit, les 3 huit, ils n'ont pas des salaires astronomiques", avant de conclure, "le problème c'est qu'à l'opinion (publique) on ne lui dit pas tout…".

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