Guyane : trois soldats meurent pendant une opération contre l'orpaillage illégal

Auteur:
 
Par Frédéric FARINE avec Daphné BENOIT à Paris - Cayenne (AFP)
Publié le 18 juillet 2019 - 13:13
Image
Les trois soldats français morts accidentalement le 17 juillet 2019 lors d'une opération contre l'orpaillage illégal en Guyane (de gauche à droite): Edgar Roellinger, le caporal-chef de 1ère classe Cé
Crédits
© Handout / SIRPA TERRE/AFP
Les trois soldats français morts accidentalement lors d'une opération contre l'orpaillage illégal en Guyane (de gauche à droite): Edgar Roellinger, le caporal-chef de 1ère classe C
© Handout / SIRPA TERRE/AFP

Trois soldats français sont morts accidentellement et un autre a été grièvement blessé dans une opération contre l'orpaillage illégal en Guyane, une mission périlleuse qui mobilise des centaines de militaires et de forces de l'ordre sur un territoire immense et parfois hostile.

"J'ai appris cette nuit avec beaucoup de tristesse la mort accidentelle de trois militaires français lors d'une mission dans le cadre de l'opération Harpie de lutte contre l'orpaillage illégal en Guyane", a réagi la ministre des Armées, Florence Parly, dans un communiqué.

"Alors que les militaires s'apprêtaient à disposer des charges explosives pour détruire les installations souterraines des orpailleurs, huit d'entre eux ont été victimes d'émanations toxiques au fond d'une galerie. Immédiatement évacués et pris en charge par les premiers secours, trois militaires sont décédés", précise-t-elle.

Le sergent-chef Edgar Roellinger, 27 ans, le caporal-chef de 1ère classe Cédric Guyot, 31 ans, et le caporal-chef de 1ère classe Mickaël Vandeville, 30 ans, appartenaient au 19e régiment du génie de Besançon, selon l'état-major des armées.

Cinq autres militaires ont été évacués à Cayenne. "L'un d'entre eux est dans un état grave", selon les autorités françaises.

Les trois militaires "ont toute la reconnaissance de la Nation", a réagi sur Twitter la ministre des Outre-mer Annick Girardin.

Le tragique accident a eu lieu dans une zone forestière isolée du sud-ouest guyanais, à Saint-Jean d'Abounami, à 150 km au sud de Saint-Laurent du Maroni.

Ce secteur, sans voie terrestre vers le littoral et sans réseau téléphonique, se situe au sein du Parc amazonien de Guyane, vaste espace protégé, qui abrite un nombre croissant de sites aurifères illégaux.

Les puits d'orpailleurs clandestins peuvent aller jusqu'à 30-40 m de profondeur, avait constaté l'AFP en juin lors d'une visite d'un site démantelé par les forces armées, à Cacao (est). Ces puits sont reliés entre eux par des galeries, souvent fragiles.

- Sites illégaux en hausse -

Pendant la dernière mission de survol du parc, fin janvier, 132 sites aurifères illégaux y ont été recensés, soit dix de plus qu'en août 2018, lors de la précédente mission aérienne. Il s'agit de l'un des chiffres les plus élevés de ces onze dernières années.

L'opération Harpie de lutte contre l'orpaillage illégal en Guyane mobilise chaque jour plus de 500 soldats, gendarmes, douaniers, policiers ou gardes forestiers, déployés sur un territoire plus vaste que l’Écosse où sévissent environ 10.000 orpailleurs clandestins, souvent venus du Brésil.

En 2018, 1.323 patrouilles, soit en moyenne onze par jour, ont permis la destruction de 765 sites clandestins et la saisie de 26 millions d'euros de matériel et d'avoirs criminels. Plus de deux cents armes, 193 pirogues, 110 quads et 547 groupes électrogènes ont été confisqués ou détruits.

"Hommage à nos soldats tués lors d'une intervention dans le cadre de l'opération Harpie. La destruction des sites d'orpaillage illégal en Guyane(...) reste une mission dangereuse", a réagi sur Twitter le président du Sénat Gérard Larcher.

De nombreux parlementaires ont salué les victimes: "Honneur aux trois militaires qui ont perdu la vie accidentellement en Guyane", a tweeté Marine Le Pen.

Le député guyanais Gabriel Serville (Gauche démocratique et républicaine) a rappelé avoir déposé mardi une proposition de résolution pour la création d'une commission d'enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal en Guyane.

Ce n'est pas la première fois que des militaires meurent dans le cadre de l'opération Harpie.

En 2012, deux militaires du 9e régiment d'infanterie de marine (Rima) ont été tués par des orpailleurs clandestins pendant une opération à Dorlin (sud-ouest).

En décembre 2017, un soldat qui regagnait en pirogue sa base de Saint-Jean-du-Maroni au terme d'une mission contre l'orpaillage illégal, avait été tué par un tir de sa propre arme.

Et en août 2018, un militaire du 3e régiment étranger d'infanterie (REI) est décédé et treize autres ont été blessés, lors d'un accident de la route.

dab-ff-bur-caz/el/fmp/shu

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.