"Guru", nouvel opéra français signé Laurent Petitgirard

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Par Rana MOUSSAOUI - Paris (AFP)
Publié le 22 septembre 2018 - 13:27
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Le compositeur français Laurent Petitgirard le 20 avril 2013 à Los Angeles en Californie
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© Valerie MACON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives
Le compositeur français Laurent Petitgirard le 20 avril 2013 à Los Angeles en Californie
© Valerie MACON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives

Le compositeur français Laurent Petitgirard aura attendu neuf ans avant de réaliser le rêve de monter son deuxième opéra, "Guru", dont la première prévue dans une semaine n'aura pas eu lieu dans son pays mais en Pologne.

"Mon premier opéra, "The Elephant Man", a été créé en 2002 à Prague et celui-là en Pologne car c'est un Opéra polonais qui a répondu à l'appel", affirme l'homme de 68 ans, également chef d'orchestre, dans un entretien avec l'AFP.

"Guru", qui traite de la manipulation mentale dans l'univers d'une secte, sera donné en création mondiale le 28 septembre à l’Opéra du château de Szczecin.

Pour M. Petitgirard, qui a écrit une centaine de partitions de musique de chambre, de films et de séries télévisées dont "Maigret", "Guru" a été une véritable saga pendant neuf ans, entre une programmation ratée au Châtelet et de multiples reports à l'Opéra de Nice.

"En plus, la première aurait dû être en 2017 à Szczecin et on m'a appelé pour me dire qu'il y avait un écroulement dans une aile du château et que tout est fermé pendant un an", se souvient M. Petitgirard.

"Je vis un vrai bonheur d'y être enfin arrivé", assure le compositeur, qui avait fait enregistrer la musique il y a quelques années.

- "Un opéra militant" -

Il ne cache toutefois pas une légère déception d'être un "compositeur qui écrit de la musique francaise mais qui n'a pas la possibilité de présenter son oeuvre à travers la magnifique machine que sont les maisons d'opéras dans mon pays".

En France, Laurent Petitgirard est classé comme compositeur à la musique dite "néotonale", c’est-à-dire plus traditionnelle et lyrique que celle, volontiers plus abstraite et avant-gardiste, qui s'est développée notamment sous l’influence de Pierre Boulez.

Si cette querelle esthétique est ancienne, elle a déchaîné de nouveau les passions ces dernières années, les partisans de la tonalité appelant au retour de la mélodie et dénonçant l'ésotérisme d'une grande partie de la musique contemporaine.

Pour M. Petitgirard, c'est le caractère tonal de sa musique qui fait qu'il soit boudé par la plupart des maisons d'opéras françaises qui, selon lui, aiment le "label d'extrême avant-garde".

Son premier opéra, "The Elephant Man", qui avait quand même été montré à Nice, avait divisé la critique, les uns saluant un "lyrisme élégant" et une oeuvre qui "sonne bien", d'autres relevant "des clichés monotones" et des "répétitions lassantes".

"The Elephant man", basé sur l'histoire d'un homme horriblement déformé dans le Londres du XIXe siècle et qui avait été transposée au cinéma dans le célèbre film de David Lynch, traitait de l'exclusion.

Quant à "Guru", il explore la manipulation mentale à travers une secte apocalyptique. "Cet opéra mélange la violence de Jim Jones avec le charabia de l'ordre du Temple solaire", explique le compositeur.

Jim Jones est le fondateur et gourou du "Temple du peuple" qui avait ébranlé le monde en 1978 avec la mort de 908 personnes par ingestion de cyanure de potassium ou par balles.

"Ca été un véritable choc pour moi car c'est allé très loin dans la violence", explique M. Petitgirard, qui dit avoir eu des amis pris dans les filets de différentes sectes.

"Ce qui m'a toujours impressionné, c'est l'incapacité d'avoir un discours rationnel avec les membres d'une secte. Si le gourou leur dit +le 31 décembre c'est la fin du monde+ et que le lendemain ils sont encore vivants, ça ne les gêne nullement", ajoute-t-il.

Dans l'opéra, dont le livret est signé de Xavier Maurel et la mise en scène de Damian Cruden, directeur du York National Theater, une seule personne résiste au gourou, en refusant de chanter.

"J'ai considéré le chant comme la drogue de la secte", explique le compositeur dont l'épouse, l'actrice Sonia Petrovna, incarne ce rôle.

"C'est un opéra militant, qui dit que la secte peut être en bas de chez vous et qu'il faut tenir plus compte de ce phénomène de société", poursuit-il, faisant référence également à d'autres types de sectes comme le groupe Etat islamique.

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