Hôpital : à leur tour, 80 médecins-chefs de Seine-Saint-Denis démissionnent

Auteur:
 
Par AFP - Saint-Denis
Publié le 06 février 2020 - 14:07
Image
Des employés de l'hôpital Saint-Louis soutiennent les démissions collectives de 19 chefs de service, le 3 février 2020 à Paris
Crédits
© Thomas SAMSON / AFP/Archives
Des employés de l'hôpital Saint-Louis soutiennent les démissions collectives de 19 chefs de service, le 3 février 2020 à Paris
© Thomas SAMSON / AFP/Archives

Ils disent "ne plus vouloir être complices de la gestion de la misère": 80 médecins-chefs hospitaliers de Seine-Saint-Denis ont démissionné jeudi, portant à plus de 600 en France le nombre de praticiens ayant renoncé à leurs fonctions administratives et d'encadrement.

Manque de tout, soignants sous-payés et à bout, patients mal voire pas pris en charge: lors d'une conférence de presse à Saint-Denis, cinq chefs de service membres du Collectif Inter-Hôpitaux (CIH) ont brossé un tableau apocalyptique de la situation dans ce département, le plus pauvre de métropole, qui devrait à leur yeux "constituer une zone sanitaire prioritaire".

En pleine vague de démissions, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a indiqué mercredi qu'elle recevrait leurs représentants "mi-mars", après le versement de nouvelles primes, pour "voir s'il y a d'autres mesures nécessaires". Mais pour les médecins de Seine-Saint-Denis, qui réclament désormais d'être reçus par le Premier ministre ou le président, il s'agit de "mesurettes totalement déconnectées des besoins".

"Les soignants ne sont pas assez nombreux car les métiers ne sont plus attractifs. Comment une infirmière qui a Bac+3, travaille un week-end sur deux et en horaires décalés, passe son temps à absorber une misère sociale peut-elle être payée seulement 1,2 Smic? Même en Pologne et en Slovaquie elles sont mieux payées!", s'est indigné le Dr Yacine Tandjaoui-Lambiotte, praticien en réanimation à l'hôpital Avicenne à Bobigny.

"On tient nos patients à bout de bras mais nos bras vont flancher. Il faut perfuser de l'argent à l'hôpital public. Beaucoup d'argent", a-t-il dit.

"Plus rien ne tient, ça n'a plus aucun sens ce qu'on fait. C'est comme si on avait un torchon qui craquait et qu'on raccommodait dans tous les sens", a de son côté estimé le Dr Noël Pommepuy, pédopsychiatre à l'hôpital psychiatrique Ville-Evrard à Neuilly-sur-Marne, le deuxième plus important de France.

Il a ainsi expliqué comment le manque de personnel conduisait à avoir recours à la contention et à l'isolement des malades, "une honte pour les équipes". Et a prioriser les patients : "Quand on reçoit trois enfants, on n'a le traitement que pour un seul."

"Nous sommes physiquement et psychologiquement épuisés, nous avons l'impression de faire mal, trop vite, il y a une perte de sens de notre travail. On va dans le mur", a enchaîné le Dr Joëlle Laugier, de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis.

Une nouvelle journée de grève et de manifestation est pourtant prévue le 14 février, à l'appel CIH, du Collectif Inter-Urgences et de tous les syndicats de la fonction publique hospitalière.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.