Prisons : des négociations sous tension après une nouvelle agression en Corse

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Par AFP - Fleury-Mérogis
Publié le 19 janvier 2018 - 08:34
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Fiche sur la prison de Fleury-Mérogis, la plus grande prison d'Europe
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© Thomas SAINT-CRICQ, Paz PIZARRO, Kun TIAN / AFP
Des incidents ont éclaté vendredi matin entre forces de l'ordre et surveillants pénitentiaires devant la prison de Fleury-Mérogis (Essonne).
© Thomas SAINT-CRICQ, Paz PIZARRO, Kun TIAN / AFP

La ministre de la Justice Nicole Belloubet s'est rendue vendredi en Corse au chevet de deux surveillants blessés par un détenu, puis à la prison de Borgo, théâtre de l'agression qui a de nouveau tendu les négociations autour des questions de sécurité dans les établissements pénitentiaires.

Deux gardiens de prison ont été blessés par un détenu signalé pour radicalisation, peut-être aidé par des complices, vendredi matin dans ce centre pénitentiaire de Haute-Corse, alors que se poursuivaient à Paris les négociations entre syndicats et administration pénitentiaire, au quatrième jour de mobilisation nationale des surveillants de prison.

"Les négociations vont durer. L'essentiel est d'arriver à un accord solide", assurait-t-on vendredi en début de soirée à la direction de l'administration pénitentiaire (DAP), notant des situations "extrêmement disparates" selon les régions et les établissements. 81 établissements ont été bloqués vendredi, selon une source à la DAP, avec un impact sur les extractions judiciaires ou les parloirs.

Dans la matinée, des incidents avaient eu lieu à Fleury-Mérogis, contribuant déjà à tendre les discussions: les forces de l'ordre ont chargé et tiré des gaz lacrymogènes sur 150 gardiens qui bloquaient l'accès à la plus grande prison d'Europe (plus de 4.300 détenus).

- "Mesure ultime" -

Le syndicat FO-Pénitentiaire, qui ne participe pas aux négociations avec la Chancellerie, a réagi en appelant "à durcir" les modalités d'action, avec un "dépôt de clés" dans tous les établissements.

Selon l'administration pénitentiaire, ce "dépôt des clés" n'a été effectif qu'à Borgo vendredi, et c'est la gendarmerie qui a assuré l'ordre et la surveillance dans l'établissement, faute de relèves à la mi-journée.

"C'est quelque chose qui n'a pas été fait depuis plus de 20 ans. Le dépôt de clés, c'est la mesure ultime", a commenté auprès de l'AFP Yoann Karar, secrétaire général adjoint de FO pénitentiaire: "Les établissements sont à l'arrêt quand il y a dépôt de clés (...). Quand c'est comme ça, c'est les forces de l'ordre" qui prennent le relais.

Les deux gardiens de Borgo, dont l'un a été plus gravement touché, ont été transférés vers l'hôpital de Bastia où la garde des Sceaux, qui a condamné dans un communiqué une agression "grave" et "intolérable", est arrivée vers 15h45. "Ils sont blessés extrêmement sérieusement", a déclaré Mme Belloubet après sa visite à l'hôpital, jugeant "très choquant et très émouvant" de leur parler.

Elle s'est ensuite rendue à la prison de Borgo où elle s'est entretenue avec les organisations syndicales et le personnel avant d'être sifflée et huée devant l'établissement par une centaine d'agents qui ont refusé de lui parler.

Notant l'"émotion" et la "colère" des personnels, elle s'est engagée à "apporter des réponses" à tous les points soulevés, notamment en matière de sécurité et de gestion des détenus radicalisés.

- Condamné en appel en 2015 -

Elle devait ensuite participer à une réunion à la préfecture de Haute-Corse à Bastia avec des élus locaux.

La section de recherches de la gendarmerie de Bastia a été chargée de l'enquête ouverte pour tentative d'homicide volontaire, a indiqué la procureure de Bastia Caroline Tharot. Les quatre détenus arrêtés ont été placés en garde à vue et sont en cours d'audition et l'un des deux gardiens blessés a pu être entendu, a-t-elle ajouté.

Le second n'a pas encore pu s'exprimer car il doit être opéré samedi.

A ce stade, 15 jours et 45 jours d'Incapacité totale de travail (ITT) leur ont été prescrits, mais ces périodes pourront être révisées, a-t-elle indiqué, précisant que leur pronostic vital n'était pas engagé.

Une "prise en charge psychologique des patients et de leur entourage" est en cours à l'hôpital de Bastia, selon un communiqué de l'établissement.

Selon la DAP, les deux surveillants ont été attaqués par des détenus de droit commun. Le rôle d'éventuels complices de l'auteur principal des faits, signalé pour radicalisation et sur lequel une enquête avait été ouverte par le parquet de Bastia, reste à préciser.

Selon Maxime Coustie, délégué régional UFAP, ce détenu a crié "Allah Akhbar" en agressant par derrière un surveillant seul dans son bureau. Dans ce centre pénitentiaire, les détenus peuvent circuler dans la prison grâce à "une gestion en porte ouverte" des cellules.

Selon une source proche de l'enquête, l'agresseur principal, condamné en appel en novembre 2015 à huit ans de prison pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, s'est ensuite retranché dans sa cellule avec des complices. L'intervention des gendarmes a finalement permis d'interpeller quatre détenus.

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