Hôpital : nouvelles manifestations vendredi, les soignants attendent des preuves d'amour

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Par Gabriel BOUROVITCH - Paris (AFP)
Publié le 12 février 2020 - 09:10
Mis à jour le 13 février 2020 - 20:14
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Un membre du personnel soignant en grève, le 10 décembre 2019 à Nantes
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© Loic VENANCE / AFP/Archives
Un membre du personnel soignant en grève, le 10 décembre 2019 à Nantes
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Onze mois après l'embrasement des urgences, le feu couve toujours à l'hôpital, dont les agents sont appelés à une journée de grève et de manifestations vendredi pour "déclarer leur flamme" au service public et pousser le gouvernement à de nouvelles concessions.

Saint-Valentin oblige, "chacun doit amener une fleur blanche", a prévenu le Collectif Inter-Hôpitaux (CIH), à l'origine de cette nouvelle mobilisation. Un symbole de l'engagement des médecins et soignants, qui entendent aussi rester une épine dans le pied d'Agnès Buzyn.

Depuis son éclosion, en mars 2019 dans quelques services d'urgences parisiens, ce mouvement social a pris de court la ministre de la Santé, dont les premières annonces n'ont pas empêché la révolte de proliférer jusqu'à une première grande manifestation mi-novembre.

Aux grands maux, les grands remèdes: le plan "Investir pour l'hôpital", qu'elle avait présenté dans la foulée, aux côtés du Premier ministre Édouard Philippe, se voulait taillé sur mesure pour faire retomber la tension.

Rallonge budgétaire, primes à foison, reprise massive de dette... La contestation avait payé, même si les grévistes restaient sur leur faim.

Éclipsées depuis deux mois par les opposants à la réforme des retraites, les blouses blanches du CIH continuent de réclamer "une revalorisation significative des salaires" et 600 millions d'euros supplémentaires dès cette année "pour stopper la fuite des personnels".

Faute d'avoir obtenu "l'ouverture immédiate de négociations" après leur entrevue avec Mme Buzyn mi-janvier, ces médecins-chefs ont mis à exécution leur menace de démission.

En deux semaines, plus de 800 praticiens ont ainsi renoncé à leurs fonctions administratives et d'encadrement, tout en continuant d'assurer les soins.

Sans conséquence pour les patients, cette action coordonnée a ramené l'attention sur l'hôpital et remobilisé les troupes. Soutenue par l'ensemble des collectifs et syndicats hospitaliers, la mobilisation de vendredi aura valeur de test.

- "Pas le droit à l'échec" -

Manifestations ou rassemblements "festifs", une centaine d'actions "de tout ordre" sont programmées partout en France, a indiqué la secrétaire générale de la CGT Santé Mireille Stivala, lors d'une conférence de presse mercredi.

Mais les regards seront d'abord tournés vers le cortège parisien qui s'élancera à 14H00 de l'hôpital Necker vers la Pitié-Salpêtrière.

La jauge décidera de la suite, même si les organisateurs ont déjà l'intention "de s'inviter dans les élections municipales", a prévenu Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes (Amuf).

L'intersyndicale des internes (Isni) entend par ailleurs porter le combat "sur le terrain judiciaire" en attaquant les "assignations abusives" recensées depuis le début de son préavis de grève le 10 décembre. "On en a recueilli plus de 150, on va toutes les contester", a averti son secrétaire général, Léonard Corti.

"Nous n'avons pas le droit à l'échec", a insisté le neurologue François Salachas, membre du CIH, qui considère n'avoir "pas du tout été entendu pour l'instant".

Les médecins n'ont toutefois rendez-vous avec Mme Buzyn que "mi-mars", la ministre souhaitant "d'abord qu'on fasse un état des lieux de la façon dont les réformes s'appliquent".

A commencer par les primes promises: d'ici quelques semaines, 80.000 aides-soignantes en gériatrie vont toucher 100 euros net de plus par mois, avec effet rétroactif au 1er janvier et 50.000 soignants d'Île-de-France recevront une gratification annuelle de 800 euros net.

A partir du 1er mars, hôpitaux et cliniques bénéficieront d'une revalorisation de leurs tarifs - c'est-à-dire des sommes versées par l'Assurance maladie pour chaque acte ou séjour médical.

Cette augmentation, qui traduit dans les faits le coup de pouce budgétaire annoncé à l'automne, sera en outre garantie en cas de baisse d'activité, dans le cadre d'un "protocole d'accord" prévoyant une "évolution minimale" jusqu'en 2022.

Les fédérations hospitalières se sont félicitées de cette "avancée", mais pour le CIH, il s'agit d'une "hausse en trompe-l'oeil" qui ne rattrape pas la "baisse des tarifs sur les dix dernières années" et n'assure pas "un financement à hauteur des besoins".

A défaut de moyens supplémentaires, la ministre laisse la porte ouverte à la "modification du mode de gouvernance" des établissements publics réclamée par le CIH. Elle s'est ainsi dite prête à la "retravailler" pour "donner beaucoup plus la main aux professionnels médicaux" - et s'éviter un éventuel nouveau bourgeonnement printanier.

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