Hôpitaux de Paris : grève illimitée dans plusieurs services d'urgence

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Par AFP - Paris
Publié le 15 avril 2019 - 16:16
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Grève aux urgences de l'hôpital de la Pitié-Salpétrière à Paris, le 15 avril 2019
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© KENZO TRIBOUILLARD / AFP
Grève aux urgences de l'hôpital de la Pitié-Salpétrière à Paris, le 15 avril 2019
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Pour dénoncer des "conditions de travail devenues insupportables", une grève illimitée était en cours lundi dans plusieurs services d'urgence de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris à l'appel de la CGT, SUD et FO, qui espèrent voir le mouvement se propager dans la capitale et au-delà.

En fin de journée, la direction de l'AP-HP recensait en moyenne près de 31% de personnels mobilisés (grévistes absents ou assignés) dans 20 services d'urgences, assurant avoir pris les dispositions nécessaires à la continuité des soins.

Patients de plus en plus nombreux, parfois violents, effectifs insuffisants, salaires trop bas... les raisons de la colère ne sont pas nouvelles.

Mais la série d'agressions survenue ces derniers mois à l'hôpital Saint-Antoine a poussé ses agents à entamer une grève mi-mars, à laquelle se sont joints quatre autres établissements parisiens (Lariboisière, Pitié-Salpêtrière, Saint-Louis, Tenon), qui devraient être suivis par Bicêtre, Cochin, Robert-Debré et l'HEGP (Hôpital Européen Georges-Pompidou), où de nouveaux préavis ont été déposés lundi, selon les syndicats.

"Quand un personnel soignant se fait agresser, c'est toute l'équipe qui en pâtit", a résumé devant Saint-Antoine l'aide-soignante Stéphanie Robin.

Pour sa consoeur Alexandra Spahiu, "le manque de moyens" et l'allongement des délais d'attente, "énormes" et liés selon elles aux fermetures d'hôpitaux, "créent de l'angoisse qui se concrétise par de la violence", qui va des "insultes" aux "coups" en passant par les "crachats".

En fin de matinée, les syndicats, qui réclament un renforcement des effectifs et des primes de 300 euros par mois, sont sortis déçus d'une réunion avec la direction.

Dès la semaine dernière, le directeur général de l'AP-HP, Martin Hirsch, avait tenté de désamorcer la fronde en promettant notamment 45 postes supplémentaires selon les besoins des services. "Mais il manque 700 postes pour assurer la sécurité des patients", s'indigne Christophe Prudhomme, s'appuyant sur un référentiel établi par l'association Samu-Urgences de France et cité, selon les syndicats, par la direction.

- Vigiles aux urgences -

"Entre 45 et 700, il y a quand même une marge de négociation", a abondé Cathy le Gac (SUD).

Côté salaires, "une prime d'insalubrité et de dangerosité pourrait éventuellement être proposée aux agents, mais elle atteint au maximum 90 euros brut par mois, c'est insuffisant", a estimé le Dr Prudhomme, par ailleurs conscient que les rémunérations des hospitaliers dépendent de décisions ministérielles, comme l'a fait valoir Martin Hirsch.

Seules "quelques avancées" ont été actées sur les questions sécuritaires, avec notamment le maintien de "vigiles 24h sur 24" aux urgences, selon M. Prudhomme, qui attend des "propositions écrites" de la direction pour convenir d'une nouvelle réunion.

Plus généralement, il réclame un "plan national pour les urgences", qui ont vu leur fréquentation doubler en vingt ans, avec près de 21 millions de passages enregistrés en 2016.

A l'AP-HP, où les passages aux urgences ont augmenté de 3% par an en moyenne entre 2015 et 2018, le temps d'attente moyen des patients non hospitalisés a crû de 21 minutes pour atteindre 3H18 dans les services adultes.

En décembre, le décès inexpliqué d'une patiente, constaté 12 heures après son admission aux urgences de Lariboisière, avait révélé "une série de dysfonctionnements" dans un contexte général de manque de moyens, notamment de médecins, selon une enquête interne.

L'AP-HP a depuis relancé sa "stratégie urgences" pour désengorger ses 25 services d'accueil (dont 8 services pédiatriques) d'ici à 2023.

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