Huit Marseillais d'adoption tués rue d'Aubagne il y a un an

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Par Olivier LUCAZEAU - Marseille (AFP)
Publié le 05 novembre 2019 - 12:52
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Porches et habitants de Marseille rendent hommage le 5 novembre 2019 aux victimes de l'écroulement de deux immeubles rue d'Aubagne il y a un an
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© Christophe SIMON / AFP
Porches et habitants de Marseille rendent hommage le 5 novembre 2019 aux victimes de l'écroulement de deux immeubles rue d'Aubagne il y a un an
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Ouloume, mère de famille comorienne, Simona, étudiante italienne, Cherif, sans-papier algérien, mais aussi Tahar, Marie, Fabien, Julien et Pape Magatte: il y a un an, à 09h05, le 65 rue d'Aubagne à Marseille emportait huit vies sous ses gravats.

1er étage: Ouloume, mère courage

Ce lundi 5 novembre 2018, Ouloume Hassani, 54 ans, dépose son fils, El Amine, 8 ans, à l'école. Elle rentre chez elle un peu avant 09h00, "pour récupérer des documents pour un rendez-vous", explique Saïd, 28 ans, un autre de ses fils. Mère de six enfants, Ouloume était arrivée en 2015, après Mayotte puis Paris. Elle faisait la plonge aux "Portes de Damas", en haut de la rue.

2e étage: "I love Marseille"

Cherif Zemar et Tahar Hedfi ont passé la nuit chez Rachid Rahmouni. Parti acheter des cigarettes quelques secondes avant le drame, seul celui-ci a eu la vie sauve.

Tahar, 58 ans, sans-papier tunisien, était à Marseille depuis quelques semaines. Cherif, Algérien de 36 ans, avait débarqué en 2017, "dans un Zodiac, via l'Italie", explique Saïda, sa cousine, présente mardi pour l'hommage aux victimes: "Il avait payé 1.500 euros, toutes les économies de sa pauvre mère". Père d'une fillette de 4 ans, Cherif peinait à nourrir sa famille, à Annaba, avec sa carriole de légumes. A Marseille, il vendait des cigarettes à la sauvette. Sur sa dépouille les marins-pompiers découvrent un mini Opinel et un briquet jetable avec la photo de "la Bonne Mère" et trois mots, "I Love Marseille".

Julien Lalonde-Flores venait de fêter ses 30 ans. Il s'était posé depuis quelques semaines à Marseille, loin du Lima de son adolescence. "Il aimait cette ville pour sa mixité", explique Liliana, sa mère, en racontant ce fils parti à 20 ans "avec la bible, le Coran et le Talmud dans sa valise, pour mieux comprendre les gens". "C'est un moment difficile", a-t-elle confié mardi, lors des cérémonies organisées rue d'Aubagne, aux côtés de son mari et de sa fille.

3e étage: Simona "Sourire" et "Fausto"

Artiste peintre amateur, Fabien Lavieille, 54 ans, était "Fausto" pour ses amis. Veuf, père d'un garçon de 20 ans étudiant en économie, il vivait entouré d'amis. Dont Simona, sa voisine italienne.

Née à Tarente, dans les Pouilles, diplômée en linguistique parlant français, arabe et wolof, Simona Carpignano, 30 ans, était connue pour ses dreadlocks et sa bonne humeur. D'où son surnom, "Sorriso" (sourire), rappellent ses parents. Présents mardi rue d'Aubagne, ils brandissent la dernière photo de leur fille, le 5 octobre, le jour de l'obtention officielle de son Master Economie sociale et solidaire à la faculté d'Aix-Marseille.

Cette nuit du 4 au 5 novembre, Simona avait accueilli Pape Magatte Niasse, un ami Sénégalais de 26 ans. Arrivé en Europe à bord d'une embarcation de fortune, il était passé par l'Italie. Son corps a été identifié grâce à la bague que lui avait offerte son frère.

5e étage: Marie, artiste voyageuse

Artiste verrière de 55 ans, Marie Blanc avait bourlingué, l'Australie, les Etats-Unis, la Jamaïque: "A 16 ans elle avait quitté la maison, en stop, avec un sac-à-dos et ses disques de reggae", se souvient Paul, son frère. C'est à la télé que la mère de Marie comprend la mort de sa fille: sous le choc elle fait un AVC et s'éteint quatre jours plus tard. "Ma mère est la neuvième victime de la rue d'Aubagne", a insisté Paul, mardi, sur les lieux du drame.

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