Hausse du diesel : le spectre d'un front uni face au gouvernement

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Par Paul AUBRIAT - Paris (AFP)
Publié le 31 octobre 2018 - 19:05
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Les prix du diesel ont augmenté en France, alimentant la grogne chez les usagers
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© PASCAL GUYOT / AFP/Archives
Les prix du diesel ont augmenté en France, alimentant la grogne chez les usagers
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Les "culs terreux" qui "fument des clopes et qui roulent au diesel" vont-ils faire trembler le gouvernement? L'appel à bloquer les routes le 17 novembre, relayé par l'extrême droite, connaît un écho grandissant dans l'opposition qui parie sur une vaste mobilisation pour étriller la majorité.

Le mouvement d'humeur est né ces dernières semaines après la hausse du prix du diesel qui alimente les deux tiers du parc automobile français. Il s'est depuis traduit par des pétitions en ligne et appels à manifestation autoproclamées "citoyennes" et apolitiques, et reçoit aujourd'hui l'onction de certains partis.

Point d'orgue: la journée du samedi 17 novembre, qui concentre les appels au blocage des routes et jusqu'au boulevard périphérique parisien. L'objectif de leurs promoteurs, qui se sont baptisés "les gilets jaunes": faire reculer le gouvernement, à l'image des "bonnets rouges" de 2013 qui avaient contraint François Hollande à revenir sur la mise en place d'une écotaxe.

Alors que l'un de ces appels émane d'un cadre de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan a été le premier à exhorter à "rejoindre la contestation".

Marine Le Pen lui a emboîté le pas: "L'ensemble de nos cadres politiques et de nos élus seront aux côtés des manifestants", a-t-elle promis mercredi sans préciser si elle irait elle-même, alors que l'un des pontes du Rassemblement national (ex-FN), Wallerand de Saint-Just, y voit une "révolte citoyenne".

D'abord minimisé par l'exécutif, attaqué par la CGT qui a dénoncé "une instrumentalisation" par l'extrême droite, le mouvement a toutefois pris de l'ampleur, au point que le chef des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a fait part de sa bienveillance mardi à l'égard des futurs manifestants.

"Nous n'appellerons pas à la manifestation du 17 novembre, nous ne ferons pas de récupération politique". Mais "leur colère est juste", a considéré le candidat malheureux à la présidentielle. Mieux: "Si nos amis sont dans (les manifestations), on sera fier d'eux".

- Offensive de Philippe -

A droite, la question de la participation aux actions du 17 novembre gagne également en popularité: "Arrêtez de nous prendre pour des culs-terreux et des Français de deuxième zone", a lancé mardi le sénateur LR Jacques Genest lors des questions au gouvernement. "Et surtout souvenez-vous que la révolution est venue des campagnes", a-t-il lancé, en donnant à "tous, rendez-vous le 17 novembre".

Les propos rapportés dans le JDD du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux - récusés par l'intéressé -, selon qui Laurent Wauquiez était "le candidat des gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel", ont achevé d'attiser la colère des Républicains: le premier d'entre eux, Laurent Wauquiez, a dénoncé "un mépris" de la part du gouvernement, dans la droite ligne de ses attaques régulières contre "l'arrogance" de la majorité.

Au PS, si aucun appel à participer aux manifestations du 17 novembre n'a été lancé, le Premier secrétaire, Olivier Faure, a dénoncé une "arnaque", en soulignant que, sur cinq ans, "seulement 10 petits milliards sur ces 55 milliards vont finalement financer la transition énergétique". Avant lui, l'ex-ministre de l'Environnement Ségolène Royal avait elle-aussi fustigé une justification d'un "matraquage fiscal par l'écologie".

L'exécutif entend toutefois faire bloc: à Matignon, on anticipe que le sujet "va durer", mais on assume le mouvement de hausse des taxes, quitte à reperdre les points de popularité qu'Edouard Philippe a gagné ces dernières semaines.

"Pendant longtemps, c'est d'ailleurs un peu le reproche que nous a fait Hulot, on ne changeait pas de modèle. Même si c'est dur, c'est la preuve que le gouvernement prend les décisions", souligne un conseiller gouvernemental. "Si elles sont impopulaires, c'est qu'elles ont aussi du sens: c'est un marqueur de la volonté de vraiment changer de modèle, même si on fait attention, notamment vis-à-vis des campagnes".

Chez LREM, d'aucuns craignent toutefois un succès populaire de la journée du 17 novembre qui cristalliserait les colères anti-Macron.

"En ce qui concerne la hausse du gasoil, je pense qu'il faut qu'on fasse attention", a mis en garde un député marcheur de l'Hérault, Patrick Vignal, qui a conseillé au ministre Griveaux de "se reposer". Car, observe-t-il, "quand il tweete qu'il ne veut pas de gens qui fument des clopes et qui roulent au diesel... Beaucoup de Français le font".

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